Voile: Alinghi Red Bull reste en embuscade

«Ce sera une journée bien différente» À Djeddah, les six équipes engagées dans les régates préliminaires de la 37e America’s Cup ont offert un spectacle à couper le souffle vendredi. La veille, en ouverture, avec des airs très légers, tout l’enjeu consistait à rester perché sur ses foils pour aller chercher de la vitesse. Peu de stratégie, peu de croisements et finalement peu de rebondissements ont donc ponctué les trois premières manches dominées par Emirates Team New-Zealand (2 victoires) et Luna Rossa Pirelli (1 victoire). Alinghi Red Bull Racing complétant le podium après ces courses en apesanteur.

Vendredi, le changement de paradigme a été brutal. C’est à un véritable rodéo marin que se sont livrées les six équipes engagées. Pendant trois manches furieuses, les AC40, ces fabuleux bateaux volants ne sont jamais descendus en dessous de 30 nœuds en remontant face au vent et en dessous de 40 nœuds au portant. Des vitesses folles que l’on n’atteint même pas (ou alors très rarement) sur le lac avec des bateaux à moteur!

Dans des régates en flotte à couper le souffle, il fallait avoir le cœur bien accroché pour se positionner au bon endroit au bon moment. Dans ces conditions idéales, les équipes ont pu démontrer leur maîtrise technique autant que tactique.

Le tout jeune équipage de Luna Rossa a bluffé tout le monde en allant encore gratter une des manches du jour au nez et à la barbe de Team New Zealand (victorieux une fois encore de 2 courses). Alinghi Red Bull Racing a connu le même type de journée que la veille avec une mise en route timide ponctuée par un départ raté et sanctionnée au final par une 5e place décevante. Mais Arnaud Psarofaghis, Bryan Mettraux, Maxime Bachelin et Yves Detrey ont ensuite monté le curseur en terminant deux fois 3e. Un rang qui est aussi le leur au classement général après six manches.

Samedi, la porte à une qualification pour le match-race (duel) final restera entrouverte. Mais le Team Suisse est presque condamné à un sans-faute lors des deux dernières courses qualificatives. Il faudra gagner et compter sur une contre-performance de Luna Rossa ou Team New Zealand pour se hisser dans le top 2.

Vendredi, Alinghi a été en mesure de décrocher sa première victoire lors de la manche 6. En tête pendant les trois quarts parcours, l’AC40 suisse s’est retrouvé coincé entre deux adversaires au passage de la porte sous le vent. Une situation à la limite du règlement qui lui a fait perdre la tête mais pas le sourire.

Depuis deux jours, Alinghi Red Bull Racing a prouvé qu’avec ses marins suisses, il régatait en regardant davantage vers le haut que le bas du classement. Le team de la SNG laisse derrière lui des cadors de la voile mondiale comme Ben Ainslie (Ineos Team GB) ou Tom Slingsby (NYYC American Magic). C’est peut-être là le principal enseignement de ces régates préliminaires passionnantes.