Prix Nobel de la paixUn Biélorusse et deux ONG russe et ukrainienne primés
Ce vendredi, le prix Nobel de la paix a été attribué, à Oslo, à trois lauréats: le Biélorusse Ales Bialiatski, l’ONG russe Memorial et au Centre pour les libertés civiles ukrainien.
Dans un choix hautement symbolique en faveur de la «coexistence pacifique», le Nobel de la paix a couronné, vendredi, un trio de «champions des droits humains» en Ukraine, en Russie et en Biélorussie, trois des principaux acteurs d’un conflit ukrainien entaché d’atrocités.
Le prix Nobel de la paix a récompensé, vendredi, le militant biélorusse emprisonné Ales Bialiatski, l’ONG russe Memorial – frappée par un ordre de dissolution des autorités russes – et le Centre ukrainien pour les libertés civiles, qui s’emploie à documenter les «crimes de guerre russes» dans le conflit en cours.
Avec ce trio de représentants des sociétés civiles en Europe de l’Est, «le comité Nobel norvégien souhaite honorer trois champions remarquables des droits humains, de la démocratie et de la coexistence pacifique dans les trois pays voisins que sont la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine», a déclaré sa présidente, Berit Reiss-Andersen. Ce faisant, le comité a, comme attendu, tenu à marquer le coup face à la guerre en Ukraine qui a plongé l’Europe dans la crise sécuritaire la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale.
«Efforts formidables»
Les lauréats «ont depuis des années promu le droit à critiquer le pouvoir et protéger les droits fondamentaux des citoyens», a-t-elle souligné. «Ils ont accompli des efforts formidables pour documenter des crimes de guerre, des violations des droits humains et l’abus de pouvoir. Ensemble ils démontrent l’importance de la société civile pour la paix et la démocratie.» «Ce prix ne s’adresse pas à Vladimir Poutine, ni pour son anniversaire, ni dans un autre sens, sauf que son gouvernement, comme le gouvernement biélorusse, constitue un gouvernement autoritaire qui réprime les militants des droits humains», a-t-elle fait valoir.
«Les lauréats ont depuis des années promu le droit à critiquer le pouvoir.»
La présidente du comité Nobel norvégien a immédiatement appelé Minsk, à libérer Ales Bialiatski, 60 ans, emprisonné depuis juillet 2021. Le fondateur du Centre de défense des droits de l’homme Viasna («Printemps») avait été de nouveau jeté en prison lors des manifestations massives contre la réélection, jugée frauduleuse par les Occidentaux, du président autoritaire Alexandre Loukachenko, en 2020.
L’épouse d’Ales Beliatski s’est dite submergée par l’«émotion» et «reconnaissante». En exil, la cheffe de file de l’opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, généralement considérée comme le véritable vainqueur du scrutin de 2020, a, elle, salué la reconnaissance d’un «combat pour la liberté».
Fondée par un Nobel de la paix
Fondée en 1989 par un autre Nobel de la paix, Andreï Sakharov, au temps de la perestroïka, l’ONG Memorial s’est, elle, imposée comme un acteur incontournable dans le domaine des droits en Russie, faisant la lumière sur les crimes staliniens, puis les exactions commises en Tchétchénie ou par les paramilitaires russes en Syrie.
Ce prix «n’est pas dirigé contre le président russe, Vladimir Poutine, pour son anniversaire (ce vendredi, ndlr) ou quoi que ce soit d’autre, à l’exception du fait que son gouvernement, comme celui de la Biélorussie, est un gouvernement autoritaire qui s’attaque aux militants des droits humains», a-t-elle également affirmé. En Russie, «la société civile et les défenseurs des droits humains sont réprimés, et c’est ce que nous voulons signifier avec ce prix».
Ils succèdent à deux journalistes
L’an dernier, le Nobel de la paix avait couronné deux champions de la liberté de la presse et de l’information, la journaliste philippine Maria Ressa et son confrère russe Dmitri Mouratov. Le prix, qui consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de dix millions de couronnes norvégiennes (930’000 euros) à partager entre les lauréats, sera remis le 10 décembre, à Oslo.
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