FootballDereck Kutesa: «Si je lève la tête et que je vois Jérémy…»
L’ailier de Servette a inscrit un magnifique but mardi face aux Rangers, et oublié un partenaire sur une action qui aurait pu envoyer son équipe en play-off pour la Ligue des champions.
- par
- Florian Vaney
Ça s’appelle la mémoire sélective. Lorsque Dereck Kutesa est arrivé lancé à pleine vitesse en direction de la cage des Rangers, que le 2-0 se trouvait juste au bout de son sprint et que son envoi a finalement buté sur le gardien adverse, une bonne majorité des 26’000 spectateurs du Stade de Genève a pointé un regard accusateur en direction de l’ailier servettien. Oubliant que, quelques minutes plus tôt, le même Dereck Kutesa avait logé une merveille de frappe enroulée dans la lucarne pour faire chavirer l’enceinte.
Le premier but voulait dire que Servette pouvait y croire. Croire à une qualification pour les play-off de Ligue des champions, à une nouvelle soirée aussi fantastique que celle de mardi. Le second aurait fait basculer ces espoirs vers quelque chose de beaucoup plus concret. Dereck Kutesa le sait. Il s’en veut. «Si je lève la tête et que je vois Jérémy…» Jérémy, c’est Jérémy Guillemenot, qui a poursuivi son effort sur soixante mètres pour offrir une solution à son coéquipier. Il lui aurait fallu glisser le ballon sur sa droite. Juste ça. Et Guillemenot aurait vu une cage entièrement vide devant lui.
L’entre-deux de Joël Mall
Mais ce n’est pas arrivé. Et tomber sur l’unique buteur grenat de la soirée pour ça a quelque chose d’injuste. Parce qu’il venait de parcourir 45 mètres balle au pied à pleine vitesse, parce qu’un défenseur écossais lui soufflait dans le cou, parce que le gardien Jack Butland prenait de la place. «Oui, je crois qu’il faut prendre tous ces éléments en compte dans l’analyse de la situation», soufflait le numéro 17. Même si, évidemment, le bon geste, celui qui aurait pu propulser Servette au tour suivant, tout le monde l’a vu à hauteur de tribune. Et lui l’a compris. Quelques secondes trop tard.
La suite, c’est cette égalisation des Rangers, et la déception finale. «On perd ensemble, on gagne ensemble. Mais j’ai le sentiment d’être tombé dans une sorte d’entre-deux sur leur but. J’aurais pu anticiper et sortir, ou rester sur ma ligne et attendre. J’ai fait un peu des deux…», grinçait des dents le gardien grenat Joël Mall. Comme pour symboliser cette pointe de frustration qui restera. Et dont les 26’000 spectateurs présents sauront se servir pour refaire ce match pas comme les autres.