Mali – Un militaire français tué en pleine montée des tensions

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MaliUn militaire français tué en pleine montée des tensions

Un soldat français a été tué lors d’une attaque au mortier samedi contre le camp de Gao, dans un contexte d’extrême tension entre Paris et Bamako sur fond de déploiement de mercenaires russes.

Des militaires français à Gao, en décembre 2021 (image prétexte).

Des militaires français à Gao, en décembre 2021 (image prétexte).

AFP

Le président Emmanuel Macron, chef des armées, a fait part de sa «très vive émotion» en annonçant dimanche le décès du brigadier Alexandre Martin, du 54ème régiment d’artillerie de Hyères (sud de la France). Il s’agit du 53e militaire français tué au combat au Sahel depuis 2013 et du premier en 2022. Trois l’avaient été l’an dernier, un quatrième soldat étant mort accidentellement.

La force antijihadiste française Barkhane s’étend sur cinq pays du Sahel. De l’ordre de 5000 hommes à l’été 2021, elle devrait être ramenée à entre 3500 et 4000 soldats l’été prochain dans le cadre d’une réorganisation de ses missions.

Le camp de Gao a été la cible peu avant 17h00, heure de Paris (16h00 GMT), de «plusieurs tirs indirects» d’obus de mortiers, partis d’une position située à une distance de «cinq à six kilomètres au nord-est», a indiqué le porte-parole de l’état-major des Armées, le colonel Pascal Ianni, à l’AFP. Le brigadier Martin, grièvement blessé, a «été pris en charge immédiatement par l’antenne chirurgicale sur place mais a succombé à ses blessures», a-t-il précisé.

Neuf autres soldats français ont été «légèrement blessés» mais «leur état n’inspire aucune inquiétude», a précisé l’état-major des Armées dans un communiqué.

Le brigadier Alexandre Martin n’a pas survécu.

Le brigadier Alexandre Martin n’a pas survécu.

AFP

«Neutralisation»

L’armée française a «engagé immédiatement des hélicoptères de recherche et d’attaque pour intercepter et neutraliser les assaillants», a poursuivi le colonel Ianni. Un ou plusieurs assaillants ont été tués, a-t-il laissé entendre, sans plus de détails. Dans l’immédiat, l’attaque n’a pas pu être attribuée. Elle est survenue toutefois dans une zone fréquentée par les jihadistes du GSIM (ou JNIM, nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda).

La ministre des Armées, Florence Parly, «s’incline avec un profond respect devant la mémoire du brigadier Martin, mort pour la France», a annoncé le Ministère dans un communiqué. Le chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, a salué la mémoire du brigadier. «Ses pensées accompagnent sa famille et ses frères d’armes, en particulier ceux blessés au cours de cette opération, et tous leurs proches», a déclaré l’état-major.

Alexandre Martin, âgé de 24 ans, était engagé depuis septembre 2015 dans l’armée de Terre. Après des missions en Guyane, en Martinique et à Djibouti, il participait depuis le 19 octobre à l’opération Barkhane. Il était «en concubinage et sans enfant», a précisé l’armée de Terre dans un communiqué.

Quatre soldats français ont déjà été blessés mardi au Burkina Faso lors de l’explosion d’un engin explosif improvisé (IED) au passage de leur véhicule. La mort du brigadier intervient alors que les relations exécrables entre la junte au pouvoir à Bamako et Paris posent la question du maintien d’une présence française et européenne au Mali, même si l’option d’un retrait est peu évidente, entre campagne présidentielle et présidence française de l’Union européenne.

«Poursuivre la lutte»

Le président Macron «confirme la détermination de la France à poursuivre la lutte contre le terrorisme dans la région, aux côtés de ses partenaires», a d’ailleurs souligné l’Elysée. Ces dernières semaines, les putschistes ont franchi l’une après l’autre les lignes rouges fixées par les pays voisins et les partenaires étrangers du Mali: refus d’organiser des élections à brève échéance en vue de rendre le pouvoir aux civils, et recours au sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner, réputé proche du Kremlin, selon les Occidentaux, ce que dément la junte.

Après avoir averti qu’une arrivée de mercenaires russes serait «incompatible» avec le maintien d’une présence française, la France se dit prête à poursuivre la lutte antijihadiste dans ce pays, mais pas à «n’importe quel prix».

L’Union européenne, qui assure des missions de formation au Mali, et les Européens engagés au côté de la France dans la force Takouba sont aussi sur cette ligne. «Moscou ne parviendra pas, par l’envoi de mercenaires, à inciter l’Occident à se retirer quasi automatiquement partout où la Russie ne veut pas nous voir», a déclaré samedi la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht.

Les Européens agitent par ailleurs la menace de nouvelles sanctions contre la junte, dans la foulée de celles décrétées par la Cédéao le 9 janvier. La France, qui a quitté trois de ses bases au Mali en 2021 pour se recentrer sur celles de Gao et Ménaka, met aussi l’accent désormais sur la nécessité de coopérer avec les pays ouest-africains voisins, victimes également de la contagion des violences, de la Côte d’Ivoire au Bénin.

(AFP)

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