Ski alpinBeat Feuz est rentré en Suisse en catimini
Le champion olympique de descente n’a pas été accueilli en fanfare à l’aéroport de Zurich-Kloten. Il s’est malgré tout présenté devant une vingtaine de journalistes dans un Lounge VIP. Récit.
- par
- Renaud Tschoumy Zurich
En d’autres circonstances, cela aurait été l’hystérie à l’aéroport de Zurich-Kloten. Les fans de Beat Feuz, champion olympique de descente, seraient accourus en masse avec drapeaux, toupins, tambour, cors des Alpes et tout le toutim.
Rien de tout cela ce mercredi matin. Beat Feuz est bien rentré de Pékin, il a atterri à 8h31, avec une minute de retard sur l’horaire prévu du vol direct Swiss. Mais il n’a pas eu droit au bain de foule qu’il aurait mérité. Covid oblige, il est passé par une porte dérobée et s’est présenté pendant une trentaine de minutes devant une vingtaine de journalistes, dans un Lounge VIP de l’aéroport zurichois.
Pas de supporters, pas de drapeaux, mais une légitime fierté. Face aux micros et aux caméras, Beat Feuz a répété sa grande joie et sa fierté. «Vous me demandez comment le vol s’est passé? Quand on ramène une médaille d’or au pays, un vol retour ne peut qu’être magnifique.»
Ironie du sort – ou pas –, le skieur de Schangnau était assis dans l’appareil aux côtés de Bernhard Russi (champion olympique en 1972 à Sapporo) et de Didier Defago (champion olympique en 2010 à Vancouver). «Bernhard (Russi) a fait remarquer qu’il ne manquait que Pirmin Zurbriggen (champion olympique en 1988 à Calgary) pour avoir les quatre champions olympiques suisses de descente les uns à côté des autres», a souri Beat Feuz.
Le Bernois, qui n’avait plus qu’une idée en tête – rejoindre son amie et leurs deux enfants, avant de se couper du monde pendant quelques jours –, a forcément été questionné sur la place qu’il occupe dans l’histoire de la descente masculine. Maintenant qu’il a tout gagné ou presque, il refuse de se positionner: «Cette médaille d’or est évidemment tout en en haut de mon palmarès. Mais ce n’est pas à moi de m’évaluer. Je te laisse le faire!», a-t-il répondu en rigolant au journaliste qui lui avait posé la question. Avant d’ajouter: «Moi, ce que j’aime faire, c’est skier, et surtout skier le plus vite possible. Le reste, les classements, l’histoire, tout ça, je vous le laisse.»
La retraite? Pas forcément…
Est arrivé, forcément, le moment où la question qui tue a été posée: ne serait-ce pas le bon moment pour prendre sa retraite, à presque 35 ans – il les fêtera vendredi – et avec cet or olympique après lequel il skiait? Bernhard Russi se serait même positionné en faveur de ce choix.
La réponse de Beat Feuz a été cinglante: «Vous me parlez de cela, mais Bernhard ne m’en a pas touché un mot de tout le vol, alors que nous étions assis côte à côte. Alors, bien sûr que j’arrive à un âge où on est en droit de se demander quelle suite on entend donner à sa carrière. Mais ce sera mon choix, ma décision, au terme de ma réflexion. Pour l’instant, je n’en suis pas encore là.»
A Schangnau, la fête aura lieu en avril
Et Beat Feuz a bien l’intention de nous faire rêver jusqu’à la fin de la saison. Il sera de retour début mars pour les épreuves de vitesse de Kvitfjell (Norvège). Et il entend bien encore plus marquer l’histoire en remportant un cinquième globe de cristal de descente consécutif. Pour l’instant, il ne compte que huit points de retard sur le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde.