WimbledonCarlos Alcaraz extraordinaire champion de Wimbledon
Le No 1 mondial a réussi l’impensable: battre Novak Djokovic en cinq sets pour s’offrir un deuxième titre du Grand Chelem à seulement 20 ans (1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4).
- par
- Mathieu Aeschmann Londres
Carlos Alcaraz est déjà un géant. À tout juste 20 ans, l’Espagnol vient de réussir un des plus grands exploits du tennis moderne: déboulonner la statue Novak Djokovic – 23 titres du Grand Chelem, invaincu depuis dix ans sur le Centre Court – au bout d’une finale longue de presque cinq heures. Le No 1 mondial a la vie devant lui et déjà un match culte à chérir. Le voilà champion de Wimbledon (1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4).
Un tennis de folie
Combien de fois cette finale jouée dans les bourrasques a-t-elle changé de visage avant de basculer définitivement dans la folie? Au moins deux. Il y eut d’abord l’invraisemblable éclipse de revers vécue par Novak Djokovic au tournant du deuxième et du troisième set. En même pas dix minutes et une poignée de points, le septuple vainqueur aura été trahi par son meilleur coup – sa chapelle Sixtine –, quatre revers qui ne sont jamais sortis de sa raquette: deux à 6-5 pour lui dans le tie-break et deux autres pour offrir le break d’entrée de troisième manche à Alcaraz (7-6, 2-0).
Étouffé dans les fondamentaux (service retour) au fil d’une première manche à sens unique, le No 1 mondial voyait soudain ses efforts doublement récompensés. Non seulement Carlos Alcaraz s’était relancé, mais il venait de prendre une option décisive, basculant à un petit set du graal (6-1). Or c’est précisément à cet instant, au début de la quatrième manche, qu’intervint le second point de bascule.
Dans le deuxième jeu, l’Espagnol remportait le défi physique à l’échange pour s’octroyer deux balles de break. «Novak Djokovic est en train de ressentir le désarroi qu’il a fait subir à tous ses adversaires ces dix dernières années», résumait Todd Woodbridge au micro de la BBC. L’ancien No 1 mondial de double avait raison. Mais puisque le Serbe est différent, il trouva la force d’écarter ces deux balles de break et de s’extraire du piège comme revigoré. Trois jeux plus tard, il chapardait le service adverse de quelques retours bien sentis avant de se retourner pour chauffer les premiers rangs du Centre Court. Après quatre heures d’empoignade, Church Road grondait de plaisir à l’idée de vivre un cinquième set.
Débuts tonitruants dans le cinquième
Les artistes l’attaquèrent pied au plancher. Novak Djokovic sauva une balle de break dès le premier jeu puis en gâcha dans le second (volée liftée de coup droit dans le filet). À quel point cette faute pollua son esprit d’habitude si clairvoyant? On peut se poser la question. Car tout se joua sur le jeu suivant: un Alcaraz conquérant au filet, une glissade fâcheuse du patron et ce break décisif que «Djoko» évacuait en brisant sa raquette sur la base du filet. La suite? Un Carlos Alcaraz porté par la grâce – 18 coups gagnants au 5e set – et étonnement calme au moment d’empoigner son rêve. «Quelle qualité de jeu en fin de match, Carlos, au moment de refermer la partie, admirait un Novak Djokovic très classe. Tu as tout fait juste. Bravo.»
Après une décennie d’hégémonie, Wimbledon possède donc un nouveau patron. Un patron de 20 ans dont la marge de progression brouille les repères et donne le tournis.