Guerre en Ukraine : Lambeaux de chair et corps démembrés après le carnage à Groza 

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Guerre en UkraineLambeaux de chair et corps démembrés après le carnage à Groza

La localité ukrainienne de Groza s’est réveillée k-o après l’attaque par un missile balistique russe qui a fait 51 morts et 6 blessés, jeudi. 

Étalés sur l’herbe, en face d’un café en ruines, des corps noircis, démembrés ou décapités, témoignent du carnage causé jeudi par la frappe d’un missile russe sur le village ukrainien de Groza. À la tombée de la nuit, six heures après la chute du projectile meurtrier, des policiers et des militaires numérotent les corps non identifiables pour les placer dans des sacs mortuaires blancs.

Une vingtaine de ces sacs sont ensuite embarqués par des militaires dans un camion de l’armée afin d’être transportés dans la grande ville de Kharkiv. Le visage figé par la douleur, Serguiï est accroupi immobile à côté de l’enveloppe en plastique blanc d’une dépouille, encore à même le sol. Sa main droite est posée sur sa partie haute. Sa femme Svetlana était «cuisinière» pour une cérémonie funéraire qui se tenait dans le café pris pour cible.

Un homme au-dessus du cadavre de sa femme tuée dans une frappe russe à Groza, le 5 octobre 2023.

Un homme au-dessus du cadavre de sa femme tuée dans une frappe russe à Groza, le 5 octobre 2023. 

AFP

Elle figure parmi les 51 personnes tuées, dont un enfant, selon le dernier bilan officiel, qui fait aussi état de six blessés. «J’étais à un kilomètre de là» quand c’est arrivé, murmure Serguiï péniblement. Il ne peut en dire plus. Dans les derniers sacs qui sont enlevés, les policiers placent des restes de corps qu’ils avaient regroupés en petits tas dans l’aire de jeux pour enfants, près d’un portique à deux balançoires et d’un toboggan. Du café, il ne reste qu’une partie de trois murs porteurs. Le reste n’est qu’un amas de béton et de ferraille.

Lambeaux

Éclairés par la lumière blanche et crue de projecteurs, des secouristes et pompiers fouillent les gravats avec des pelles. Parfois, ils s’arrêtent pour ramasser un lambeau de chair, et le placent dans un petit sac. En milieu de soirée, une quinzaine de cadavres n’avaient pas encore été identifiés, a précisé à la presse Serguiï Bolvinov, chef du service d’enquête de la police de la région de Kharkiv, présent à Groza.

Les dépouilles convoyées à Kharkiv seront prises en charge par les services de l’identification criminelle, qui feront des recherches par ADN, selon le policier. Au moment de la frappe, Serguiï Pletinka, un soldat de 34 ans en congé, se trouvait chez ses parents qui habitent juste en face du café, de l’autre côté de la route qui traverse le village. «J’ai couru et je suis arrivé le premier sur place. J’ai vu de la fumée et des flammes. Et j’ai entendu une femme crier. Elle était coincée sous un réfrigérateur et un mur effondré», raconte-t-il.

«Des personnes mortes gisaient autour d’elle. Avec un autre homme, nous avons évacué d’autres blessés», ajoute-t-il. Selon lui, la famille et des proches d’un soldat tué participaient à une cérémonie funéraire dans le café, situé devant un local médical. Originaire de Groza, ce militaire avait été tué un mois après l’invasion russe, puis enterré à Dnipro (sud), car à l’époque son village était sous occupation. Jeudi dans la matinée, il avait été enterré à nouveau dans la localité.

Missile balistique

Selon des informations préliminaires, le bombardement a été réalisé avec un missile balistique Iskander, a indiqué le ministère ukrainien de l’Intérieur. Concernant les causes de la frappe, «nous travaillons sur plusieurs versions», a indiqué à l’AFP le policier chef d’enquête Serguiï Bolvinov. «L’une d’elles est que quelqu’un aurait pu donner les coordonnées (du café) aux Russes. Notre travail est de trouver si une personne a pu donner ces coordonnées en sachant qu’il y avait un rassemblement à ce moment», a-t-il ajouté.

Situé à 35 km à l’ouest de la ligne de front, Groza comptait quelque 500 habitants avant la guerre, dont environ 330 y vivent encore. Comme une partie de la région de Kharkiv, il a été occupé aux premiers jours de l’invasion russe en février 2022, jusqu’au début septembre de la même année. «Il y a encore beaucoup de gens dans le village qui seraient contents si les Russes revenaient», déclare à l’AFP Vassyl Pletinka, 63 ans, le père du soldat Serguiï. 

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(AFP)

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