Le multivers donne des ailes à Spider-Man

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En salles ce mercrediLe multivers donne des ailes à Spider-Man

Avec «Spider-Man: No Way Home», Marvel introduit cette fois-ci largement le principe d’univers parallèles. Suivez le guide, on vous explique tout.

Christophe Pinol
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Christophe Pinol

Nous y voilà maintenant les deux pieds dedans… Si jusqu’ici, Marvel n’avait fait qu’introduire le concept du multivers, notamment à travers quelques séries Disney+, «Spider-Man: No Way Home» (en salles depuis ce mercredi) vient aujourd’hui enfoncer le clou et aborder de manière très concrète le principe au grand écran. À savoir celui d’univers parallèles dans lesquelles différentes versions du même personnage peuvent évoluer simultanément… Autrement dit, la promesse de passionnantes alternatives à la réalité, de voyages d’un monde à un autre, de retrouvailles avec des protagonistes aujourd’hui disparus…

Tenez, prenez Tony Stark: mort dans l’univers que nous connaissons, à la fin d’«Avengers: Endgame», il pourrait très bien toujours être en vie dans une autre dimension; ou être passé du côté obscur de la force; ou encore n’avoir jamais terrassé Thanos… La série «What If…», disponible sur Disney+ depuis quelques mois, se concentre d’ailleurs spécifiquement sur ces folles hypothèses et l’on y apprend justement que Natasha Romanoff, alias Black Widow, est bel et bien vivante dans un univers parallèle.

Un concept… encore flou

Tout cela est d’ailleurs bien connu des amateurs de comics. Mais dans le MCU, le Marvel Cinematic Universe, le multivers n’avait jusqu’ici été introduit que par petites touches: une théorie d’abord évoquée dans «Spider-Man: Far From Home», des indices dans «WandaVision»… Jusqu’à la série «Loki», qui avait officialisé les choses en bonnes et dues formes, non seulement en ressuscitant le Dieu Nordique de la Malice, dans une variante du personnage ayant échappé à la mort dans «Avengers: Infinity War», mais également en mettant en scène une agence dont la mission est justement de mettre de l’ordre dans le flux temporel et d’éviter que des univers parallèles se rejoignent, ou que des personnages passent de l’un à l’autre.

Aujourd’hui, c’est donc à «Spider-Man: No Way Home» que revient la tâche de présenter le concept au grand public, soit d’en expliquer les grandes lignes, ses tenants et aboutissants… Du moins ce qu’on en sait. C’est-à-dire pas grand-chose si l’on en croit le spécialiste en la matière, Doctor Strange: «Le concept nous échappe encore totalement», avoue-t-il au cours du film…

Pour rappel, dans le précédent volet, «Spider-Man: Far From Home», le monte-en-l’air avait vu son identité secrète dévoilée par Mysterio. Désormais, tout le monde sait donc que Peter Parker se cache sous les traits du super-héros. Mais le jeune étudiant goûtant peu au fait de voir sa tête s’afficher sur les façades des buildings new-yorkais, d’autant plus que certains l’accusent de meurtre, il demande à Stephen Strange de lancer un sort permettant au monde entier d’oublier son identité. Mais les choses se passent mal et voilà la stabilité du continuum espace-temps soudainement altérée. Provoquant d’abord, comme les trailers nous l’annonçaient, le retour des méchants iconiques de la saga – le Bouffon vert, Dr. Octopus, l’Homme sable, Electro et le Lézard –, mais surtout – attention aux spoilers… Passez au paragraphe suivant pour les éviter – celle des 2 autres Spider-Man de Sony, celui de la trilogie de Sam Raimi et celui des deux «Amazing» de Marc Webb… Vous êtes largués? Pas grave, on récapitule…

Spider-Man, un parcours compliqué

Il faut reconnaître que le parcours de Spider-Man sur le grand écran est aussi emberlificoté qu’une de ses toiles. Pour des questions de droits, le super-héros est d’abord longtemps resté uniquement affilié à Sony. Il y a ainsi eu une première trilogie avec Tobey Maguire sous le masque du Tisseur, à partir de 2002. Puis un premier reboot, dix ans plus tard, «The Amazing Spider-Man», où Andrew Garfield s’emparait du costume. Mais le second volet n’ayant pas eu le succès escompté, Sony avait préféré arrêter les frais…

