Guerre en Ukraine: «Les Russes ont leur pays, qu’ils y restent»

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Guerre en Ukraine«Les Russes ont leur pays, qu’ils y restent»

Le long de la frontière russo-ukrainienne rétablie, près de Kharkiv, les soldats de Kiev restent très attentifs. Pour contrer les tentatives d’infiltration, des caméras de surveillance ont même été installées.

L’index du commandant ukrainien montre nonchalamment le poteau électrique et une ligne d’arbres à environ un kilomètre. «La colline verte, là, c’est la Russie», explique celui qui a participé à repousser de leur côté de la frontière les troupes russes, en septembre dernier. En face de lui, un pont, ouvert en son milieu et plongé dans la rivière Donets, la forêt puis la grande ville russe de Belgorod.

La retraite finale du village frontalier et agricole de Starytsya, le 12 septembre, et le repli des troupes russes de leur côté de la frontière ont marqué l’un des temps forts de la contre-offensive ukrainienne dans le nord-est. À Starytsya, la frontière est si proche que l’opérateur téléphonique s’y méprend, souhaitant dans un SMS «Bienvenue en Russie».

«Chacun chez soi, la Russie a son pays et qu’ils y restent», commente le commandant de la 127e brigade ukrainienne, Roman Grychtchenko, à la tête des 5000 hommes de la «défense territoriale» qui gardent ce secteur libéré, allant de la ville ukrainienne de Kharkiv à la frontière russe, à 30 kilomètres à l’est et au nord.

Les drones, principale crainte

Cette frontière moderne entre les deux pays, héritée de la fin de l’Empire russe, en 1917, et rétablie à l’indépendance de l’Ukraine, en 1991, a été l’une des premières à être forcées par les colonnes de chars envoyés via Belgorod, le 24 février. Moins de deux mois après ce tournant de la guerre, la «situation est stabilisée» et la zone «absolument sécurisée», estime le commandant Grychtchenko, qui la patrouille avec un dispositif discret de sécurité. Le danger principal reste «les attaques de drones», plus rarement les frappes d’artillerie et les commandos russes d’infiltration.

La dernière position ukrainienne officielle est enterrée dans une tranchée à l’écart d’une route boueuse, qui mène droit à la Russie. Au-delà, des soldats des forces spéciales et des gardes-frontières opèrent, invisibles. «Vous voyez cette colline-là, derrière à 500 mètres, c’est la frontière. Ma tâche principale, c’est de surveiller la situation autour de notre position, de surveiller des mouvements possibles» dit «Sanches», chargé de couvrir la position en cas d’assaut russe.

Une colonne russe a dû battre en retraite

La sentinelle, qui reste seule le doigt sur la détente, ne vit plus dans la même peur qu’il y a quelques mois. Sous ses bottes, le poste de surveillance numérique, une pièce blindée, chauffée et connectée à internet. Assis face à sa table de travail, «Cheleh», 32 ans, soldat de la 127e brigade, prend la souris qui émet une petite lumière rouge dans le noir et fait défiler, sur son écran partagé en quatre, les vidéos de surveillance en temps réel de la frontière, principalement des images de broussailles et de chemins de terre.

«Pour contrer ces tentatives d’infiltration, des caméras ont été installées, qui nous permettent de contrôler ce territoire de jour comme de nuit.»

«Cheleh», soldat de la 127e brigade

«Ici, nous surveillons notre côté de la frontière et des possibles passages qui pourraient servir pour des infiltrations», explique le soldat. «Pour contrer ces tentatives d’infiltration, des caméras ont été installées, qui nous permettent de contrôler ce territoire de jour comme de nuit, mais aussi depuis notre position sécurisée pendant les bombardements.»

Le matin même, une de ces colonnes, composée de dix soldats russes, s’est déplacée à l’intérieur du territoire ukrainien avant d’être attaquée par un drone de la 127e, qui a lâché sur eux une grenade, les forçant à battre en retraite, selon une vidéo transmise à l’AFP par l’unité de communication de la brigade.

«Avec l’armement qu’on a maintenant, je serais déjà sur la place Rouge»

(AFP)

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