Opération recentrage pour Lula en vue du second tour

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BrésilOpération recentrage pour Lula en vue du second tour

Au Brésil, pour espérer l’emporter dans un second tour à haute tension face à Jair Bolsonaro, Lula doit séduire l’électorat centriste et renforcer son lien émotionnel avec les classes populaires.

«Il faut qu’on parle moins entre nous et qu’on s’adresse plus aux électeurs, y compris ceux qui semblent ne pas nous apprécier», a déclaré Lula lundi soir.

«Il faut qu’on parle moins entre nous et qu’on s’adresse plus aux électeurs, y compris ceux qui semblent ne pas nous apprécier», a déclaré Lula lundi soir.

AFP

Au Brésil, Lula, l’ex-président de gauche (2003-2010), a devancé, dimanche, son rival, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, au premier tour de la présidentielle(48% contre 43%), mais l’écart s’est révélé bien moins important que ce que lui prédisaient les sondages. Du coup, le compte à rebours a commencé: ce mardi, il ne reste à Lula plus que 26 jours pour convaincre les électeurs de lui confier un troisième mandat. «Il faut qu’on parle moins entre nous et qu’on s’adresse plus aux électeurs, y compris ceux qui semblent ne pas nous apprécier», a déclaré l’ancien métallo lundi soir, après une réunion avec son équipe de campagne à São Paulo.

«Lulinha paz e amor» (le petit Lula paix et amour) est prêt à parler avec tout le monde», a-t-il ajouté, évoquant son surnom lors de sa première élection à la présidence, en 2002, lorsqu’il tentait de séduire l’électorat centriste. Pour le scrutin de cette année, le candidat du Parti des travailleurs s’était déjà voulu rassembleur en nommant candidat à la vice-présidence l’ancien gouverneur de São Paulo Geraldo Alckmin, personnalité emblématique du centre droit qu’il avait battue au second tour, en 2006. Mais il va devoir aller plus loin pour ratisser le plus large possible en vue du vote décisif du 30 octobre.

«Il va devoir faire des concessions»

«La priorité numéro 1, pour Lula, est de ne pas perdre les voix» de ceux qui ont voté pour lui au premier tour, soit 57,2 millions d’électeurs, explique Leandro Gabiati, du cabinet de consultants Dominium. «Certains électeurs qui ne sont pas forcément à gauche ont voté Lula en se disant que c’était le candidat anti-Bolsonaro», mais «si Bolsonaro modère son discours, il peut éventuellement les faire changer d’avis».

Autre priorité: séduire un maximum d’électeurs des deux principaux candidats éliminés au premier tour, Simone Tebet (centre droit, 4%) et Ciro Gomes (centre gauche, 3%). Les abstentionnistes, environ 21% de l’électorat au premier tour représentent aussi un segment convoité. «Il va devoir faire des concessions», car Bolsonaro tentera aussi d’attirer ses électeurs.

Un poste de ministre en récompense?

Mardi, le parti de Ciro Gomes, le PDT, a apporté officiellement son soutien à Lula, avec l’accord du candidat, qui avait pourtant critiqué l’ex-président avec véhémence lors de la campagne. Pour Mayra Goulart, professeure de sciences politiques, le soutien de Simone Tebet, catholique fermement antiavortement, pourrait permettre à Lula d'«attirer des électrices conservatrices» sensibles aux questions sociales.

«Ma décision est déjà prise», a annoncé cette sénatrice de 52 ans, au soir du premier tour, tout en précisant qu’elle devrait consulter son parti, le MDB, avant de faire toute annonce officielle. Cette formation centriste est marquée par de profondes divisions et comporte une forte aile bolsonariste. Mais la préférence de la sénatrice pour le candidat de gauche est un secret de polichinelle.

Elle a joué un rôle prépondérant dans la Commission d’enquête parlementaire qui a accablé le gouvernement Bolsonaro pour sa gestion de la crise du Covid. Et les médias brésiliens ont fait part de négociations pour un éventuel poste de ministre dans un gouvernement Lula.

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(AFP)

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