NeuchâtelL’ancien contrôleur au fort accent compte ses vieux sous
Parti à la retraite, le plus célèbre employé CFF organise une bourse aux monnaies, une passion liée à sa profession.
- par
- Vincent Donzé
Le dernier trajet du plus célèbre contrôleur du pays remonte au 14 avril dernier. Depuis sa retraite, les voyageurs n’entendent plus les annonces mythiques de Jean-Claude von Rotz, pétries d’un accent neuchâtelois à couper au couteau: «Prochain arrêt: Bienne, le train continue pour Lôôzanne avec arrêt à Neuuuuchââtel, restez en santé jusqu’à la prochaine!» Mais si Jean-Claude von Rotz a rangé sa sacoche, son amour du métier est présent partout chez lui, y compris et surtout dans ses collections.
Jeune retraité à 63 ans, après 45 ans de service, Jean-Claude von Rotz n’est pas parti à la cueillette aux champignons. Président de la Société neuchâteloise de numismatique, il organisera le 28 août prochain une bourse aux monnaies à l’Hôtel Beaulac de Neuchâtel.
Bouteille de merlot
Son épouse Christine dit de lui qu’il est «marié aux chemins de fer». Jean-Claude affirme rêver «de moins en moins de train», mais quand il remarque une perturbation, il a une pensée pour ses anciens collègues…
Chez l’ancien chef de train, le rail est partout: sur une bouteille de merlot tessinois étiquetée pour les 100 ans du tunnel ferroviaire du Simplon, sur les verres de vin décorés par un TGV français à destination de Zurich, Berne, Lausanne et Genève… «Quand un tunnel est percé, des médailles d’or, d’argent et de bronze sont éditées», indique le numismate.
Fautes de frappe
Ce qu’il traque dans la monnaie, ce sont les fautes de frappe qui rendent une pièce unique, par exemple quand le métal fait une vague. «Une pièce qui vaut 3 francs peut en valoir 120 si un côté a été frappé à l’envers», indique le collectionneur. Ses pièces, il ne les nettoie pas, mais il les laisse 48 heures sans les toucher pour éliminer les virus: «Les billets sont un plus grand vecteur de maladies», glisse-t-il.
Jean-Claude von Rotz rachète parfois des lots après un décès, mais on fait aussi appel à lui pour des estimations. «On travaille sur une durée de 2500 ans», précise-t-il en consultant les références dans des livres, le web étant parsemé de fausses pièces.
Bataille de Laupen
«Une pièce a toujours deux valeurs: l’une nominale, l’autre étant celle du métal», indique l’ancien chef de train. La tendance n’est pas à la hausse. Ainsi, la pièce commémorative de 5 francs «Bataille de Laupen» a vu sa valeur chuter de 600 francs à 90 francs.
Ses pièces, Jean-Claude von Rotz les soupèse, ici une thune de 1850 qui pèse 24,99 grammes: «C’est l’usure», dit-il pour expliquer le centième manquant. Sa passion, il la partage avec de jeunes étudiants devenus numismates par intérêt pour l’histoire. La relève est assurée.