Montreux Jazz Festival: un Bob Dylan réglé comme un coucou suisse au Stravinski

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Montreux Jazz FestivalUn Bob Dylan réglé comme un coucou suisse au Stravinski

Le songwriter américain a débuté et terminé son concert à la seconde près, samedi soir, devant un parterre conquis mais privé d’écrans et de téléphones. Récit.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger
Rare photo de Bob Dylan en concert, en 2012. Comme toutes ces dernières années, il n’a pas accepté de photos samedi à Montreux.

Rare photo de Bob Dylan en concert, en 2012. Comme toutes ces dernières années, il n’a pas accepté de photos samedi à Montreux.

AFP

La première soirée d’exception de la 57e édition du Montreux Jazz Festival s’est déroulée samedi 1er juillet, avec Bob Dylan réservé à 1500 personnes qui avaient déboursé (rapidement) 365 francs pour un siège. Un début de concert à 20 h 30 très précisément et une fin qui n’a pas dépassé l’horaire prévu: 22 h 15. Pas une minute de plus, pas moins non plus. Auparavant, les spectateurs ont dû ranger leur téléphone dans une pochette sous scellés. Ordre du songwriter américain, 82 ans, qui a refusé également les écrans et les photographes – tant pis pour les archives du festival! Les demandes de l’artistes sont si radicales qu’un de nos voisins de siège a été prié de ranger sa paire de jumelles. Celle-ci pouvant soit-disant gêner Monsieur Dylan.

Les lumières du Stravinski s’éteignent. Bob Dylan arrive accompagné de ses cinq musiciens et s’assied derrière un piano, une place qu’il ne quittera pas. En fond de scène, les rideaux sont tirés, des spots jaunes font tout juste scintiller le costume sombre du roi du folk (sans chapeau). En 17 morceaux, il jouera surtout des morceaux des années 70 et de son dernier album, «Rough and Rowdy Ways».

«Well, oooh, thank you»

Après un début aux instruments criards («Watching The River Flow» et «Most Likely You Go Your Way (and I’ll Go Mine)»), Bob Dylan se lève pour lire ses partitions, il déclame bien plus qu’il ne chante, marmonne parfois, et c’est sur «When I Paint My Masterpiece», au violon et à la contrebasse, qu’on se laisse emporter par le blues. C’est presque un déclic pour le songwriter qui lâche un «Well, oooh, thank you» qu’il répètera de rares fois durant la soirée. Une quinzaine de minutes plus tard, «I’ll Be Your Baby Tonight» donnera de nouveau de la vigueur à un public jusqu’ici attentif mais qui commence à avoir des fourmis dans les jambes, à mi-chemin du concert. Las, il lâche après un récent «Crossing the Rubicon» dans un anglais incompréhensible.

Pourtant, Bob Dylan commence à donner de la voix, il chante désormais sur la plupart des refrains, réjouit les spectateurs sur «Not Fade Away». Enfin, sur «Every Grain of Sand», il prend l’harmonica pour la première fois. Puis, il vient en devant de scène, son costume scintille. Mais pas de dernier morceau face au public. Il prend la pause, une main sur la hanche. Alors que le public se lève pour l’applaudir, l’artiste sort rapidement avec ses musiciens. Les lumières de la salle s’allument. Bob Dylan a fait du Dylan, passant d’abord pour un ronchon. Mais, au final, c’était plutôt un bon show.

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