ÉditorialLoi Covid-19: une douche froide pour les antivax
Le peuple ne s’est pas laissé intimider par la campagne au pas de charge des opposants au nom de la liberté. Mais cette votation laisse un pays fatigué et divisé, alors que la pandémie rebondit et va exiger de nouveaux sacrifices.
- par
- Eric Felley
Une majorité de Suissesses et de Suisses ne s’est pas laissé intimider par la rue et le discours alarmiste contre la loi Covid-19. Non, la démocratie n’est pas en danger et la liberté non plus. Cette majorité est restée zen face à la virulence et à la détermination des sonneurs de cloche et autres troglodytes enragés devant le Palais fédéral. La hauteur de la participation donne encore plus de légitimité à cette décision populaire nette. Mais pas définitive.
Rarement une campagne aura vu une bataille aussi rangée dans la rue et sur les réseaux sociaux. Le thème de la division de la société a effectivement divisé au-delà de ce qu’on pouvait craindre. Mais une majorité de la population estime que le certificat sanitaire n’est pas l’instrument de la discrimination. C’est un outil parmi d’autres pour pouvoir continuer à vivre plus ou moins normalement et engager les gens à se faire vacciner.
La menace orwellienne d’une «surveillance de masse» doublée d’une dictature sanitaire n’a pas fait basculer l’opinion publique. Au contraire, l’opposition à la loi a même baissé et seuls deux cantons de Suisse centrale disent non, alors qu’ils étaient huit au moins de juin. Dans un premier temps, on a senti la déception des référendaires de ne pas avoir réussi à créer la surprise dans le secret de l’urne. Les sondages disaient vrai. Ensuite, ils se sont repris en considérant qu’ils constituaient un socle important de la population dont il faut tenir compte. Et c’est toujours vrai.
Des sacrifices d’ici les Fêtes de fin d’année
Pour le chef de la Santé Alain Berset, ce résultat est sans doute un soulagement, lui qui depuis des semaines, voire des mois, a essuyé les pires attaques du camp des opposants. Aujourd’hui, le peuple lui marque sa confiance, même si cela ne va pas calmer ses adversaires les plus agités. Sur le plan politique, il peut entreprendre la session d‘hiver qui commence lundi avec un peu plus de sérénité. La situation exige de nouvelles mesures et probablement des sacrifices d’ici les Fêtes de fin d’année. Le conseiller fédéral et ses collègues devront cependant continuer de composer avec la fracture apparue dans la population et un affaiblissement notoire de la culture du débat.
En ce dimanche de novembre, la pandémie n’a de loin pas dit son dernier mot. La montée spectaculaire des cas, la pression sur les hôpitaux, l’apparition d’un nouveau variant, la fermeture des frontières et le retour du masque font à nouveau partie de l’actualité. Les milieux antivax ou les réseaux complotistes ne vont pas lâcher un combat qui est devenu viral, c’est le cas de le dire. La pandémie a ouvert une parenthèse dans nos vies et nul ne sait quand elle se refermera.