Golfe du BengaleLe puissant cyclone Mocha s’abat sur le Bangladesh et la Birmanie
Accompagné de vents soufflant jusqu’à près de 200 km/h, Mocha a touché terre dimanche, déracinant des arbres, emportant des maisons et causant une importante onde de marée sur les côtes.
Le cyclone Mocha s’est abattu dimanche sur le Bangladesh et la Birmanie, déracinant des arbres, emportant des maisons de tôles mais épargnant néanmoins largement les tentaculaires camps de réfugiés, et provoquant une importante onde de marée dans les zones côtières. Accompagné de vents violents soufflant jusqu’à 195 kilomètres par heure, Mocha a touché terre entre Cox’s Bazar, au Bangladesh, où vivent un million de réfugiés, et Sittwe, en Birmanie, selon le service de météorologie bangladais.
Dans la ville côtière birmane de 150’000 habitants, des images postées sur les réseaux sociaux montrent des rues transformées en torrents au passage du cyclone, le plus puissant depuis plus de dix ans dans le golfe du Bengale. «L’eau monte progressivement», a déclaré Wai Hun Aung, un travailleur social de Sittwe. «La marée a bouché l’égout situé devant notre école… Bientôt, nous allons monter nos affaires à l’étage.»
Mais dimanche soir, l’essentiel de la tempête était passé, selon des correspondants de l’AFP. D’après la météo nationale indienne, elle devrait s’affaiblir en arrivant sur les collines accidentées de l’intérieur de la Birmanie.
Maisons rohingyas balayées
Dans un camp de déplacés rohingyas à Kyaukphyu, dans l’État de Rakhine, le vent emportait les habitations rudimentaires faites de bâches et de bambous. «Nous allons maintenant surveiller si l’eau de mer monte jusque chez nous… notre camp peut être inondé», a expliqué à Khin Shwe, le chef d’un camp de déplacés. À Teknaf, au Bangladesh, des vents violents ont déraciné des arbres, interrompu la circulation et poussé les habitants à se mettre à l’abri, a constaté un correspondant de l’AFP.
«Les maisons de notre camp, construites en bambou et avec des bâches, peuvent être emportées même par des vents légers», a déclaré Mohammad Sayed, 28 ans, depuis le camp de réfugiés de Nayapara à Cox’s Bazar. «Les écoles, désignées comme abris anticycloniques, ne sont pas assez solides pour résister aux vents d’un cyclone. Nous avons peur». Entre 400 et 500 abris de fortune ont été endommagés dans les camps de réfugiés rohingyas de Cox’s Bazar, mais aucune victime n’a été signalée pour le moment, selon le commissaire aux réfugiés, Mizanur Rahman.
«Nous n’avons rien à cuisiner»
Samedi, des milliers d’habitants de Sittwe ont fui avec leurs biens et leurs animaux domestiques dans des voitures et des tuk-tuks vers des lieux plus en altitude, Mocha devant provoquer une onde de marée d’environ 3,5 mètres.
«Nous n’allons pas bien. Nous n’avons pas apporté de nourriture, nous n’avons rien à cuisiner», a déclaré à l’AFP Maung Win, 57 ans, qui a passé la nuit à Kyauktaw, à l’intérieur des terres. «Nous devons compter sur les gens pour nous donner de quoi manger.» La Croix-Rouge birmane a indiqué dans un communiqué qu’elle se «préparait à réagir à une urgence majeure».
Les services météo prédisent un déluge de pluie
Au Bangladesh, 190’000 personnes ont été évacuées de Cox’s Bazar et près de 100’000 de la ville proche de Chittagong, selon les autorités. «Elles ont été emmenées dans près de 4000 abris anticyclone», a précisé samedi soir le commissaire divisionnaire Aminur Rahman. Des réfugiés rohingyas ont été transférés des «zones à risque» vers des centres communautaires, tandis que des milliers de personnes ont fui l’île touristique de Saint-Martin située sur la trajectoire de Mocha.
Les prévisionnistes s’attendent à ce que le cyclone apporte un déluge de pluie qui pourrait provoquer des glissements de terrain. La plupart des camps sont construits à flanc de colline et les éboulements sont fréquents dans la région. Or les autorités bangladaises ont interdit aux Rohingyas de construire des maisons permanentes en béton, craignant que cela ne les incite à s’installer définitivement.