CyclismeTadej Pogacar le voulait ce Tour des Flandres: quel panache!
4e l’an passé, le coureur slovène s’adjuge ce Ronde devant Matthieu Van der Poel et Mats Pedersen après un gros numéro. Stefan Kung termine 6e.
Il le savait, ce grand champion au panache XXL, deux fois vainqueur du Tour de France en 2020 et 2021, qu’il devait faire la différence dans ces collines des Ardennes flamandes. Que c’est dans ce Vieux Quaremont qu’il devait allumer une dernière fois le feu pour gagner et c’est là qu’il a fait finalement exploser les gros favoris du peloton qui s’étaient accrochés jusque-là.
C’est à 17 km de l’arrivée que Tadej Pogacar a placé son accélération décisive dont il a le secret pour aller chercher cette 107e édition du Tour des Flandres, le 4e monument de sa carrière qu’il rêvait d’épingler à son magnifique palmarès, après avoir remporté Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie en 2021 et 2022. 4e l’an passé, ce coureur de panache avait bien retenu la leçon, pour lâcher définitivement Matthieu Van der Poel, vainqueur l’an dernier du Ronde, dans la dernière côte du Patenberg, son dernier poursuivant alors que tous les autres (Mats Pedersen, Wout van Aert, Stefan Küng) n’avaient pas réussi à suivre le rythme du Slovène de 24 ans.
À 24 ans, Pogacar devient seulement le troisième coureur de l’histoire plus que centenaire du cyclisme, avec le Français Louison Bobet et le Belge Eddy Merckx, à avoir remporté à la fois le Tour de France et le Ronde.
«C’est incroyable, c’est une journée que je n’oublierai jamais. Je pourrais presque prendre ma retraite après cette journée», a commenté le Slovène.
Il s’est imposé au terme d’une course très animée, marquée par de très nombreuses chutes et disputée à une allure folle, la plus rapide de l’histoire (44,1 km/h), dans la grisaille et le froid, devant des centaines de milliers de spectateurs.
Le Slovène savait qu’il devait partir seul pour éviter la même mésaventure que l’année dernière lorsque, pour sa première participation, il avait été battu au sprint par Van der Poel, après s’être déjà montré le plus fort.
Dimanche, il a couru à la perfection, martyrisant ses adversaires dans chacun des monts, avant d’assommer définitivement la concurrence sur les pavés glissants du Vieux Quaremont et du Paterberg, pour filer seul vers l’arrivée, visage grimaçant.
Sur les cinq plus grandes classiques du calendrier, il ne lui reste plus que Milan – San Remo, où il a fini 4e il y a un mois, et Paris – Roubaix à conquérir pour rejoindre le palmarès d’Eddy Merckx, le seul qui a gagné les cinq monuments.
16e victoire en 2023
«San Remo, c’est la course la plus dure à aller chercher, estime Pogacar. Cette année, j’étais en grande forme mais je ne vais pas renoncer. Roubaix? On verra si je vais essayer un jour mais il faudra que je prenne quelques kilos d’abord», a-t-il dit avec son large sourire de Cannibale.
«Pogi» continue ainsi sur les bases exceptionnelles de son début de saison avec des victoires au Tour d’Andalousie et à Paris-Nice. Sa victoire dimanche à Audenarde est déjà sa dixième en 2023, en seulement 16 jours de course…
Derrière l’intouchable duo de tête, Stefan Küng est parvenu à tirer son épingle du jeu pour terminer 6e, à 1’12’’ du vainqueur. «C’était une course très, très difficile jusqu’à la fin, a réagi le Thurgovien à chaud. Je n’ai pas pu les suivre (ndlr: Tadej Pogacar et Mathieu van der Poel), ils étaient un niveau au-dessus. J’ai fait avec mes moyens.»