États-UnisAgression mise en scène: Jussie Smollett condamné à de la prison ferme
L’acteur américain a écopé de cinq mois de prison ferme, jeudi à Chicago, pour avoir «planifié» une fausse agression raciste et homophobe. Il va faire appel.
L’acteur américain Jussie Smollett a été condamné jeudi à près de cinq mois de prison ferme par un tribunal de Chicago pour avoir mis en scène en janvier 2019 une agression raciste et homophobe dont il se disait victime, qui avait provoqué l’indignation à l’époque aux États-Unis.
Le comédien âgé de 39 ans, afro-américain et homosexuel, avait été reconnu coupable en décembre d’avoir «planifié» cette fausse agression en payant 3500 dollars à deux frères d’origine nigériane, et d’avoir menti plusieurs fois à la police dans ses dépositions.
«Vous recherchiez l’attention, vous vouliez être encore plus célèbre» a déclaré le juge, James Linn, en prononçant la sentence. Il a fustigé un accusé «arrogant, égoïste et narcissique» qui a «prémédité jusqu’à l’extrême» un mensonge qui a finalement eu l’effet inverse. «Vous avez bousillé votre vie» et «vous avez nui aux vraies victimes de crimes racistes», a-t-il expliqué.
Jussie Smollett devra faire les 150 premiers jours de prison et passera au total 30 mois en liberté surveillée. Il doit aussi rembourser 120’106 dollars correspondant à une partie des frais liés à l’enquête de la police de Chicago et payer 25’000 dollars d’amende.
«Je n’ai pas fait ça, je suis innocent», a affirmé Jussie Smollett après l’énoncé de la peine, avant de sortir de la salle d’audience un poing levé. Il devait être incarcéré dès jeudi soir. «Je ne suis pas suicidaire mais si quelque chose m’arrive (en prison), je ne me le serai pas infligé», a-t-il lancé. «Il a été attaqué et il va en prison», a affirmé l’un de ses frères, Jocqui, dénonçant une sentence «inacceptable».
Les avocats et la famille de Jussie Smollett avaient auparavant imploré la clémence du juge Linn et demandé une peine alternative à la prison ferme. Son avocat, Nenye Uche, a évoqué «l’impact négatif (de l’affaire) sur sa carrière, ses finances, sa famille et, plus important, sa réputation». L’avocat a indiqué qu’il ferait appel de la sentence.
«L’attention du public»
Vedette déchue de la série télévisée à succès «Empire», Jussie Smollett a toujours clamé son innocence. Il assure avoir été attaqué en pleine nuit le 29 janvier 2019 dans une rue de Chicago par deux hommes masqués, affirmant être des partisans du président Donald Trump. Ils l’auraient frappé en proférant des insultes racistes et homophobes et lui auraient mis un nœud coulant autour du cou.
Selon ses avocats, Jussie Smollett a été agressé par Abimbola et Olabinjo Osundairo, deux frères rencontrés sur le tournage d’«Empire», qui étaient motivés par l’argent et dont l’un était homophobe. Mais pour l’accusation, l’acteur a manigancé l’attaque pour faire avancer sa carrière en tirant profit de sa notoriété.
Jussie Smollett «a fait le choix de mettre en scène un crime raciste pour son propre bénéfice car il est noir et gay», a affirmé jeudi le procureur Dan Webb. «Et il a fait le choix de faire une fausse déposition à la police de Chicago car il voulait l’attention du public», a-t-il ajouté, soulignant qu’il n’avait «pas fait acte de contrition» et ne s’était pas «excusé».
Abimbola Osundairo, un boxeur amateur à la stature imposante, avait raconté lors du procès que l’acteur «voulait que je le frappe (…) mais pas trop fort». Olabinjo Osundairo avait pour sa part détaillé comment l’acteur lui aurait dit quelles insultes proférer.
L’affaire avait provoqué un choc dans un pays encore fortement marqué par les discriminations raciales et sexuelles. L’acteur avait immédiatement reçu le soutien de nombreuses personnalités du monde politique et culturel.
Mais les images de télésurveillance, l’examen des données téléphoniques des trois hommes et de vidéos avaient rapidement semé le doute chez les enquêteurs qui avaient conclu à une mise en scène. Le chef de la police de Chicago de l’époque, Eddie Johnson, avait accusé Jussie Smollett d’avoir «exploité la douleur et la colère issues du racisme».