TENNISBenoît Paire: «J’essaie de rester calme, même si c’est difficile»
Le Français, qui a failli s’auto-détruire avant de franchir le 1er tour du Geneva Open, revenait lundi soir sur ses légendaires sautes d’humeur.
- par
- Simon Meier
Benoît Paire s’est montré égal à lui-même, c'est-à-dire très inégal voire explosif, lundi soir pour son entrée en lice au Gonet Geneva Open. D’abord convaincant face au Finlandais Emil Ruusuvuori (ATP 61), le Français a servi pour le match à 7-5 5-4, puis il a pété un plomb ou deux, fait mine de s’auto-détruire avant d’un peu miraculeusement retomber sur ses pattes (7-5 5-7 6-4). Le public, qui a adoré le numéro, en reprendra bien une tranche au 2e tour contre le Norvégien Casper Ruud, tête de série No 2 du tournoi.
Pour le plaisir
«Je suis content de retrouver le public, cette ambiance, s’est réjoui l’Avignonnais de 33 ans. On n’est pas loin de la France, je suis résident à Genève, donc ça fait toujours plaisir de jouer ici, dans ce cadre magnifique. Il y a du public, j’essaie de leur faire plaisir, de me faire plaisir. Je fais des efforts en ce sens depuis un moment, là ça a payé.» Plus loin: «C’est une histoire de confiance. Madrid (ndlr: deux succès en qualifications) m’a fait du bien mais j’ai encore besoin de victoires. J’ai envie de bien faire ici à Genève, après il y a Roland-Garros. En tout cas, ça fait du bien de gagner un match.»
Dans la pénombre du Parc des Eaux-Vives, le barbu sourit, lui qui vient de fêter sa première victoire dans un tableau principal depuis janvier. Une heure plus tôt, il était au bord d’un de ces précipices dont il a le secret. Benoît Paire (ATP 76) menait donc 7-5 5-4, les gens scandaient son nom, tout allait bien. Douze minutes plus tard, c’était dur d’imaginer pire. Il avait donné deux fois son service pour égarer le set, non sans avoir expédié deux balles par-delà les tribunes, cassé une raquette et manqué d’en fracasser douze autres. Avertissement, point de pénalité, tempête sous un crâne.
«Ça faisait six ou sept fois que je servais pour le match et à chaque fois je l’avais perdu - j’ai servi à 6-2 5-2 contre Köpfer à Indian Wells, et à 5-4 40-0 contre Lajovic, j’arrive aussi à perdre, a-t-il ressassé. Alors bien sûr qu’on y repense à cette série. Dans ces moments-là, je ne sens plus mes jambes, je suis paralysé. Au tennis, on parle beaucoup des coups droits, des revers, mais au final on se rend compte qu’à 99% c’est dans la tête. Et que quand on est en confiance, c’est plus facile de gagner un match.»
Une mère en soutien
Benoît Paire a fini par le faire lundi, au moment où il semblait s’être perdu. Lorsqu’on a évoqué l’hypothèse d’une double victoire, contre son adversaire mais surtout face à lui-même et ses démons, l’intéressé n’a pas dit non. «J’essaie de changer des choses mais c’est vrai que tout seul sur le court, je n’y arrivais pas, admet-il en référence à ses nombreux égarements depuis deux ans. Donc avec le soutien de ma mère, qui est là cette semaine, et de mon coach, j’essaie de progresser. J’essaie de garder mon calme, même si c’est difficile on l’a vu. C’est difficile dans la tête, donc je suis content aujourd’hui d’avoir su m’en sortir.» La suite, par définition, ne manquera ni d’intérêt ni de saveur.