Travaux stoppésGare de Lausanne: les CFF ont négligé la sécurité des passagers
L’émission «Temps Présent» a mis en lumière jeudi les dessous du fiasco de la modernisation de la gare de Lausanne.
Il est communément avancé que ce sont des questions de stabilité qui sont à l’origine des énormes retards dans la modernisation de la gare de Lausanne. Mais aujourd’hui, il ressort également que des questions plus basiques de sécurité des passagers étaient également dans le collimateur de l’Office fédéral des transports (OFT), qui a demandé de reprendre ce projet, causant un retard de 12 ans sur ce chantier. L’émission «Temps Présent», diffusée jeudi soir, a révélé des manquements graves pour la sécurité des voyageurs.
Rappelons que les travaux prévus à la gare de Lausanne n’ont toujours pas débuté, alors que les CFF avaient annoncé un début des travaux en 2017, qui seraient achevés en 2025. Dorénavant, cette échéance a été repoussée en 2037. Jusqu’ici, les raisons de ce report étaient généralement liées à des problèmes de géologie et de statique, mais «Temps Présent» a pu se procurer des documents qui montrent que les CFF avaient négligé des points concernant la largeur des quais.
Question de largeur
L’étroitesse de la gare de Lausanne ne permet pas de faire des quais «entre 13 et 15 mètres de large», selon le directeur des CFF Vincent Ducrot. Pour Peter Füglistaler, directeur de l’OFT, les quais doivent faire 13,50 mètres de large, mais selon lui: «Si on insistait sur ce point, on ne pourrait pas construire la gare de Lausanne. Nous sommes bien entendu prêts à réduire la largeur des quais, mais il y a une limite à ce que nous pouvons admettre. Si le risque augmente trop, nous ne pouvons pas donner notre autorisation».
«Prendre un risque létal»
Ce qui est en jeu c’est la sécurité des flux de passagers. Selon un document de l’OFT, un des quais prévu pour la future gare allait créer «un danger pour les voyageurs qui attendent de quitter le quai d’être entraînés par le train qui démarre, ceci avec une forte probabilité». Plus loin, l’OFT reproche aux CFF de «prendre un risque létal (pénétration durable des voyageurs du quai surchargé dans la zone de danger, voire chute sur la voie, au moment de l’entrée du deuxième train sur la voie concernée) plutôt qu’un risque d’exploitation (dérèglement de l’horaire). Cette argumentation est insoutenable».
Le directeur des CFF Vincent Ducrot admet que l’analyse des risques faite par les CFF diverge de celle de l’OFT, mais que, «comme c’est l’autorité qui délivre l’autorisation de construire, on va s’améliorer».