«Moonfall» au cinéma: con comme la lune

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Critique«Moonfall» au cinéma: con comme la lune

Après «Independence Day», «Le jour d’après» ou «2012», Roland Emmerich sort un nouveau film catastrophe, ce mercredi 9 février. Et se rate totalement.

Laurent Flückiger
par
Laurent Flückiger
Dans «Moonfall», des héros vont monter une mission impossible de dernière minute dans l’espace pour sauver la Terre.

Dans «Moonfall», des héros vont monter une mission impossible de dernière minute dans l’espace pour sauver la Terre.

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Parfois, la lune paraît tellement proche de nous qu’on a l’impression qu’on pourrait la toucher. C’est beau, étourdissant. Dans «Moonfall», le satellite touche réellement la Terre, comme une grosse boule qui vient racler tout ce qui dépasse. Et ça n’a rien de romantique. C’est même une catastrophe.

Roland Emmerich est de retour dans les salles obscures ce mercredi 9 janvier. Par le passé, le réalisateur allemand de 66 ans nous a offert «Independence Day» (1996), sur l’invasion d’extraterrestres venus piller les ressources de la Terre; «Le jour d’après» (2004), sur des dérèglements climatiques extrêmes; ou «2012» (2009), sur le calendrier maya et sa prophétie de fin du monde. Il ne se contente pas de courses-poursuites et d’explosions ici ou là, il détruit tout, avec un penchant particulier pour réduire en cendres la Maison-Blanche. Ce ne sont pas des chefs-d’œuvre, mais on y prend son pied, surtout sur un écran large, et on est même prêt à entendre cette morale récurrente: «Maintenant que la Terre est sauvée, on fera mieux.»

Alors quand ce maître du cinéma grand spectacle annonce il y a cinq ans que son prochain film traitera de la Lune qui sort de son orbite et se précipite sur la Terre, on frissonne: mais où va-t-il chercher tout ça? Réponse: c’est simple, il croise «2012» et «Rencontres du troisième type». D’accord, mais c’est super. On attend donc la bande-annonce avec impatience. Et quand on la découvre, on a la banane. Tout y passe: pluie de météorites, averses de porte-avions, tsunamis, tremblements de terre, le tout sous les yeux effarés de Halle Berry et avec en fond sonore le discours qu’a prononcé John Fitzgerald Kennedy le 12 septembre 1962 pour expliquer que les États-Unis iront sur la Lune. Puissamment efficace.

Un «plouf» au lieu d’un «bam»

C’est peu dire que nous attendions «Moonfall» avec impatience. D’autant plus qu’après presque deux ans de fermetures et de réouvertures de cinémas, voilà le genre de film qui doit nous convaincre qu’un canapé ne remplace décidément pas un fauteuil rouge. Las, quelque chose cloche après les premières minutes. La scène d’ouverture ne décolle pas. On parle bien de celle qui doit tout de suite crocher le spectateur avant qu’il reprenne son souffle en regardant le héros être marginalisé de tous – et en premier par son ado de fils qui fait des courses-poursuites sans permis – avant qu’il soit le seul à pouvoir sauver sa famille et, aussi, l’humanité.

Pour regarder un Emmerich, il faut se mettre en condition: accepter de croire à son histoire coûte que coûte. Ensuite, il n’y a plus qu’à apprécier le spectacle. Il y a malheureusement dans «Moonfall» bien plus d’incohérences que dans les longs-métrages cités plus hauts, des effets spéciaux numériques assez décevants, trop de scènes qui font «plouf» alors qu’elles devraient faire un grand «bam!» Vers la fin, on change petit à petit: tout devient risible et ainsi assez divertissant. On regrette que le même état d’esprit n’ait été possible dès le début. Et quand un chien se sauvera in extremis d’une mort certaine – un classique chez le cinéaste allemand – on pourrait même applaudir. Cette séquence ne viendra jamais. Même ça, Emmerich l’a raté. Pourvu que, pour son prochain film, il soit moins dans la lune.

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