ARNAQUES TELEPHONIQUES«Toute demande d'argent d'une autorité par téléphone est une escroquerie»
Les seniors sont la cible favorite de criminels qui se font passer notamment pour des policiers afin de leur voler de l’argent et des objets de valeur. Cela par des méthodes toujours plus sophistiquées.
Trudi, une retraitée argovienne de 73 ans qui témoigne dans la SonntagsZeitung du jour, a été plus maligne que les malfrats qui l’ont invitée par téléphone à remettre son argent et ses bijoux à un policier. Cela sous prétexte que des Roumains séviraient dans son quartier pour dépouiller les habitants. Faisant attendre l’escroc au téléphone tout en appelant la police sur un autre appareil, la septuagénaire a eu le bon réflexe. Les «vrais» policiers ont ainsi pu arrêter l’homme venu devant sa maison pour emporter son potentiel butin.
Mais nombreuses sont les victimes de tels malfrats. Ceux-ci ont ainsi déjà remporté plusieurs millions de francs de butin au cours des six premiers mois de 2023 dans trois cantons suisses, révèlent des recherches du journal dominical. Dans le canton d’Argovie, les criminels ont soutiré 1,3 million de francs déjà au cours des six derniers mois. Soit autant que sur l'ensemble de l'année dernière. La situation est identique dans le canton de Berne, avec près de 1,2 million de francs perdus par des seniors victimes d'escroqueries téléphoniques au premier semestre. Et à Zurich, rien qu'au premier trimestre, ce sont 1,3 million de francs qui ont été volés de la sorte.
Honte de s’être «fait avoir»
Comme l’indique le journal dominical, les sommes réelles qu’ont encaissé les escrocs sont sans doute bien plus importantes encore. Cela principalement parce que de nombreuses victimes ne dénoncent pas ces escroqueries à la police, ou le font beaucoup trop tard, par honte de s’être «faites avoir».
«Tant que les malfaiteurs auront autant de succès, ils ne cesseront pas d'appeler ménage après ménage, voire des rues entières à la seconde», déclare Corina Winkler, responsable de la communication de la police cantonale argovienne. Les groupes de délinquants ont toujours une longueur d’avance et leurs modes opératoires sont toujours plus sophistiqués: «On peut supposer que nous n'en sommes qu'au début avec les voix générées numériquement et l'utilisation de l'intelligence artificielle», note Corina Winkler. Reste une chose immuable: «Toute demande d'argent d'une autorité par téléphone est une escroquerie», met-elle en garde.
Elisabeth, Maria ou Ursula, principales victimes
Les traces des faux policiers mènent souvent en Turquie, indique la SonntagsZeitung. C’est dans ce pays que sont gérés des centres d'appels spécialement créés à cette fin, et dont les appelants parlent parfaitement le bon allemand, voire parfois le suisse allemand.
Les malfrats appellent systématiquement des personnes, majoritairement des femmes, aux prénoms à consonance ancienne qu’ils trouvent dans l'annuaire téléphonique: Elisabeth, Maria et Ursula sont les trois prénoms les plus fréquents, selon une évaluation du Tages-Anzeiger.