Parallèlement, Marvel enchaînait les succès avec toute une flopée de super-héros et lorgnait évidemment du côté de Spidey, cherchant un moyen pour le ramener dans son écurie. Miracle: un accord était finalement trouvé en 2016 et l’Araignée faisait officiellement son entrée au sein du MCU dans «Captain America: Civil War», cette fois sous les traits de Tom Holland, tandis qu’une nouvelle trilogie était lancée…

Et aujourd’hui – re-spoilers, et re-paragraphe suivant pour y couper – ce sont ces 3 versions du même personnage, issus d’univers bien distincts, qui sont rassemblées dans «Spider-Man: No Way Home», comme les rumeurs le laissaient entendre depuis plusieurs mois. La réunion fonctionne d’ailleurs plutôt bien et donne lieu à un 3e acte qui relance enfin le film de John Watts, jusqu’ici noyé sous un humour bon enfant assez lénifiant et des scènes d’action sans surprises. On ne peut s’empêcher d’éprouver un petit pincement au cœur en retrouvant notre Spidey préféré, Tobey Maguire, et il est assez jouissif de voir les trois versions du personnage s’interroger sur les petites choses qui les différencient, comme la façon dont ils produisent leur fluide arachnéen, ou débattre au sujet du pire ennemi qu’ils aient eu à affronter. À ce moment-là, le multivers fonctionne à plein régime et on en comprend bien les règles.

Une arme à double tranchant

L’ennui, avec ce concept, c’est qu’il devient difficile pour le spectateur de se passionner ou de trembler pour le destin de ses personnages favoris, si ceux-ci se révèlent finalement interchangeables ou capables de ressusciter à l’infini. Kevin Feige, patron de Marvel, avouait d’ailleurs au magazine Première être tout à fait conscient de cet aspect à double tranchant. «Il ne faut pas que les gens pensent que n’importe quel personnage est remplaçable et qu’on peut en trouver une nouvelle version en claquant des doigts. On doit utiliser ce concept avec beaucoup de sagesse et de parcimonie. L’idée est que le plaisir du spectateur passe aussi par la découverte des règles et des limites du multivers au cours des prochains films. Le multivers ne peut pas prendre le dessus et tout défaire: ce concept doit rajouter de la dramaturgie, du conflit, de l’émotion et de l’humour».

Reste que ce multivers devrait aussi permettre à Marvel de créer des cohérences et tisser des liens non seulement avec toutes ses productions, mais également à travers les nouvelles licences dont le studio s’est porté acquéreur, comme celles des «X-Men» et des «4 Fantastiques», depuis le rachat de la 20th Century Fox. Ou encore des droits récupérés auprès de Netflix, après l’arrêt des séries «Daredevil», «Luke Cage» ou autre «Jessica Jones». L’un d’eux – on vous laisse découvrir lequel – fait d’ailleurs une apparition surprise dans ce nouveau «Spider-Man», sous les traits de son interprète original.

DC Comics se joint à la fête

Et le phénomène devrait encore prendre de l’ampleur avec le prochain film Marvel, «Doctor Strange in the Multiverse of Madness» (prévu le 4 mai prochain) et dont les premières images sont dévoilées à l’ultime fin du générique de «Spider-Man: No Way Home». Des rumeurs annoncent d’ailleurs déjà les apparitions du Professor X, d’un Iron Man alternatif, de Deadpool, ou encore du retour de Hugh Jackman dans la peau de Wolverine… Sans compter que le grand méchant du prochain «Ant Man», «Ant Man and the Wasp: Quantumania», devrait être le fameux Kang le Conquérant, un personnage capable de voyager à travers le temps et de visiter différentes lignes temporelles… Bref, on n’est pas au bout de nos surprises.

DC Comics l’a d’ailleurs bien compris puisque le studio concurrent va à son tour ouvrir les portes du multivers. Après Batman, Wonder Woman et Aquaman, Flash aura lui aussi droit à son aventure solo (le 2 novembre 2022) où le superhéros véloce devrait être épaulé par deux versions de Batman, celle de la trilogie de Tim Burton, incarné par Michael Keaton, et le dernier en date, campé par Ben Affleck.

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