FootballServette: les ingrédients d’une épopée qui avait déjà commencé contre le Slavia
En 2001, les Grenat avaient lancé leur campagne européenne contre les Tchèques. Alexandre Comisetti fait le lien entre passé et présent. Coup d’envoi à 18h45 ce jeudi au Stade de Genève.
- par
- Daniel Visentini
Peut-être faut-il y voir un clin d'œil du destin. En 2001, lors de sa dernière grande épopée européenne, le Servette FC avait atteint les 8es de finale de la Coupe de l’UEFA, tombant face au grand Valence de l’époque. Avant cela, les Grenat avaient éliminé Hertha Berlin, avant encore, Saragosse. Mais tout avait commencé au premier tour (c’était une compétition à élimination directe), avec pour adversaire… le Slavia Prague. Retour vers le futur?
Ces deux équipes se retrouvent, 22 ans plus tard, dans le groupe G de l’Europa League (coup d’envoi du premier match ce jeudi à 18h45). Le passé dit-il quelque chose au présent? Alexandre Comisetti était sur le terrain quand les Grenat avaient éliminé le Slavia. Il sait toutes les énergies mobilisées pour tracer un parcours glorieux. Alors il peut en parler et les mettre en perspective avec le Servette d’aujourd’hui, qu’il n’a pas perdu de vue.
«On peut tracer plusieurs parallèles, lance Comisetti. Le contingent semble sain, c’est un bon collectif, avec des individualités, comme nous à l’époque. Il y a un entraîneur qui sait où il veut aller, comme Lucien Favre en 2001. René Weiler mène ses joueurs vers ses idées. Il se dit qu’il peut être ferme? Lucien Favre ne faisait pas de cadeau non plus. Il prenait ses décisions, sans arrondir les angles. Je n’ai pas souvenir de l’avoir vu expliquer ses choix à l’envi à un joueur se plaignant de ne pas jouer. Il tranchait et c’était comme cela.»
Au temps passé, ce Servette de 2001 pouvait s’appuyer sur des talents de premier plan. Wilson Oruma, décisif deux fois contre le Slavia: à l’aller aux Charmilles le 20 septembre avec le 1-0 de la victoire, au retour le 27 à Prague en étant le buteur du 1-1. Alexander Frei devant. Goran Obradovic au milieu. Mais aussi Pédat, Lonfat, Fournier. Et Comisetti, donc.
«Il y avait un noyau de leaders et c’est ce que l’on peut retrouver aussi dans le Servette d’aujourd’hui, assure Comisetti. Servette a gardé des cadres de talent qui donnent une identité depuis plusieurs saisons aux Grenat. Je pense à Stevanovic, à Cognat, à Frick, à Rouiller. Il y a des joueurs formés au club qui sont là, comme Vouilloz, Kutesa, Antunes ou Guillemenot. C’est bien pour l’identification. J’aime ce que fait ce Servette depuis plusieurs années.»
Même s’il y a un sérieux déficit de points et d’efficacité en championnat? «Cela peut s’expliquer, tranche Comisetti. Je peux comprendre. Il y avait l’Europe à préparer pour être performant très tôt dans la saison. Quand c’est comme cela, tu travailles dans l’intensité, mais tu sautes des étapes dans l’urgence. Cela permet d’avoir un rythme élevé, mais cela se paie ensuite, il y a un contre-coup. C’est sans doute ce qu’a vécu Servette, avec en plus plusieurs blessures de joueurs importants. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le seul match gagné en Super League a été le premier, à GC: Servette avait cette intensité qui lui a été nécessaire pour l’Europe. Avant de le payer.»
La place dans les groupe de l’Europa League est désormais en poche. Comment aborder cette compétition maintenant? Comment les Grenat de 2001 s’étaient-ils lancés dans l’aventure pour aller jusqu’en 8es de finale?
«Il y a la notion de plaisir, qui est capitale, lance Alexandre Comisetti. Servette a fait ce qu’il fallait pour mériter de prendre du plaisir. Qui est Servette dans ce groupe? Un outsider. C’est une position confortable. Il faut en profiter. La notion d’équipe est importante aussi, cela nous avait porté en 2001. D’après ce que j’ai vu dans les chocs contre Genk puis les Rangers, je sens qu’elle existe aussi en 2023.»
Le reste se passera sur le terrain. Servette a démontré qu’il savait faire front, dans la solidarité, pour bousculer des grosses équipes. Les Grenat comptent le faire encore face au Slavia Prague ce jeudi soir. Comme en 2001…