Droits humainsUn groupe d’experts de l’ONU dénonce l’impunité au Yémen
Le conflit qui oppose les forces du gouvernement yéménite aux rebelles houtis a débuté en 2014. Depuis sept ans, les experts onusiens accusent les deux parties de «crimes de guerre».
Bombardements de zones habitées, entrave à l’aide humanitaire, détentions arbitraires, torture… Des experts de l’ONU ont dénoncé mercredi l’impunité au Yémen et la poursuite des violations des droits humains dans ce pays ravagé par sept ans de guerre.
Le pays le plus pauvre de la péninsule Arabique est dévasté par un conflit qui oppose depuis 2014 les forces du gouvernement, appuyées par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis soutenus par l’Iran. Depuis le début du conflit, les experts onusiens dénoncent des «crimes de guerre» commis par les deux parties.
«Cette année encore, toutes les parties (…) ont commis de graves violations des droits humains et du droit humanitaire international, dont certaines peuvent constituer des crimes de guerre», a déclaré mercredi Kamel Jendoubi, président du groupe d’experts sur le Yémen à l’ONU. «L’éventail des violations que nous continuons de voir se produire au Yémen est macabre, aggravé par l’impunité quasi générale de leurs auteurs», a-t-il ajouté lors de la présentation d’un rapport annuel à Genève.
Bombardements et raids aériens «aveugles»
Parmi les atteintes aux droits humains recensées au Yémen, le groupe d’experts évoque les bombardements et raids aériens «aveugles» menés par la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, notamment dans des zones fortement peuplées.
Les attaques, mais aussi les diverses restrictions imposées par les parties au conflit, «entravent les opérations humanitaires et l’accès de la population à la nourriture, aux fournitures nécessaires et aux soins de santé», dans un pays au bord de la famine et où 80% des 30 millions d’habitants dépendent de l’aide internationale.
La détention arbitraire, la disparition forcée, la torture, les violences sexuelles et le recrutement d’enfants dans les groupes armés figurent également parmi les violations dénoncées.
«Pandémie d’impunité»
Les experts de l’ONU ont déploré «l’absence de signes encourageants dans la lutte contre l’impunité», malgré leur rapport de l’année dernière dénonçant déjà une «pandémie d’impunité» au Yémen.
L’Arabie saoudite avait promis de prendre des mesures contre les auteurs de bavures touchant des civils. Mais «les évolutions relativement mineures observées cette année n’ont en aucun cas été adéquates ou suffisantes», a regretté M. Jendoubi.
La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes, selon des ONG internationales. C’est, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde.
Version originale publiée sur 20min.ch