RTS1Pour ses 45 ans, «À bon entendeur» réunit toutes ses présentatrices
Linda Bourget, Manuelle Pernoud, Martina Chyba et Isabelle Moncada racontent leur «ABE» au Matin.ch, avant une émission spéciale ce mardi.

Quarante-cinq bougies et cinq présentatrices. Pionnière des émissions de consommation, créée par l’inoubliable Catherine Whali – elle est décédée le 24 décembre 2011 – «À bon entendeur» est encore aujourd’hui l’une des productions phares de la RTS.
Avant une émission spéciale ce mardi à 20 h 10 sur RTS1, qui sera l’occasion de puiser dans les archives et de revisiter des tests, nous avons demandé à Martina Chyba, Isabelle Moncada, Manuelle Pernoud et Linda Bourget de raconter leur «ABE».
MARTINA CHYBA (1993-1996)
Comment avez-vous vécu la transition avec votre prédécesseure, Catherine Wahli, en 1993?
À l’époque, «Le Matin» avait fait un sondage sur qui les Romands voyaient au Conseil fédéral, et les gens avaient désigné Catherine Wahli! Donc moi derrière, c’était de l’inconscience! D’autant plus que l’émission est passée du mercredi au mardi. Heureusement, l’équipe était super, et j’avais exigé de coprésenter avec un homme pour éviter le copié-collé et le côté trop «ménagère», et avec Jean-Paul Cateau on a installé un ton un peu rigolard qui tranchait et qui a aidé à la transition.

Jean-Paul Cateau et Martina Chyba ont coprésenté «ABE» depuis septembre 1993.
RTSQuelle enquête retenez-vous en premier?
Spontanément, un truc hyperdrôle. Nous avions testé l’huile des frites dans les stations de montagne. Un désastre! Sans parler du prix. Les restaurateurs nous en ont énormément voulu, certains mettaient des panneaux «Ici les frites sont propres» devant leur bistrot! Cette année-là, avec Jean-Paul, nous n’étions pas les bienvenus sur les pistes.
Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
D’avoir prouvé que la consommation pouvait intéresser les hommes, les jeunes, être marrante et traiter de sujets différents comme le piercing, l’ecstasy ou la qualité des préservatifs.
Un regret?
Ne pas avoir exigé un peu plus de moyens à l’époque, pour pouvoir tenir un peu plus longtemps, nous étions une micro-équipe, le rythme était fou! Et ne pas avoir eu l’occasion de tester une pilule anti-âge, anti-maladie et anti-mort, je ferais volontiers cobaye!
Qu’est-ce que ça vous fait de vous retrouver toutes les quatre?
Nous sommes allées manger toutes les quatre après une séance photos et c’était très cool. Nous sommes très différentes, mais il y a une sorte de filiation, avoir vécu «ABE» c’est quelque chose qui nous lie.
ISABELLE MONCADA (1996-2005)

«Un regret? De ne pas avoir battu le record de Catherine Wahli: elle a fait dix-sept ans à «ABE», j’aurais voulu en faire 18!» confie Isabelle Moncada.
RTSComment avez-vous vécu la transition avec votre prédécesseure?
Martina a été très classe avec moi et, même s’ils ont regretté son départ, Jean-Paul Cateau, Daniel Stons et toute l’équipe m’ont fait un accueil de rêve.
Quelle enquête retenez-vous en premier?
Celle qui m’a coûté le plus de menaces et d’attaques juridiques: l’enquête sur le scandale des hormones de substitution à la ménopause en 2002.
Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
D’avoir réussi à arrêter de fumer face aux mensonges et aux actes délictueux de l’industrie du tabac.
Un regret?
De ne pas avoir battu le record de Catherine Wahli: elle a fait dix-sept ans à «ABE», j’aurais voulu en faire 18! L’appel de la santé a été plus fort.
Une femme à la tête d’«ABE», indispensable?
Non, mais comme nous sommes majoritaires dans ce métier c’est une question de probabilité.
MANUELLE PERNOUD (2006-2019)

Manuelle Pernoud sur le plateau d’«ABE», en 2019.
RTSComment avez-vous vécu la transition avec votre prédécesseure?
Avec un peu de stress. La transition s’est faite très rapidement et la responsabilité était importante, étant nommée présentatrice et productrice d’«ABE», mais j’ai eu la chance d’inaugurer un très beau nouveau décor.
Quelle enquête retenez-vous en premier?
Question difficile, j’ai présenté environ 600 «ABE»! Je retiens les enquêtes sur le glyphosate, particulièrement celle qui a révélé du glyphosate dans l’urine de 40% des Romands testés.
Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
Chaque semaine, nous avons donné la parole à des consommateurs et consommatrices confrontés à des problèmes divers, en cherchant des solutions. Ces courtes enquêtes sont parfois très difficiles à mener!
Un regret?
«ABE» a souvent enquêté sur les faces cachées de toute nouvelle tendance, des thématiques reprises ensuite par d’autres. Nous aurions peut-être pu mieux communiquer sur ce rôle de révélateur.
Une femme à la tête d’«ABE», indispensable?
Non, ce n’est pas une émission genrée! Il y a certainement des hommes qui sont prêts à investir autant d’énergie dans ce champ immense et complexe qu’est la consommation.
Qu’est-ce que ça vous fait de vous retrouver toutes les quatre?
C’est émouvant, car nous avons réussi à proposer une continuité avec nos différences. Et n’oublions pas Catherine Wahli, sans laquelle «ABE» n’existerait pas.
LINDA BOURGET (2020-?)

«Ce qui me rend la plus fière? Avoir accompagné les téléspectateurs pendant le semi-confinement de l’année dernière», répond Linda Bourget
RTSComment avez-vous vécu la transition avec votre prédécesseure?
Plutôt bien: il y avait beaucoup de bienveillance de la part de Manuelle et beaucoup de curiosité de la mienne. Je l’ai observée, en essayant d’absorber le plus de choses possibles. Mais, juste après son départ, on est entré dans le tourbillon du Covid. Résultat: j’ai vite arrêté de me poser des questions pour basculer en mode «action» ce qui, d’une certaine manière, m’a facilité les choses.
Quelle enquête retenez-vous en premier?
Celle diffusée en 2020 qui montrait la pression folle exercée par la grande distribution sur les agriculteurs suisses. C’est un sujet très sensible car face au duopole Coop-Migros, les producteurs ont peu de marge de manœuvre et ont peur de s’exprimer ouvertement, ce qu’ils ont fait dans ce reportage. De mon point de vue, c’est important que le consommateur perçoive les rouages du système.
Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
Avoir accompagné les téléspectateurs pendant le semi-confinement de l’année dernière. La consommation était, comme tout le reste, sens dessus dessous. Toute l’équipe s’est donc mobilisée pour apporter des informations conso utiles et concrètes. C’était essentiel d’être au rendez-vous pendant cette période difficile.
Qu’est-ce que ça vous fait de vous retrouver toutes les quatre?
C’est assez impressionnant. Mais mardi soir je tiendrai mon rôle: ce n’est pas une soirée entre copines mais une émission pour parler de grands enjeux de consommation et je les traiterai comme n’importe quelles invitées.