Procès du 13-Novembre: La défense d’Ali El Haddad Asufi demande son acquittement

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Procès du 13-NovembreLa défense d’Ali El Haddad Asufi demande son acquittement

«Si on retire les armes, qu’est-ce qui fait encore le lien entre l’accusé et les attentats?», a interrogé l’avocat du Belgo-Marocain vendredi.

Parmi les «seconds couteaux», Ali El Haddad Asufi est celui contre lequel le Pnat a requis la plus lourde peine.

Parmi les «seconds couteaux», Ali El Haddad Asufi est celui contre lequel le Pnat a requis la plus lourde peine. 

AFP

L’accusé Ali El Haddad Asufi mérite-t-il d’être dans le box des accusés au procès des attentats du 13-Novembre ? L’accusation qui a réclamé 16 ans de réclusion à son encontre n’en doute pas mais pour ses avocats, il est «innocent» et mérite d’être acquitté.

Le délicat volet «armes»

Soupçonné d’avoir recherché des armes aux Pays-Bas, Ali El Haddad Asufi n’a jamais cessé de répéter qu’il s’est rendu à Rotterdam (Pays-Bas) pour se procurer de la drogue et pas des kalachnikovs. «Les armes, c’est la chose la plus palpable et en réalité la seule chose qui aurait pu rattacher Ali El Haddad Asufi aux attentats du 13-Novembre», a souligné vendredi devant la cour d’assises spéciale Me Martin Méchin, l’un des avocats du Belgo-Marocain de 37 ans. «Si on retire les armes, qu’est-ce qui fait encore le lien» entre Ali El Haddad Asufi et les attentats, a interrogé l’avocat.

Le volet «armes» est l’un des plus faibles de l’accusation. L’enquête n’a pas pu déterminer la provenance des six kalachnikovs utilisées par les assaillants du 13-Novembre pour semer la mort au Bataclan et sur les terrasses parisiennes. «Pourtant, a souligné Me Jonathan De Taye, autre avocat d’Ali El Haddad Asufi, c’est à cause du volet sur les armes» que son client est jugé. Lors des débats, une enquêtrice belge avait cité un article de «Dabiq», l’organe de propagande de l’Etat islamique, affirmant que les armes venaient des Pays-Bas. «Les «Dabiq» je ne les utiliserai pas pour la litière de mon chat et je ne pense pas que vous devriez les utiliser pour décider du sort d’un homme», a soutenu Me De Taye.

«Des chevaux et des zèbres» -

Ali El Haddad Asufi est «un trafiquant de stupéfiants», a rappelé le jeune avocat belge à la barbe rousse flamboyante. «Ali El Haddad Asufi va en Hollande, pays connu pour les stupéfiants, il y rencontre d’autres trafiquants de stupéfiants et on me dit qu’il y va pour des armes», s’étonne faussement Me De Taye. «Je suis Belge, je ne comprends pas tout. Mais quand je me balade dans un parc à Paris, si j’entends des bruits de sabots, je pense à un cheval, on n’est pas dans la brousse. Et bien, le Pnat (Parquet national antiterroriste, ndlr), lui, pense à un zèbre. Il voit des zèbres partout», ironise-t-il provoquant des sourires sauf sur le banc des avocats généraux.

Selon Me Méchin, c’est la proximité de son client avec le logisticien en chef des attentats, Ibrahim El Bakraoui (mort dans les attentats de Bruxelles en mars 2016), un ami d’enfance, qui lui vaut d’être dans le box. «Ibrahim, l’ami d’enfance, le braqueur connu, reconnu, Ibrahim le terroriste qui aura utilisé son ami jusqu’aux attentats et encore après, sans vergogne. Parce que quand on poursuit une cause, on peut tout sacrifier, y compris ses amis», explique l’avocat. Lorsqu’Ibrahim El Bakraoui, sorti de prison pour des actes de banditisme, se rend en Turquie puis en Grèce, en juin et juillet 2015, probablement pour rejoindre la Syrie, Ali El Haddad Asufi l’accompagne à l’aéroport de Bruxelles pour le premier déplacement, puis jusqu’en Grèce.

«Mort de trouille» depuis les réquisitions 

En septembre 2015, l’accusé avait trouvé un studio à Bruxelles pour Ibrahim El Bakraoui. Ce dernier lui avait raconté être recherché «pour un braquage» et qu’il devait «se cacher». En fait, le studio a servi «d’appartement conspiratif» à la cellule qui préparait les attentats. «Que devait voir Ali El Haddad Asufi de la radicalisation d’Ibrahim El Bakraoui qui ne portait pas de barbe, pas de qamis (un vêtement religieux traditionnel, ndlr)», demande Me Menya Arab-Tigrine, autre conseil de l’accusé.

«Ali El Haddad Asufi, vous avez été sacrifié», résume Me Méchin. Son client, «petit mec de Bruxelles», «vendeur de shit», «est mort de trouille» depuis les réquisitions du Pnat, dit-il. «Je ne doute pas que le 29 juin (le jour attendu du verdict, ndlr) vous écrirez une histoire en lettres d’or en acquittant M. El Haddad parce qu’il est innocent», veut croire Me De Taye.

Parmi les «seconds couteaux» qui comparaissent devant la cour d’assises spéciale de Paris, Ali El Haddad Asufi est celui contre lequel le Pnat a requis la plus lourde peine : 16 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Les plaidoiries des avocats de la défense reprennent lundi matin.

(AFP)

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