Guerre en UkraineBerlin donne son feu vert à des livraisons de chars Leopard
Le chancelier allemand Olaf Scholz a finalement accédé à la demande de Kiev de lui fournir des chars lourds mais dit vouloir «empêcher une escalade» entre la Russie et l’Otan.
L’Allemagne fait le «nécessaire» pour soutenir l’Ukraine en autorisant l’envoi de chars Leopard mais veut empêcher une «escalade» du conflit qui déboucherait sur une guerre entre la Russie et l’Otan, a déclaré mercredi le chancelier allemand Olaf Scholz. «Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l’Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l’Otan», a affirmé le dirigeant allemand qui s’exprimait devant le Bundestag juste après avoir donné son feu vert à la livraison de chars lourds Leopard 2 à Kiev.
Berlin va à la fois envoyer 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et autoriser les alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même. «Un premier pas a été fait», a aussitôt réagi sur Telegram Andriï Iermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne. «Nous avons besoin de beaucoup de Leopard», a-t-il toutefois souligné, réclamant qu’une «coalition» internationale fournisse des chars lourds à son pays.
Coalition
«Cette décision est conforme à notre engagement de soutenir l’Ukraine selon nos possibilités. Nous agissons en étroite collaboration au niveau international», a commenté Olaf Scholz, cité dans un communiqué. Selon Der Spiegel et le quotidien Die Welt notamment, la coalition de nations voulant transférer des Leopard comprend également le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Espagne, en plus de la Pologne et de la Finlande qui l’avaient déjà annoncé publiquement. Les Leopard vont «renforcer la capacité défensive» de l’Ukraine, s’est réjoui Londres après la décision. La France et la Pologne ont également salué le geste de Berlin.
Impact controversé
Selon les observateurs, ces chars, dont Kiev réclame des centaines d’exemplaires, sont susceptibles de donner un avantage aux troupes ukrainiennes face au rouleau compresseur russe sur le front est. «Il ne s’agit pas seulement de cinq, dix ou quinze chars. Le besoin est plus grand», a rappelé mardi le chef de l’Etat Volodymyr Zelensky. Le Kremlin a de son côté réitéré ses menaces en direction des Occidentaux. Ils «surestiment le potentiel que (les chars) pourraient donner à l’armée ukrainienne», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Ces chars vont brûler comme tous les autres», a-t-il ajouté.
«Provocation flagrante» pour Moscou
Lundi, la Pologne avait prévenu qu’elle était prête à exporter ses chars en Ukraine sans attendre l’autorisation de Berlin. Outre les Leopard, l’Ukraine devrait recevoir d’autres chars d’assaut. Le Royaume-Uni a déjà annoncé la livraison à l’Ukraine de 14 chars lourds Challenger 2. Et selon le Wall Street Journal, qui cite des responsables américains, les États-Unis envisagent finalement de livrer à Kiev des chars d’assaut Abrams M1, ce qu’ils refusaient jusqu’à présent de faire, évoquant des problèmes de maintenance et de formation.
«Si les Etats-Unis décident de livrer des chars, il sera impossible de justifier un tel acte par des arguments liés aux “armes défensives”. Il s’agirait d’une nouvelle provocation flagrante à l’encontre de la Fédération de Russie», a averti sur Facebook l’ambassadeur russe à Washington, Anatoly Antonov.