FranceAbayas, pénurie de profs: rentrée sous tension pour les Français
Douze millions d’élèves ont repris le chemin de l’école, pour une rentrée sous le signe des pénuries d’enseignants. Un sujet toutefois éclipsé par le débat sur l’interdiction de l’abaya.
«Je croise les doigts pour que ma fille ait moins d’absences de son enseignante que l’an dernier. Ça a été un enfer qu’on ne veut pas revivre», soupire Marie, 42 ans. Sa fille entre en CM1 (ndlr: 6e année) dans une école de Seine-Saint-Denis. Comme elle, 6,4 millions d’écoliers, 3,4 millions de collégiens et 2,2 millions de lycéens ont fait leur retour en classe, pour la première rentrée du nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal.
Du prix d’achat des fournitures scolaires au poids du cartable qu’il souhaite voir divisé par deux, Attal a multiplié les annonces avec la volonté de s’emparer de sujets «concrets». C’est cependant l’interdiction controversée de l’abaya, longue robe traditionnelle couvrant le corps portée par certaines élèves musulmanes, qui a dominé ses annonces pour la rentrée.
«Juste une polémique»
«Il y a 513 établissements que nous avons identifiés comme potentiellement concernés par cette question-là à la rentrée scolaire», a indiqué M. Attal lundi sur RTL, affirmant que «des personnels formés sur les questions de laïcité» ont été «positionnés» dans ces établissements. «On ne peut pas tergiverser avec la laïcité à l’école», a-t-il martelé. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a, lui, adressé un message aux forces de l’ordre pour souligner «le caractère sensible que revêt cette rentrée» sur les atteintes à la laïcité en milieu scolaire.
Si les chefs d’établissements ont salué l’interdiction, de nombreux enseignants jugent que la question de l’abaya ne devait pas cacher les problématiques réelles du terrain. La rentrée se déroule, en effet, à nouveau sous tension en raison d’une crise du recrutement des enseignants. Cette année, plus de 3100 postes n’ont pas été pourvus. «L’abaya, c’est juste une polémique», estime Fati Eski, une mère d’élève portant le voile, devant le collège Martha Desrumaux à Lille. «Je pense qu’il y a des problèmes plus importants, comme le manque de profs et le harcèlement scolaire».
«On est à moitié rassurés»
Emmanuel Macron a réaffirmé vendredi que la promesse d’«un professeur devant chaque classe» à la rentrée serait «tenue». Il compte pour cela notamment sur le «pacte enseignant», qui doit permettre aux professeurs d’effectuer de nouvelles missions, dont des remplacements de courte durée en collège et lycée, en échange de nouvelles rémunérations.
Mais les parents sont plus sceptiques. «On est à moitié rassurés. On attend les preuves», affirme un couple venu accompagner son fils pour sa rentrée dans la banlieue de Lille. Pour le Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées), c’est clair, «il n’y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée». Ce syndicat, qui a lancé un appel à témoignages d’enseignants sous le hashtag #LaRentréeEnVrai, juge les premiers retours «édifiants», et l’effort face à la pénurie d’enseignants est «notoirement insuffisant».