Marges élevées sur le bio: Monsieur Prix abattu face au refus de collaborer des supermarchés

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Marges élevées sur le bioMonsieur Prix abattu face au refus de collaborer des supermarchés

Le surveillant des prix a publié un rapport sur les prix des produits bio. Il se montre critique mais impuissant face à l’attitude des détaillants.

Yannick Weber
par
Yannick Weber
Les Suisses continuent de payer des prix plus élevés pour le bio que dans les pays voisins.

Les Suisses continuent de payer des prix plus élevés pour le bio que dans les pays voisins.

Franziska Rothenbuehler

Un délicat exercice de communication où chaque mot a été pesé: Monsieur Prix a fini par sortir son rapport sur les marges des supermarchés sur les produits bio. Fin décembre, la publication avait été reportée pour des «clarifications juridiques», ce qui avait suggéré des pressions de la part des géants de la distribution, qui n’ont jamais aimé qu’on vienne mettre le nez dans leurs affaires.

Il n’hésite toutefois pas à faire état des bâtons qui ont été mis dans ses roues. Des données lui ont été fournies par les six plus grands détaillants sur les années avant 2022. Puis, il leur a demandé de fournir des compléments pour 2022, afin de pouvoir comparer, «ce que les entreprises ont, pour diverses raisons, refusé de faire», déplore-t-il.

Le rapport a finalement été publié… mais certains passages ont dû être caviardés.

Le rapport a finalement été publié… mais certains passages ont dû être caviardés.

Surveillant des Prix

Refus de solutions à l’amiable

Pour lui, le doute n’est pas permis. De ce qu’il a pu voir en comparant les marges brutes sur des produits agricoles bio comparées à celles sur les mêmes produits non-bio, la marge était plus profitable pour le bio «quatre fois sur cinq», note-t-il, taclant au passage le «manque de coopération» des entreprises.

Monsieur Prix leur a fait une proposition: puisque les consommateurs disent être prêts à acheter du bio si le prix est plus élevé de 10 à 30% par rapport à son équivalent conventionnel, l’idée aurait été de ne pas gonfler les marges sur le bio si le prix du produit est de plus de 20% supérieur à celui du produit non-bio. «Malheureusement, ces entreprises n’ont pas souhaité prendre un tel engagement, qui les aurait contraintes à réduire leurs prix», constate-t-il.

Critiques rejetées

À plusieurs reprises, Coop et Migros ont pris position sur la question en disant que contrairement aux idées reçues, ils ne feraient pas plus de bénéfices sur les produits bio que sur les produits conventionnels. La Commission de la concurrence n’a en outre pas d’informations qui permettraient de conclure à une entente du duo dominant sur les prix pratiqués.

Un parfum d’impuissance

Le Surveillant des prix a l’air abattu. Après son analyse, il ne peut conclure que par des «questions ouvertes» pleines de sous-entendus, à deux doigts d’accuser ouvertement les supermarchés d’entente cartellaire sur les prix. «Faut-il partir du principe que le commerce de détail suisse connaît une situation de domination collective du marché» qui empêche une saine concurrence qui ferait baisser les prix? «La Suisse devrait-elle suivre l’exemple de la Nouvelle-Zélande, et mettre en place un système de régulation?» demande-t-il encore. Mais tout ce qu’il peut faire, c’est de «continuer à suivre le sujet de près». Sans autre pouvoir contraignant.

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