BienneDes enfants défavorisés à côté du chalet de Polanski
La Ville a remis à une fondation la maison de vacances qu’elle possède dans la station bernoise, à côté du domicile du célèbre réalisateur.
- par
- Vincent Donzé
«Nouvel avenir pour la Maison de vacances «Alpenblick» à Gstaad», c’est ainsi que le Conseil municipal (Exécutif) de Bienne annonce l’accord conclu avec une fondation pour le maintien d’une maison de vacances dans la station huppée de l’Oberland bernois.
«Durant des décennies, des élèves biennois pouvaient séjourner jusqu’à plusieurs semaines par an au «Alpenblick» en raison de leur état de santé», rapportent les autorités. Des enfants issus de familles de conditions modestes venaient aussi y passer leurs vacances.
Camps de ski
Géré depuis 2009 par une association, l’«Alpenblick» a servi aux classes biennoises pour leurs camps de ski, d’été ou d’automne, avant que l’offre ne soit étendue à d’autres écoles, ainsi qu’à des associations et des particuliers pour l’organisation de vacances en groupes.
Mais dans la Bienne multiculturelle, tous les enfants ne mettent pas des skis avant d’aller à l’école. Pour les enseignants, la gestion d’un camp de ski implique des responsabilités que tous ne veulent pas assumer, quand la moitié des élèves du niveau secondaire n’ont jamais skié de leur vie. Par ailleurs, les camps de ski sont devenus coûteux: 300 francs par semaine pour un étudiant, avec un soutien possible pour les démunis.
À la retraite
La pandémie n’a rien arrangé. «En raison de la baisse de la demande de camps scolaires et des pertes enregistrées ces dernières années», l’association qui gérait l’«Alpenblick» a résilié le bail, tandis que son gérant Res Hofstetter partait à la retraite.
Problème: «Les investissements qui devront être consentis pour entretenir les bâtiments sont élevés», indiquent les autorités biennoises. La solution passe par une nouvelle fondation qui s’est fixée pour objectif de soutenir des enfants, des adolescentes et adolescents et des familles confrontées à des situations sociales et financières difficiles.
Droit de superficie
Cette association a obtenu la maison de vacances en droit de superficie. Elle prévoit de démolir le bâtiment actuel pour construire un nouveau centre de vacances et d’autres bâtiments, de même que de réaliser des aménagements extérieurs. Ainsi, des enfants défavorisés resteront à côté du chalet du réalisateur Roman Polanski.
Les prestations hôtelières se situeront dans une gamme de prix comparable à celle des auberges de jeunesse et des hôtels abordables. La fondation accordera un rabais aux écoles de la Ville de Bienne et aux jeunes de moins de 20 ans accompagnés d’au moins un de leurs parents.
Le Conseil de Ville biennois (Parlement) est invité à approuver les 29 et 30 juin prochains l’octroi d’un droit de superficie à la fondation «Alpenblick» pour une durée de 60 ans. La valeur du capital pour l’octroi en droit de superficie porte sur 4 200 300 francs. Le gain comptable de 2 800 200 francs alimentera le financement spécial «gains comptables issus des biens-fonds du patrimoine financier».
Demi-pension
Dans la station huppée de l’Oberland bernois, la pension «Alpenblick» brisait les codes et cassait les prix. En semaine, la demi-pension avec petit-déjeuner et souper était à 59 francs pour un adulte, et à 33, 28 et 20 francs pour un enfant, selon son âge.
À dix minutes de la gare, en redescendant la vallée, la vue est belle et le voisin qui promène son chien ou s’en va acheter des croissants à la boulangerie s’appelle Roman Polanski, le cinéaste dont le chalet était épié par la presse mondiale en 2010, quand il y était assigné à résidence.