FamilleBerne refuse d’aider les parents à payer la crèche
Le Conseil fédéral a rejeté l’idée d’introduire une contribution fédérale pour faire diminuer les frais des parents liés à l’accueil extrafamilial pour enfants.
- par
- Christine Talos
Mauvaise nouvelle pour les parents. Le Conseil fédéral refuse de contribuer financièrement aux frais de garde des enfants, fait-il savoir mercredi. Il répond par la négative à une initiative parlementaire de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du National qui demande que Berne prenne en charge jusqu’à 20% des frais d’accueil extrafamilial. Cela dans le cadre de la nouvelle loi qui doit remplacer le programme d’impulsion pour l’encouragement de l’accueil extrafamilial des enfants, qui arrivera à échéance fin 2024.
Berne explique son refus pour une question de principe. Le Conseil fédéral veut bien améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Mais il estime que l’accueil extrafamilial pour enfants relève de la compétence des cantons ainsi que de la responsabilité des employeurs. De plus, la situation financière tendue de la Confédération ne permet pas un engagement supplémentaire. Si Berne s’engageait pour les crèches, il faudrait faire des économies dans d’autres secteurs, explique-t-il en substance.
10% de contribution maximale
Si, néanmoins, le parlement entre en matière sur le projet, certaines conditions doivent être remplies, selon le Conseil fédéral, en particulier une participation financière plus importante de la part des cantons, estime-t-il. Dans ce cas, il serait favorable à une contribution fédérale de 10% au maximum au lieu de 20% des coûts moyens d’une place de crèche.
Le gouvernement veut aussi que les cantons s’impliquent davantage financièrement vu que ce domaine est de leur recours. Il propose un contre-financement réalisé au moyen d’une baisse de la part cantonale à l’impôt fédéral direct de 0,7 point de pourcentage, ce qui générerait des recettes de 200 millions pour la Confédération.
Le National va débattre du projet lors de la session de printemps, qui commence début février.
Le PS déçu et critique
Ce refus fait d’ores et déjà bondir le PS Suisse, qui a lancé en mars une initiative sur les crèches demandant que les parents ne dépensent pas plus de 10% de leurs revenus pour une place en crèche. Le parti souligne que Berne est prêt à ouvrir son porte-monnaie pour les dépenses de l’armée mais «qu’il lésine sur le financement des crèches et les mesures en faveur de l’égalité». Pour la conseillère nationale fribourgeoise Valérie Piller-Carrard, le Conseil fédéral «nie l’air du temps: l’accueil extrafamilial des enfants doit être un service public accessible à tous», estime-t-elle.
Pour la faîtière des travailleurs, Travail.Suisse, l’accueil extrafamilial des enfants relève du service public et il est justifié que la Confédération et les cantons le financent. «Si l’on veut promouvoir la conciliation et combattre la pénurie de main-d’œuvre, il est nécessaire d’investir de l’argent public et de faire baisser les coûts de la crèche à la charge des parents», fait-il savoir.