FrancePoignardée 59 fois, on lui réclame 32’000 euros
Une victime de violences conjugales devrait payer les loyers d’un logement qu’elle avait fui.
- par
- R.M.
En mars 2018, une femme de Toulon a quitté son logement avec ses trois enfants, fuyant les violences infligées par son compagnon. Mais quelques mois plus tard, cet homme s’en est pris à elle et a tenté de la tuer. Il lui a infligé 59 coups de couteau. Grièvement blessée, elle était passée à deux doigts de la mort mais s’en était finalement sortie. Son compagnon a ensuite été reconnu coupable de tentative d’assassinat et condamné à 25 ans de prison.
Mais voilà que cette femme «miraculée», comme le relate France Bleu, voit son passé ressurgir d’une manière douloureuse et incompréhensible. Son ancien conjoint n’a jamais résilié le bail du logement qu’elle avait fui en mars 2018. Résultat, des huissiers lui réclament 32’000 euros (un peu plus de 34’000 francs) pour les loyers impayés…
«Désemparée et en colère»
La Toulonnaise est d’autant plus outrée qu’elle avait écrit au bailleur après avoir quitté ce logement où elle avait vécu un calvaire, pour se désolidariser du bail. «Cette lettre était un symbole pour moi. J’ai raconté les violences, les plaintes au commissariat et mon départ dans un centre d’hébergement d’urgence. Ce courrier est la première chose concrète de ma vie sans lui», témoigne la quadragénaire pour France Bleu, se disant «désemparée et en colère».
Des huissiers menacent pourtant aujourd’hui de saisir ses biens si elle ne s’acquitte pas des 32’000 euros réclamés. «C’est comme si j’étais victime une seconde fois. J’ai vraiment l’impression d’être seule au monde. Quand on est victime de violences, on ne devrait pas avoir autant de pression et de problématiques à gérer. Ce serait logique que je sois accompagnée jusqu’au bout!» commente-t-elle.
Son avocate Laurie Franchitto dénonce de «nouvelles violences psychologiques qui exacerbent la douleur et aggravent le syndrome de stress post-traumatique déjà très aigu chez ma cliente.» Son associé, Me Laurent Gavarri, dit son espoir que tout va rentrer dans l’ordre. Mais pour lui ce «dossier insupportable» montre clairement «qu’il faut aussi améliorer le suivi social des victimes de violences conjugales».