Suicide AssistéEx-patron du mythique Studio 54, un Américain a décidé de mourir en Suisse
À 82 ans, Mark Fleischman a organisé son dernier voyage. Il viendra en Suisse dans une semaine.
- par
- Renaud Michiels
Ancien propriétaire du Studio 54, la mythique boîte de nuit new-yorkaise, Mark Fleischman a annoncé sa volonté de finir sa vie en Suisse, avec un suicide assisté. Le décès de l’Américain de 82 ans est planifié. Vendredi prochain, il atterrira à Zurich. Le mercredi suivant, le 13 juillet, il prendra la potion mortelle chez Dignitas.
«Je ne peux pas marcher, mon élocution est foutue et je ne peux rien faire par moi-même», a expliqué Mark Fleischman au «New York Post», cloué dans un fauteuil roulant. «Ma femme m’aide à me mettre au lit et je ne peux ni m’habiller ni même mettre mes chaussures.»
L’octogénaire raconte être atteint par une maladie que les neurologues n’ont jamais été en mesure de diagnostiquer. Elle a débuté en 2016, avec une perte soudaine de mobilité de sa jambe gauche.
Il y a deux ans, persuadé que sa vie «ne valait plus la peine d’être vécue», l’Américain a tenté d’en finir. «J’ai pris beaucoup de Xanax et j’ai fini à l’hôpital», résume-t-il. Les médecins l’ont sauvé. Depuis, il pense à un suicide assisté. Il dit que c’est désormais une décision mûrement réfléchie.
«C’est une façon digne»
Au départ, son épouse Mimi, avec qui il est marié depuis 27 ans, a essayé de le dissuader. Mais elle respecte désormais son choix. «Ça va être horrible», lâche-t-elle dans le quotidien américain. «Mais je dois honorer ce qu’il veut, même s’il ne me donne pas le choix. Il veut mettre fin à ses jours et c’est une façon digne de le faire.» Mark Fleischman a également une fille, d’une précédente union. Elle n’a pas souhaité s’exprimer mais elle le soutient, est-il précisé.
L’Américain raconte avoir suivi toute la procédure demandée par Dignitas. Il a fourni un dossier médical, a dit plusieurs fois sa volonté de mourir et que c’était bien sa propre décision. Et a eu un examen avec un psychiatre qui l’a déclaré sain d’esprit.
Mark Fleischman a ensuite détaillé ce qui est prévu lors son dernier voyage, accompagné de son épouse. «Je prends l’avion le 8 juillet et on fait la mort le 13», a-t-il déclaré. «Comme je ne suis jamais allé à Zurich, peut-être ferons-nous un peu de tourisme. Puis, mercredi, je me retrouve dans l’appartement de Dignitas. Je prends un verre, je m’endors et c’est tout.» Et de conclure: «Ensuite ils s’occupent du corps. Ils vont m’incinérer et envoyer les cendres en Californie. Le tout coûte environ 15 000 dollars.»
Fêtes, stars, alcool, drogues
L’Américain se décrit comme une «semi-célébrité» pour avoir été le patron du Studio 54, la mythique boîte de nuit de Broadway, à New York. Considérée comme «la plus grande boîte de nuit de tous les temps», elle était à son apogée à la fin des années septante, attirant d’innombrables stars.
Mark Fleischman, lui, l’a rachetée en 1981, quand ses deux fondateurs ont fini en prison pour évasion fiscale. Il l’a dirigée durant cinq ans.
L’homme dit avoir beaucoup fait la fête. Avec Ron Wood, Keith Richards, Rick James, John Belushi, Robin Williams, Andy Warhol, Calvin Klein, Liza Minelli ou Cher, liste le «New York Post».
L’Américain raconte avoir à cette période également consommé énormément d’alcool comme de stupéfiant. «Peut-être que mon état de santé est dû au fait que j’ai beaucoup bu et pris de la drogue. Mais je ne regrette aucune partie de ma vie», commente-t-il.
Une vie bien remplie
Il pense en fait que l’existence qu’il a eue rend sa situation actuelle encore plus insupportable. «Si je n’avais pas vécu comme je l’ai fait et que je m’étais autant amusé, ce serait peut-être différent. J’ai tout fait, j’ai été partout et j’ai rencontré tous ceux que je voulais rencontrer. Mais maintenant, je suis comme un légume.»
L’Américain qui réside actuellement en Californie pense que sa fin, avec un suicide assisté, sera «douce». «Il peut encore changer d’avis. Mais je ne pense pas qu’il le fera», note sa femme Mimi.
Mark Fleischman se montre en tout cas décidé. «Je prends un vol direct pour Zurich depuis Los Angeles. Il n’y aura pas de dernière fête.»