E-sport : «Rien n’empêche qu’une femme soit un jour le meilleur joueur du monde»

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E-sport«Rien n’empêche qu’une femme soit un jour le meilleur joueur du monde»

Alors que les femmes représentent la moitié des joueurs de jeux vidéo, des barrières à l’entrée subsistent dans le secteur «encore très toxique et misogyne» des jeux compétitifs.

Les femmes ne représentent, selon les estimations, que 5 à 10% des concurrents dans l’e-sport.

Les femmes ne représentent, selon les estimations, que 5 à 10% des concurrents dans l’e-sport. 

AFP

Le Major de «Counter-strike», l’une des compétitions les plus prestigieuses de la planète e-sport, débarque à Paris à partir de lundi, mais aucune femme ne figure parmi les 24 équipes qualifiées pour l’événement, en théorie ouvert à tous.

«Un milieu très masculin»

Discipline mixte, l’e-sport, terme qui désigne les compétitions de jeux vidéo, reste un territoire souvent hostile aux femmes. «Ça a toujours été un milieu très masculin et certains vivent mal l’intrusion des femmes dans leur sanctuaire», expliquait récemment à l’AFP Clément Coupart, alias «Rasmelthor», entraîneur sur le jeu «Rocket League».

Alors qu’elles représentent la moitié des joueurs de jeux vidéo selon le dernier baromètre de l’association France Esports, les femmes sont très peu nombreuses à se lancer dans une carrière en e-sport où elles ne représentent, selon les estimations, que 5 à 10% des concurrents. «Kayane», spécialiste des jeux de combat, «Scarlett», joueuse canadienne de «Starcraft II», ou encore «Karma», championne de «Rocket League»... Face aux hommes, seule une poignée de joueuses a réussi à se forger un palmarès au haut niveau.

Insultes et cyberharcèlement 

Pourtant, «aucune prédisposition naturelle empêche qu’une femme soit un jour le meilleur joueur du monde», assure à l’AFP Fabien Devide, le patron de Vitality, le club d’e-sport leader en France. Mais les femmes se heurtent à un certain nombre de «barrières à l’entrée», explique-t-il, citant les préjugés sexistes, les insultes et le cyber-harcèlement dont elles sont victimes et qui en dissuadent plus d’une.

«Il y a un gros travail d’éducation à faire, que ce soit auprès du public ou des acteurs», poursuit-il. «C’est une génération qui s’est construite avec Twitter, Twitch et toutes les dérives qui vont avec. Donc il y a des mentalités à faire changer.» «C’est triste à dire mais l’e-sport est un milieu encore très toxique et misogyne, du coup c’est très difficile de se faire sa place», ajoute Velouria Baty, alias «Viki». «C’est un frein de se faire insulter juste parce que tu es une fille. C’est hyper décourageant.» A 25 ans, cette joueuse d’un autre jeu phare de l’e-sport, «League of Legends», a été nommée en avril dernier capitaine des «French Bees», la première équipe 100% féminine de Vitality.

Ligues féminines 

«L’éducation joue un grand rôle dans le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de filles», poursuit-elle. «Si dans l’éducation de base, on avait inculqué que c’est normal pour une fille de jouer aux jeux vidéo autant qu’un garçon, on n’en serait pas là aujourd’hui.» Alors pour encourager la mixité, de plus en plus d’acteurs du secteur prennent le parti de créer des équipes et des compétitions réservées aux femmes. Une solution paradoxale mais nécessaire, selon beaucoup de joueuses.

Reconnaissant que l’e-sport pouvait être «éprouvant» pour les femmes, l’éditeur de jeux vidéo Riot Games a ainsi créé en 2021 un circuit entièrement féminin sur le jeu de tir «Valorant» et annoncé le lancement cette année d’une compétition 100% féminine sur «League of legends». «On a cette envie de donner aux femmes l’occasion d’avoir des compétitions dédiées dans lesquelles elles pourront se développer», déclare Julie Jeanniot, cheffe d’équipe chez Riot Games France. Car pour toutes celles qui y participent, le but des ligues réservées aux femmes est bien qu’elles finissent par devenir inutiles.

(AFP)

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