Faux ongles, pâtes ou influenceurs, taxes tous azimuts au Kenya

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KenyaFaux ongles, pâtes ou influenceurs, Nairobi prépare des taxes tous azimuts

Pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, le gouvernement du Kenya prépare une loi censée lui rapporter près de deux milliards de francs.

Les coiffeuses craignent que les taxes prévues sur divers produits de beauté – perruques, faux cils, faux ongles, etc. – ne dissuadent la clientèle, qui s’est déjà raréfiée ces derniers mois.

Les coiffeuses craignent que les taxes prévues sur divers produits de beauté – perruques, faux cils, faux ongles, etc. – ne dissuadent la clientèle, qui s’est déjà raréfiée ces derniers mois.

AFP

Faux ongles, pâtes, cryptomonnaies, influenceurs… Afin de renflouer les caisses de l’État, le gouvernement kényan prépare une loi instaurant de nouvelles taxes tous azimuts. Le texte, qui doit être débattu prochainement au Parlement, prévoit que cette batterie de nouvelles taxes rapportera 289 milliards de shillings (1,9 milliard de francs) pour abonder le budget de 3600 milliards de shillings (23,5 milliards de francs) prévu pour 2023/2024. Mais il alimente aussi le mécontentement croissant contre le président William Ruto.

Élu l’an dernier, en promettant d’améliorer le sort des «débrouillards» du petit peuple, le chef de l’État fait depuis face aux critiques, notamment après avoir supprimé des subventions coûteuses sur les carburants et la farine de maïs, dont les prix ont augmenté. Il se défend en affirmant ne pas avoir d’autre choix, après avoir hérité d’une économie lourdement endettée par son prédécesseur Uhuru Kenyatta, qui a multiplié les emprunts pour financer des projets d’infrastructure coûteux.

Une montagne de dettes

Dans son salon de beauté, sur un marché de la capitale Nairobi, Rebecca Nyalesa s’inquiète du projet de loi à venir. «Chaque fois que vous allez faire vos courses, vous constatez que les prix ont augmenté. Mais nos revenus n’ont pas augmenté. La vie est très dure.» Elle craint que les taxes prévues sur divers produits de beauté – perruques, faux cils, faux ongles, etc. – ne dissuadent sa clientèle, qui s’est déjà raréfiée ces derniers mois. «Avant, je pouvais tresser six personnes par jour. Maintenant, c’est deux ou trois…»

«Chaque fois que vous allez faire vos courses, vous constatez que les prix ont augmenté.»

Rebecca Nyalesa, coiffeuse

Déjà ébranlée par la pandémie de Covid, l’économie la plus dynamique d’Afrique de l’Est combat aujourd’hui les conséquences de la guerre en Ukraine et de la sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique, qui sont venues alimenter l’inflation (+7,9% sur un an en avril). En mars, la banque centrale a abaissé ses prévisions de croissance pour 2023 à 5,8%, contre 6,1% précédemment. Le Kenya croule également sous une montagne de près de 65 milliards de francs de dettes, qui inquiète les agences de notation.

William Ruto assure prendre les «bonnes décisions» pour redresser l’économie et les finances publiques face aux demandes de réformes du Fonds monétaire international (FMI). Pour l’économiste kényan Reginald Kadzutu, ce projet de loi est tiré du «manuel du FMI». «Lorsque vous êtes proche du défaut de paiement et qu’il vous faut négocier, vous devez prouver que vous avez la capacité à générer suffisamment de revenus. Et le seul moyen est de taxer tout ce qui est possible», explique-t-il.

«C’est comme si on nous avait menés en bateau»

Dénonçant un «tsunami d’impôts», le leader de l’opposition, Raila Odinga, a menacé de faire descendre les Kényans dans la rue. «Nous n’aurons pas d’autre choix que de mobiliser tous les secteurs sociaux et de prendre toutes les mesures politiques nécessaires pour faire cesser ce fardeau», a-t-il déclaré, lui qui a organisé quatre journées d’action, parfois violentes (trois morts), fin mars et début mai, pour dénoncer notamment la hausse du coût de la vie.

Pour Josiah Burudi, coursier moto de 52 ans, William Ruto a renié sa promesse d’améliorer la vie des Kényans ordinaires: «C’est comme si on nous avait menés en bateau. La vie devient de pire en pire.»

Les denrées alimentaires pas épargnées

L’une des dispositions les plus controversées est un prélèvement de 3% sur les salaires de tous les contribuables, pour financer un programme de logement à bas prix. De nombreuses denrées alimentaires, comme le poisson importé, le sucre raffiné localement, les jus en poudre et les pâtes alimentaires produites localement, feront également l’objet de taxes. Le gouvernement prévoit également de doubler (à 16%) la TVA sur la plupart des produits pétroliers. Cette hausse s’ajoutera à celle de 9%, observée cette semaine sur le prix du carburant au détail, après que le gouvernement a supprimé des subventions.

D’autres propositions incluent une taxe de 3% sur le transfert d’actifs numériques, comme les cryptomonnaies, et une augmentation de la taxe sur les jeux de hasard, à près de 20% du montant misé. Le texte n’épargne pas non plus les influenceurs et autres fournisseurs de contenu sur les réseaux sociaux, qui verront leurs revenus soumis à un impôt de 15 pour cent.

(AFP)

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