États-UnisUn suspect arrêté dans l’enquête sur la fuite de documents secrets
Le jeune homme, employé de la Garde nationale aérienne, a été interpellé sans incident, a affirmé jeudi le ministre américain de la Justice, Merrick Garland.
Un jeune homme de 21 ans a été arrêté jeudi aux États-Unis dans le cadre de l’enquête sur la fuite de documents confidentiels américains, une affaire posant un risque «très grave» pour la sécurité nationale selon le Pentagone. Cette arrestation, filmée en direct par les télévisions américaines, constitue le point culminant d’une semaine d’investigations sur un des dossiers de fuites de documents classifiés parmi les plus importants de ces dix dernières années.
Le suspect, Jack Teixeira, employé de la Garde nationale aérienne, «a été interpellé sans incident» à Dighton, une petite ville rurale au sud de Boston, a précisé le ministre de la Justice Merrick Garland lors d’une conférence de presse. Il pourrait comparaître vendredi devant un tribunal du Massachusetts (nord-est), selon une source au sein du ministère de la Justice.
Télés en boucle
Les télévisions ont diffusé en boucle des images aériennes montrant son arrestation par des agents des forces de sécurité. On pouvait y voir un homme, mains sur la tête et portant un t-shirt gris et un short rouge, reculer lentement vers des forces de sécurité armées et en tenue de camouflage avant d’être interpellé, puis escorté vers un véhicule.
Le président américain Joe Biden, actuellement en visite en Irlande, a été tenu informé de l’arrestation, selon la Maison-Blanche. «Je suis préoccupé que ce soit arrivé», avait-il dit plus tôt.
Le ministère américain de la Justice a ouvert une enquête pénale après la fuite de ces documents en ligne, qui détaillent les points de vue de Washington sur la guerre en Ukraine et semblent indiquer une collecte d’informations sur de proches alliés des États-Unis, notamment Israël et la Corée du Sud.
«OG»
Le «Washington Post» avait rapporté mercredi que la fuite était l’œuvre d’un jeune homme ayant travaillé sur une base militaire, qui a partagé ses informations sur un groupe privé en ligne du réseau social Discord. Sous le pseudonyme «OG», le suspect aurait publié pendant des mois des documents issus de la base militaire où il travaille.
Deux publications sur la page Facebook de la 102e escadre de renseignement de la Garde nationale aérienne du Massachusetts mentionnaient Jack Teixeira, dont une de juillet 2022 qui disait qu’il avait été promu aviateur de première classe. «OG» avait demandé aux autres membres du groupe Discord de ne pas diffuser les documents, assurant qu’il n’avait pas l’intention d’être un lanceur d’alerte, selon le «Washington Post».
Le groupe, composé d’une vingtaine de personnes dont certaines de Russie et d’Ukraine, s’est formé dès 2020 autour de leur passion mutuelle pour les armes à feu, le matériel militaire et la religion. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré que les États-Unis examinaient les «implications» de cette fuite «pour la sécurité nationale».
«Acte criminel délibéré»
Le Pentagone a également décidé de restreindre davantage l’accès à ce type d’informations sensibles, a déclaré Karine Jean-Pierre à la presse, en marge du déplacement de Joe Biden en Irlande. La porte-parole a ajouté que le gouvernement américain souhaitait que les réseaux sociaux «évitent de faciliter» la distribution de tels documents confidentiels, estimant qu’ils avaient «une responsabilité envers leurs utilisateurs et le pays».
Un porte-parole de Discord a affirmé à l’AFP que la sécurité de ses utilisateurs était la priorité de la plateforme, assurant coopérer avec les forces de l’ordre. Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a qualifié jeudi cette fuite d’«acte criminel délibéré». Les documents mis en ligne révèlent notamment les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité d’une contre-offensive ukrainienne contre les forces russes.
Le ministre de la Défense Lloyd Austin a salué jeudi dans un communiqué l’«arrestation rapide» du suspect, ajoutant qu’il avait ordonné un «audit des accès à notre renseignement (…) et des procédures de contrôles au sein du ministère pour mieux orienter nos efforts visant à éviter que ce genre d’incident ne se reproduise».