Ski alpin: Commentaire: Hirscher a tout à perdre, pas Odermatt

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Ski alpinCommentaire: Hirscher a tout à perdre, pas Odermatt

Notre journaliste revient sur l’annonce du retour de Marcel Hirscher sur le Cirque blanc et la première réaction de son futur rival, Marco Odermatt.

Jérémy Santallo
par
Jérémy Santallo
Marcel Hirscher, ici à l’automne 2019, a remporté huit globes du classement général de suite.

Marcel Hirscher, ici à l’automne 2019, a remporté huit globes du classement général de suite.

AFP

«J’ai tout à perdre. La question de savoir qui était le meilleur skieur du monde entre Marcel et moi s’est posée sans cesse. Mais maintenant, si je dois être plus lent qu’un homme qui sort de sa retraite, le débat sera clos…»

Maître dans l’art de la communication, désormais aussi doué skis aux pieds que devant les journalistes, Marco Odermatt croît-il vraiment aux sornettes qu’il a lancées à «Blick»? A-t-il prononcé ces mots dans un excès d’humilité ou pour dédramatiser une éventuelle défaite en géant l’hiver prochain? Allez, au pire, c’est son égo qui en prendra juste un coup.

Parce qu’en vrai, dans ce retour qui a laissé la planète ski sur les fesses, c’est Marcel Hirscher qui a tout à perdre. Monstre sacré de son sport, vainqueur à huit reprises (!) du grand Globe décerné au lauréat du général de la Coupe du monde, l’Autrichien revient à la compétition, à 35 ans, après cinq années de retraite, avec en toile de fond, une question: pourquoi maintenant?

Parce qu’il a devant lui un défi surexistant et chevaleresque: aller plus vite qu’Odermatt, le nouveau roi du Cirque blanc, de près de dix ans son cadet, avec des skis Van Deer – Red Bull qui ont déjà gagné – Henrik Kristoffersen – et qu’il a lui-même conçus et développés à l’entraînement, ces dernières années. Il faut bien avouer que s’il réussit son coup, tout le monde criera au génie.

S’il a gagné au niveau marketing, Hirscher prend aussi le risque de sacrément se casser la gueule, sportivement parlant, lui qui n’a plus rien à prouver. Sans doute revient-il parce qu’il sait qu’il en a encore sous le capot et que les chronos sont bons à l’entraînement. Mais il se passe quoi s’il prend deux secondes dans la vue par «Odi», lors du géant d’ouverture à Sölden? On arrête tout?

La mise en danger est totale, la prise de risque maximale. Parce qu’au moment de dire adieu au milieu, Hirscher s’était retiré comme un prince. Avec ce come-back, il risque surtout d’entacher sa légende et l’héritage qu’il a laissés. C’est ça, avoir tout à perdre. N’en déplaise à Odermatt.

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