HumeurMais qui a eu l’idée de ce bon de 50 francs?
La semaine de consultation est écoulée. De Genève à Berne ou de Neuchâtel à Saint-Gall, l’idée de récompenser un proche par un bon d’achat paraît incongrue. On trouve avec peine des avis favorables.
- par
- Eric Felley
Qui? Mais qui a eu cette idée? La semaine dernière, la proposition d’Alain Berset de récompenser par un bon de 50 francs toute personne qui aurait convaincu un non-vacciné de passer par la double piqûre a laissé les gens perplexes. Un peu comme dans une série policière, les scénaristes fédéraux se sont surpassés pour créer un gros effet de surprise. Personne ne s’attendait à ça. Mais, une semaine plus tard, la grande majorité des cantons, qui sont censés mettre en œuvre cette mesure, ont fait savoir qu’ils n’en voulaient pas. A contrario, on n’a guère entendu d’avis favorables, sinon à Bâle-Ville et aux Grisons. L’idée d’envoyer des centaines de conseillers pour faire du porte à porte n’a guère fait mieux.
Face à cet échec, on peut se demander dans quel brainstorming de l’administration est née cette idée de rétribution? Comment a été amenée la proposition de récompenser, non pas directement le futur vacciné, mais celui qui l’aurait influencé? Quelle pédagogie là derrière? Qui a eu l’autorité de fixer un montant de 50 francs, ni plus, ni moins, comme seuil d’efficacité? Jusqu’à quel point l’impact sociétal de cette opération a été débattu? Une chose est certaine, on pourrait à s’attendre à une plus grande réflexion en amont avant de lancer une telle proposition.
Des chasseurs de primes gagne-petit
Alain Berset a souvent dit durant cette pandémie que, contrairement à la France d’Emmanuel Macron, la Suisse ne menait pas une politique spectaculaire dans le cadre de la pandémie. Cette proposition à 50 francs constituait clairement une rupture. Du coup, voilà des citoyens que l’on veut transformer en chasseurs de primes pour atteindre cette immunité collective dont la Suisse est privée, contrairement à tant d’autres pays. Des chasseurs considérés, en plus, comme des gagne-petit.
Le tort de cette idée est de partir du principe que le citoyen suisse est foncièrement vénal. Mais qui l’est pour 50 francs? Parmi les deux bons millions d’adultes que Berne voudrait encore vacciner, cette aumône ne pèsera pas lourd pour convaincre les réticents coriaces: ceux qui pensent résister au Covid s’ils tombent malades, ceux qui cultivent une intuition profonde que les vaccins sont mauvais pour leur santé et enfin ceux qui sont entrés en résistance politique, dans leur for intérieur ou plus ouvertement, comme dans les régions de Suisse centrale et de l’ouest de la Suisse.