Besançon (F)Décès de Narumi: procès en appel renvoyé à une date «ultérieure»
Jeudi, le nouvel avocat de l’auteur présumé du meurtre d’une étudiante japonaise a demandé du temps pour préparer sa défense. Il a été entendu par la justice.
Nouveau rebondissement dans le procès en appel de Nicolas Z. en France: après une ouverture avortée mardi, le Chilien rejugé pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi K. a obtenu jeudi son renvoi à une session d’assises «ultérieure» pour que sa nouvelle défense puisse mieux se préparer.
Aucune nouvelle date n’a été communiquée par le président de la Cour d’assises siégeant à Vesoul (est de la France), qui a prononcé cette décision après environ deux heures de délibéré. Selon l’avocat général Etienne Manteaux, qui avait réclamé un report du procès à lundi en fustigeant «la duplicité sans limite» de Nicolas Z., il va être «matériellement compliqué» de trouver un créneau, les prochaines sessions d’assises à Vesoul étant déjà bouclées.
«Je souhaite un vrai procès»
Le visage grave, il s’est penché vers les proches de Narumi pour leur expliquer les conséquences juridiques de ce renvoi. Auparavant, Nicolas Z. et sa nouvelle défense, désignée mardi à la surprise générale par l’accusé arrivé à l’audience sans son conseil Antoine Vey, avaient réclamé ce deuxième délai.
«Je souhaite un vrai procès», avait lancé en français aux neuf jurés Nicolas Z., vêtu d’une polaire noire sur chemise sombre, s’excusant pour son accent. «Ma mission n’est pas difficile, elle est strictement impossible», avait déclaré son conseil Renaud Portejoie, qui avait déjà bénéficié d’un premier report de l’audience jusqu’à jeudi, afin de consulter le dossier.
«Conscient» des enjeux
Délai jugé finalement insuffisant pour prendre connaissance des «8, 10’000 cotes (ndlr, pages)» du dossier: à la barre, il a demandé des «semaines» pour les ingurgiter, demandant un procès pendant une «session (d’assises) ultérieure». «Avant l’été, au début de l’automne», a-t-il avancé, se disant «conscient» des enjeux liés à ce procès labellisé «Grand Procès» par le Ministère de la justice et qui a exigé une longue, lourde et coûteuse organisation.
Un imbroglio autour du départ d’Antoine Vey, l’avocat de Nicola Z. absent mardi à l’ouverture, s’est par ailleurs fait jour: alors que le ténor parisien avait indiqué dans une lettre lue par le président que son client avait mis fin à son mandat, Me Portejoie a affirmé le contraire. Selon le pénaliste, c’est en effet Me Vey qui se serait déporté en faisant valoir «sa clause de conscience». «Je ne suis pas à l’origine de cette situation», a renchéri le Chilien de 32 ans.
«Prise en otage»
Contacté par l’AFP, le cabinet de Me Vey, choisi en novembre par l’accusé, n’a pas souhaité faire de commentaire. La mère et les deux sœurs de Narumi ont fondu en larmes à la demande du report, tandis que leur conseil, Sylvie Galley, a fustigé une «prise en otage» de la part de l’accusé. Au terme d’une première matinée chaotique qui avait ulcéré les parties civiles, le président de la Cour avait déjà suspendu mardi les débats, afin que Me Portejoie puisse s’imprégner de l’épais dossier.
En avril 2022, Nicolas Z. avait été condamné à 28 ans de réclusion pour l’assassinat de Narumi K., en dépit de ses dénégations. Cette étudiante japonaise de 21 ans avait rencontré l’accusé lorsqu’ils étudiaient au Japon. Arrivée à Besançon (est de la France) à l’été 2016 pour y apprendre le français, elle avait ensuite rompu avec lui.
«Hurlements» et bruit sourd
Sans la prévenir, l’amoureux éconduit l’avait retrouvée à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016 durant laquelle des témoins disent avoir entendu dans la résidence universitaire des «hurlements» et un bruit sourd. La jeune femme a depuis disparu. Son corps n’a jamais été retrouvé.
L’accusé, qui encourt la réclusion à perpétuité et n’a cessé de clamer son innocence lors du premier procès, ne s’est pas exprimé sur le fond lors de ce nouveau procès finalement reporté. Mais son père, Humberto Z., l’a fait pour lui, martelant que son fils est innocent.
Mercredi, il a exposé sur l’antenne régionale de la chaîne de télévision France 3 «quatorze arguments» censés fragiliser l’accusation, comme l’absence de «témoin oculaire» ou ces «deux témoins (…) certains» d’avoir vu Narumi «aux dates de sa disparition et dans des lieux différents».