Diplomatie - G7 de crise sur l’Afghanistan

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DiplomatieG7 de crise sur l’Afghanistan

Les talibans se sont fermement opposés à tout report du départ des forces américaines en Afghanistan, alors qu’un sommet virtuel du G7 mardi doit faire le point sur les évacuations et envisager des sanctions.

Boris Johnson.

Boris Johnson.

AFP

Les dirigeants de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ainsi que les secrétaires généraux de l’Otan et de l’ONU doivent se retrouver virtuellement mardi dans l’après-midi, pour un sommet convoqué en urgence par Londres, qui préside actuellement le G7.

«Il est essentiel que nous nous réunissions en tant que communauté internationale» pour «convenir d’une approche commune à long terme», a plaidé Boris Johnson dans un communiqué alors que la situation demeure critique à l’aéroport de Kaboul, où sont toujours massés des milliers de candidats au départ dans des conditions terribles. «Avec nos partenaires et alliés, nous continuerons à utiliser tous les leviers humanitaires et diplomatiques pour sauvegarder les droits humains et protéger les acquis des deux dernières décennies» en Afghanistan, a-t-il promis.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est pour sa part déclaré lundi en faveur de l’imposition de «sanctions» contre les talibans. «Les talibans sont déjà reconnus comme étant une entité terroriste au Canada, mais nous allons parler avec nos homologues du G7 pour voir quelles seront les prochaines étapes», a-t-il dit. «Dans notre conversation avec les autres chefs du G7, on va parler de comment on peut en faire encore plus pour aider les gens» en Afghanistan, a-t-il ajouté.

«De plus en plus chaotique»

La situation est «toujours dangereuse» et «de plus en plus chaotique ces dernières heures à et aux abords de l’aéroport» de Kaboul, a admis le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, qui déconseille vivement aux candidats au départ de s’y rendre par leurs propres moyens. Un garde afghan a été tué et trois autres blessés lors d’échanges de tirs lundi matin avec des assaillants non identifiés.

Des milliers de familles terrorisées par le retour des talibans au pouvoir demeurent en outre massées aux portes de l’aéroport où elles supplient les Occidentaux de les évacuer à bord de l’un de leurs avions.

Environ 11’000 personnes ont été évacuées d’Afghanistan via l’aéroport de Kaboul au cours des 12 dernières heures, a annoncé la Maison-Blanche lundi. Cela porte à environ 53’000 le nombre de personnes transférées d’Afghanistan depuis juillet, dont 48’000 depuis l’intensification des évacuations aériennes le 14 août, veille de la prise de Kaboul par les talibans, selon un responsable.

Mais l’heure tourne et la date-butoir du 31 août fixée par le président Joe Biden pour le retrait militaire total d’Afghanistan approche, sans que les talibans se montrent à ce stade disposés à la moindre concession. «C’est une ligne rouge. Le président Biden a annoncé que (les États-Unis) retireraient toutes leurs forces armées le 31 août. Donc s’ils prolongent (leur présence), cela signifie qu’ils prolongent l’occupation», a déclaré leur porte-parole Suhail Shaheen, mettant en garde les Occidentaux contre des «conséquences» dans le cas contraire.

Deux sources au sein du nouveau régime ont dit à l’AFP que les talibans n’annonceraient pas la constitution d’un gouvernement tant qu’il resterait des militaires américains en Afghanistan.

L’Allemagne est en discussion avec les États-Unis, la Turquie et d’autres partenaires afin de garder l’aéroport de Kaboul ouvert pour les évacuations après le 31 août, a indiqué le ministre Heiko Maas. «Nous devrons continuer à discuter avec les talibans, car ils auront bien sûr un rôle particulier à jouer dans le fonctionnement de l’aéroport après le retrait des troupes américaines», a-t-il précisé.

Son homologue français Jean-Yves Le Drian, a jugé «nécessaire» «un délai supplémentaire» pour mener les évacuations.

Un haut responsable taliban, Amir Khan Mutaqi, avait rendu responsables dimanche les États-Unis du chaos à l’aéroport et prévenu que cela ne pourrait durer très longtemps. «Il y a la paix et le calme dans tout le pays, mais il n’y a que le chaos à l’aéroport de Kaboul (…) Cela doit cesser le plus tôt possible», a-t-il averti.

Dans le reste de la capitale, la situation semblait plutôt calme. Des combattants talibans en armes patrouillent dans les rues et sont déployés à des postes de contrôle.

Émirat islamique d’Afghanistan

L’Iran, voisin inquiet des retombées du conflit en Afghanistan, a appelé lundi «toutes les parties» afghanes à négocier en vue de la formation d’un gouvernement «représentatif de la diversité» du pays.

Si aucun gouvernement n’a encore été instauré, les discussions se poursuivant avec des personnalités afghanes pour y inclure d’autres factions, les talibans ont tout de même tenté d’affirmer leur autorité. Ils ont ainsi remplacé sur tous les bâtiments publics le drapeau national tricolore par leur drapeau blanc, orné en noir d’une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d’Afghanistan.

Les islamistes sont entrés le 15 août dans la capitale sans rencontrer de résistance, à l’issue d’une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l’Otan. Mais une poche de résistance s’est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda, et d’Amrullah Saleh, vice-président du gouvernement déchu.

Les talibans ont affirmé lundi avoir encerclé le Panchir, mais privilégier la négociation aux combats. Le porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a dit à l’AFP que le Front se préparait à «un conflit de longue durée» avec les talibans, si aucun compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé.

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