Covid – Les hôpitaux lucernois se préparent à devoir trier les patients

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CovidLes hôpitaux lucernois se préparent à devoir trier les patients

Les autorités ont dressé un tableau dramatique de la situation dans les hôpitaux. Les soins intensifs sont largement occupés par des patients Covid. Des opérations importantes ont dû être reportées. Le tri des malades n’est plus un tabou.

Christine Talos
par
Christine Talos
Guido Graf, le chef de la Santé lucernoise ce mardi.

Guido Graf, le chef de la Santé lucernoise ce mardi.

Extrait de la conférence de presse

Conférence de presse très émotionnelle à Lucerne des autorités cantonales et des responsables des hôpitaux. En effet, les unités de soins intensifs croulent sous les patients Covid. Depuis plusieurs semaines déjà, des opérations importantes ont été reportées pour faire face à l’afflux des patients. Mais cela ne suffit pas, et les autorités brisent un tabou. Elles évoquent désormais l’éventualité de devoir faire un tri entre les malades, faute d’avoir du personnel en suffisance pour traiter tout le monde.

Selon le professeur Christoph Henzen, chef de l’état-major du canton contre la pandémie, depuis la 4e et la 5e vague, ce sont surtout les patients jeunes et non vaccinés qui présentent des évolutions graves. Ceux-ci survivent à la maladie, mais occupent les soins intensifs pendant une vingtaine de jours. «Or un patient Covid nécessite à peu près autant de ressources que cinq à dix patients souffrant de problèmes cardiaques», explique-t-il.

Une sixième vague en vue

En outre, la contagiosité du nouveau variant empire la situation. «Si vous sortez en club et qu’une personne est infectée par Omicron, vous êtes à peu près certain que vous rentrerez chez vous avec», a ainsi estimé Christoph Henzen. Du coup, les admissions à l’hôpital vont doubler. Et le temps de doublement est plus court qu’avec le variant Delta. Autre problème: avec l’arrivée d’Omicron, le personnel soignant est lui aussi de plus en plus absent. Il y aurait même trois à quatre fois plus d’absences que lors des vagues précédentes.

«Nous sommes donc en train de préparer les décisions de triage des patients», selon le professeur Henzen. Car les professionnels de la santé s’attendent déjà à une 6e vague. Et celle-ci sera caractérisée par des absences de personnel, en raison d’Omicron ou du surmenage et des gens qui quittent la profession.

Le tri des patients ne se fera toutefois qu’en dernier recours. «Ce sera l’ultima ratio», selon Andreas Fischer, codirigeant du forum d’éthique de l’Hôpital cantonal de Lucerne. Pour cela, les responsables vont s’enquérir de la volonté du patient. En outre, des listes de priorité vont être établies. Et même les patients déjà hospitalisés en soins intensifs seront réévalués en permanence. «L’idée est qu’une seule personne ne doive pas prendre la décision du tri. J’espère que nous n’aurons pas à vivre des décisions difficiles. Mais il faut s’y préparer», a souligné le dirigeant.

Mesures fédérales exigées

Pour éviter d’en arriver là, le canton de Lucerne prend des mesures. Comme au Tessin, il va y avoir une interdiction de visite des patients dans les établissements de soins dès le 29 décembre. Avec quelques exceptions pour les partenaires des femmes qui accouchent, ou pour les proches de parents en fin de vie.

Les autorités exigent également des mesures renforcées au niveau fédéral pour éviter un «patchwork» de décisions cantonales. «Ce serait la pire des choses si l’on décidait quelque chose en Suisse centrale et autre chose en Suisse orientale», explique le conseiller d’État en charge de la Santé lucernoise Guido Graf. Et de citer en exemple la fermeture des clubs à Lucerne. Elle engendrerait le report des clients – et des problèmes – dans les cantons des alentours où ils resteraient ouverts.

La vaccination, seule voie possible

Guido Graf estime que la seule solution pour sortir de la pandémie est la vaccination et la piqûre de rappel. Sans oublier le respect des mesures d’hygiène et de distance. «La pandémie dure depuis bien trop longtemps. Il ne faut pas la prolonger artificiellement. On le doit aussi au personnel hospitalier. D’autant que de nombreuses hospitalisations sont évitables», souligne-t-il.

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