Proche-Orient«Un consulat américain servant les Palestiniens n’a pas sa place à Jérusalem»
Le budget validé, la question de la réouverture d’un consulat américain pour les Palestiniens a aussitôt ressurgi, en Israël. Mais le gouvernement israélien est contre.
Le budget à peine voté, le gouvernement israélien fait face à un nouveau défi: la promesse de Joe Biden de rouvrir un consulat pour les Palestiniens à Jérusalem, une mesure à laquelle s’oppose l’État hébreu, mais qu’attend l’Autorité palestinienne.
Début septembre, le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid avait dit son opposition à la réouverture du consulat pour les Palestiniens à Jérusalem disant que la Ville sainte «était la capitale d’Israël et d’Israël seulement» et que cette mesure risquait de «déstabiliser» le nouveau gouvernement.
Israël venait alors de se doter d’un gouvernement de coalition hétéroclite ayant mis fin au règne de Benjamin Netanyahu et dont la survie dépendait de sa capacité à faire adopter un budget d’ici au 14 novembre afin d’éviter la dissolution du Parlement et la convocation de nouvelles élections.
Position claire
Le budget adopté vendredi, la question de la réouverture d’un consulat américain pour les Palestiniens a aussitôt ressurgi. «Un consulat américain servant les Palestiniens n’a pas sa place à Jérusalem. Nous exprimons notre position clairement, tranquillement et sans faire de drame», a déclaré samedi soir le Premier ministre israélien Naftali Bennett lors d’une conférence de presse.
«Si (les Américains) veulent ouvrir un consulat à Ramallah (Cisjordanie), nous n’avons aucun problème avec cela», a renchéri à ses côtés le chef de la diplomatie, Yaïr Lapid, une proposition balayée du revers de la main par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
«Les dirigeants palestiniens n’accepteront que la réouverture du consulat américain à Jérusalem-Est, la capitale de l’État de Palestine. L’administration américaine s’est engagée à rouvrir ce consulat, une mesure dont nous avons été officiellement informés, et nous attendons sa mise en œuvre dans un proche avenir», a réagi dimanche la présidence.
Au cours de la dernière année, le président américain Joe Biden s’était engagé à rouvrir le consulat de Jérusalem pour les Palestiniens, fermé par son prédécesseur Donald Trump. Celui-ci avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël au grand dam des Palestiniens qui aspirent, eux, à faire du secteur est de la ville, occupé depuis 1967 par l’État hébreu, la capitale de leur futur État.
Le bon cheval de bataille?
Le consulat pour les Palestiniens était en fait situé à Jérusalem-Ouest, mais était doublé d’un bureau à Jérusalem-Est, où les Palestiniens pouvaient déposer des demandes de visa. Néanmoins, «cette réouverture est très importante car elle est une reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale (d’un futur) État de Palestine. C’est le premier geste que nous attendons des États-Unis pour relancer les relations», a déclaré un haut responsable palestinien à l’AFP, disant espérer une annonce avant la fin de la première année au pouvoir de Joe Biden, en janvier prochain.
La réouverture du consulat est «la seule chose que les Américains ont promis, faisant marche arrière (sur la politique) de Trump (…) mais je ne pense pas qu’ils soient pressés d’aller de l’avant avec cette mesure», estime Daniel Levy, président du US Middle East Project (USMEP), un centre d’analyse spécialisé sur le Moyen-Orient.
«Non seulement l’administration américaine a réduit la priorité de cet enjeu, mais elle ne veut pas de conflit à ce sujet», dit-il à l’AFP. «Alors que les Israéliens ont repris la coopération à un haut niveau avec les Palestiniens, le consulat est-il vraiment l’enjeu sur lequel (les Américains) veulent mener une grande bataille? Et puis quelle est la crédibilité de l’Autorité palestinienne?» ajoute Daniel Levy.
Six ONG palestiniennes «illégales»
L’armée israélienne a signé dimanche une série de décrets rendant «illégales» jusqu’en Cisjordanie occupée six ONG palestiniennes placées récemment sur sa liste des «groupes terroristes», une mesure qui devrait encore compliquer le travail de ces organisations.
Le 22 octobre, le ministère de la Défense avait annoncé avoir placé six ONG palestiniennes, dont certaines œuvrant pour la défense des droits humains et des prisonniers, sur sa liste noire en raison de liens supposés avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe marxiste considéré comme «terroriste» par les États-Unis et l’Union européenne.