Jeux olympiques 2030Commentaire: le CIO est un professeur bien sévère
Ni Jeux olympiques d’hiver en 2030, ni ceux de 2034. La Suisse prend des airs de cancre de la classe à qui l’on somme de revoir sa copie.
- par
- Rebecca Garcia
Au moment de présenter leurs devoirs à la classe, les porteurs du projet suisse se tenaient droits et fiers. Des Jeux olympiques d’hiver aux quatre coins d’un pays bercé dans les traditions des sports d’hiver, quoi de plus logique? Malheureusement pour eux, le CIO a préféré d’autres dossiers. En l’occurrence, les Alpes françaises et Salt Lake City sont passés devant une Suisse invitée à réviser sa copie jusqu’en 2027.
Alors comme l’élève frustré de recevoir sa mauvaise note, il convient de jeter un œil aux autres travaux pour comprendre ce qui a fonctionné. Le CIO l’a dit assez clairement lors de sa conférence de presse mercredi soir: l’expérience des athlètes ainsi que le soutien du public et du gouvernement ont fait la différence.
Promettre des fondues sur les sites de compétition ne suffirait pas pour un CIO qui cherche encore le centre névralgique helvétique. Non, lui veut perpétuer le sempiternel esprit olympique. Il souhaite un endroit, une manière de faire vivre aux athlètes la réelle expérience des JO. La décentralisation était une clé pour se reposer sur des infrastructures déjà existantes, elle ne semble pas coller aux attentes des grands patrons de l’olympisme. La durabilité a ses limites.
Le maître de classe s’est également inquiété des potentielles turbulences de la Suisse: attention au risque de référendum qui annihilerait les plans. La démocratie n’est plus une force, elle devient une faiblesse au moment où le CIO veut de l’autorité. Il veut des pays dans lesquels les organisateurs bénéficient du soutien total de chacun. Du président aux maires des plus improbables villes concernées par une épreuve.
Le CIO souhaite aussi s’appuyer sur des nations qui savent organiser des événements. Peut-être le maître de classe oublie-t-il le triste épisode de la finale de la Ligue des champions au Stade de France. Peut-être que tout se présente bien pour Paris 2024, malgré le discours alarmant d’une Anne Hidalgo estimant que les transports ne seront pas prêts à accueillir tous les visiteurs. Peut-être aussi que les gilets jaunes ne servent plus qu’à travailler sur les bords des routes et que les grèves de trains, des éboueurs et autres fonctions indispensables ne représentent absolument aucun risque dans l’organisation d’un tel évènement.
Les JO nouvelle génération promettaient d’ouvrir une ère nouvelle de l’olympisme. Le projet suisse visait à se calquer sur un mode de fonctionnement moderne, mais c’est précisément ce qui lui a coûté des points. La correction est sévère.