HippismeMichel Sorg: «On ne peut pas se satisfaire d’une 6e place»
Le chef de l’équipe de Suisse a vécu un vendredi partagé aux Européens de Milan, entre la joie de la qualification pour les JO et la déception par équipe. Le Vaudois compte sur Steve Guerdat ce dimanche pour oublier le reste.
- par
- Christian Maillard
Peut-être bien qu’il a tapé du pied de rage, parce que comme tout le monde il y avait cru à ce titre par équipe depuis mercredi, tout au moins au podium. Que d’émotions ce vendredi au bord de la piste de San Siro lorsque Martin Fuchs et son fabuleux «Leon Jei» ont fait tomber une barre, puis une deuxième, s’ajoutant aux parcours déjà raturés de Bryan Balsiger et d’Edouard Schmitz. C’en était fini des espoirs de médaille pour l’équipe de Suisse de saut aux Européens, pourtant si bien partie mercredi à Milan avec un Steve Guerdat et son fantastique «Dynamix de Belhème» sans faute, pour aller chercher de l’or. Drôle de vendredi pour son chef d’équipe, Michel Sorg. Ce dernier dresse le bilan et livre son sentiment, après cette décevante 6e place.
Dans quel état d’esprit est le chef un jour après?
Je dirais partagé. Parce que, sans faire de langue de bois, l’objectif premier depuis le début de la saison était de qualifier notre équipe pour les Jeux olympiques de Paris, ce qui n’était pas encore le cas. Ensuite, on voulait faire bien à Saint-Gall et Aix-la-Chapelle et on a gagné les deux épreuves par équipe. Donc avant de se lancer dans une conclusion, il s’agit de regarder le bilan complet. Après, il est mitigé car quand on voit comment se sont déroulés les deux premiers jours, où on était si proches de monter sur un podium, on ne peut pas se satisfaire d’une 6e place.
Heureusement qu’il y a eu cette qualification olympique…
Oui, même si je le répète, on ne peut pas se satisfaire de ça. La chose positive est que nous n’aurons pas besoin d’aller se battre en octobre à Barcelone, lors de la finale de la Coupe des nations, pour aller chercher ce ticket. Il ne faut pas se le cacher. Cela nous enlève une énorme épine du pied. Par contre, il va falloir vite digérer cet échec.
Steve Guerdat, auteur de trois parcours sans faute depuis mercredi, semblait très déçu vendredi. En veut-il à ses coéquipiers?
Non, pas du tout. Après, Steve est un compétiteur qui ne peut pas se réjouir de ce qui s’est passé vendredi avec l’équipe, mais à aucun moment il en voudra à ses coéquipiers. Ce n’est pas son genre. Il n’était pas content. Mais comme Edouard ne l‘est pas, comme Bryan ne l’est pas et comme Martin ne l’est pas. Ils étaient tous déçus mais dès ce samedi matin, on était à nouveau tous ensemble, tout le monde est derrière Steve pour dimanche, car si le championnat par équipe est terminé, il reste la finale individuelle de dimanche (ndlr: dès midi), lors de laquelle le Jurassien a de réelles chances d’écrire une nouvelle page de notre histoire et la sienne.
Steve est-il le seul Suisse qualifié pour la finale?
Martin Fuchs et Bryan Balsiger figuraient également parmi les 25 premiers mais ils ont renoncé à participer à cette finale. Ils étaient trop loin dans le classement et cela ne servait à rien par rapport au niveau des chevaux et des cavaliers de prendre le départ pour quelque chose qui n’allait rien leur apporter, si ce n’est une 18e ou une 22e place.
Comment expliquez-vous ces contre-performances de Martin Fuchs, Edouard Schmitz et Bryan Balsiger ce vendredi? Leurs chevaux étaient-ils fatigués ou les cavaliers ont-ils craqué sous la pression?
En fait, Martin voulait prendre «Conner Jei» mais il a connu des problèmes de ferrage lors d’un concours de préparation il y a dix jours et il n’était pas prêt pour ces Européens. On ignore ce qui s’est passé avec «Leone Jei», tout comme les fautes inexpliquées de «Gamin» avec Edouard Schmitz, aussi surprenantes que le comportement de «Dubai», le cheval de Bryan, qui ne chassait plus avec ses pattes arrière depuis longtemps. On ne veut pas se cacher derrière des excuses, mais il y a sûrement une partie qui n’était pas avec nous vendredi, même si je ne suis pas du style à dire qu’avec une faute en moins on aurait eu la médaille, cela n’apporte rien. Comme de dire que la Belgique, la France, la Grande-Bretagne sont tous derrière nous…
Et ce dimanche, toute la Suisse est derrière Steve Guerdat, qui a les moyens de conquérir ce titre européen individuel qui manque encore à son énorme palmarès.
Absolument! Quand on voit sa jument si extraordinaire, c’est un phénomène, qui a sur son dos un phénomène. Alors oui on est tous derrière lui et ceux qui le connaissent savent à quel point ce genre de moment le transcende. «Go for Gold», comme on dit.