Argentine: Les Argentins manifestent pour «l’urgence alimentaire»

Des manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes vendredi dans diverses villes d’Argentine pour alerter sur l’urgence alimentaire, dans une des mobilisations croissantes contre les mesures du gouvernement ultralibéral de Javier Milei.

À Tucuman (nord-ouest), Mar del Plata (est) ou Cordoba (nord), les médias argentins ont rapporté des mobilisations suivies, mais la plus importante a été celle organisée à Buenos Aires, ou plusieurs milliers de personnes ont manifesté sous un imposant dispositif policier, a constaté l’AFP.

La mobilisation (sur le thème «l’urgence alimentaire ne peut plus attendre») répondait à l’appel de syndicats, petits partis et mouvements sociaux de gauche ou d’extrême gauche, mais pas de la plus grande centrale, la CGT, qui pour sa part annonce pour bientôt une grève générale, qui serait la deuxième en trois mois au pouvoir du président Milei.

Les manifestants protestent contre la refonte prévue de l’aide alimentaire publique aux quelque 38’000 soupes populaires à travers le pays. L’Argentine compte plus de 40% de pauvres selon les derniers chiffres de 2023.

L’administration Milei veut supprimer les «intermédiaires» et «gestionnaires de la pauvreté», visant une myriade d’organisations sociales se livrant selon elle à de «l’extorsion et un négoce multimillionaire» avec l’aide.

À terme, le gouvernement veut instaurer une aide directe aux sites bénéficiaires, mais dans l’intervalle, les manifestants dénoncent la suspension de l’aide, au moment ou l’austérité envoie davantage de familles vers les soupes populaires.

«En à peine plus de deux mois, ce gouvernement a généré une situation de pauvreté critique», a dénoncé vendredi Nahuel Orellana, du petit parti de gauche MST, dans un cortège à Buenos Aires. Le gouvernement nie avoir cessé la livraison d’aide alimentaire et affirme «qu’aucune soupe populaire qui s’est conformée» aux normes et recensée auprès du ministère du Capital Humain n’a vu son aide cesser.

Gares vidées mercredi par une grève des conducteurs, grève dans les hôpitaux jeudi, manifestations vendredi, grève des enseignants prévue lundi jour de rentrée: la température sociale s’élève en Argentine sous l’effet des mesures d’austérité.

Le gouvernement lui revendique un début de redressement des comptes, avec un excédent budgétaire en janvier, et prédit une inflation ramenée à un chiffre au second semestre (20% en janvier).