Russie: Démonstration de force à Moscou pour le 9 mai

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RussieDémonstration de force à Moscou pour le 9 mai

La Russie organise lundi un défilé militaire pour célébrer la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945. Vladimir Poutine doit prononcer un discours très attendu.

Moscou, le 8 mai 2022.

Moscou, le 8 mai 2022.

AFP

Moscou exhibe lundi son armée pour célébrer la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945, une démonstration de force afin de galvaniser ses troupes à la peine en Ukraine, où soixante civils ont péri selon Kiev dans le bombardement d’une école. Le président russe Vladimir Poutine, qui doit prononcer un discours très attendu, aura l’occasion d’envoyer de nouveaux avertissements après avoir plusieurs fois brandi la menace nucléaire.

Selon le ministère russe de la Défense, l’«avion de l’Apocalypse», un Iliouchine Il-80 conçu pour permettre au président russe de continuer à piloter le pays depuis les airs en cas de guerre nucléaire, survolera la place Rouge, et plusieurs armes pouvant tirer des missiles nucléaires défileront également. Des parachutistes ayant participé à l’offensive en Ukraine devraient également être présents, selon l’agence d’État TASS.

Vladimir Poutine a multiplié dimanche les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses vœux du 8 mai, assurant notamment que «comme en 1945, la victoire sera à nous».

«Le mal est de retour en Europe»

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé son homologue russe d’avoir «oublié tout ce qui était important pour les vainqueurs» de 1945. Le «mal est de retour» en Europe, «dans un uniforme différent, sous des slogans différents, mais avec le même objectif», a déclaré Volodymyr Zelensky dans un discours de commémoration de la fin du conflit mondial en Europe, comparant l’invasion de son pays par la Russie à l’agression des États européens par l’Allemagne nazie.

Il a fustigé dans un message vidéo dimanche soir «de violents bombardements» dans plusieurs régions ukrainiennes, dont un ayant entraîné la mort de «60 civils» samedi dans une école de Bilogorivka, dans la région de Lougansk, «comme si ce n’était pas le 8 mai aujourd’hui, comme si demain n’était pas le 9, alors que le maître mot devrait être la paix pour tous les gens normaux».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit «horrifié» par le bombardement, selon son porte-parole.

Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, avait expliqué dimanche matin à la télévision en langue russe Current Time TV qu’«il y avait au total 90 personnes» sur place au moment de la frappe. «27 ont été sauvées», avait-il ajouté, précisant que la température avait été très élevée après l’explosion qui a «complètement soufflé» l’école.

Déconvenues

La Russie n’a toutefois jusqu’à présent pu revendiquer le contrôle complet que d’une ville d’importance, Kherson (sud), et l’offensive militaire que nombre d’experts prédisaient comme fulgurante a été marquée par des déconvenues, notamment logistiques. Après avoir échoué aux portes de Kiev face à des forces ukrainiennes plus motivées que prévu et armées par les Occidentaux, l’état-major russe a dû revoir ses objectifs à la baisse en resserrant l’offensive sur l’est et le sud du pays.

«L’ennemi ne cesse pas ses opérations offensives (…) afin d’établir un contrôle total sur les régions de Donetsk, de Lougansk et de Kherson et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée» par la Russie depuis 2014, a averti l’état-major de l’armée ukrainienne. Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs attaques autour de Lyman, Popasniansky, Severodonetsk et Avdiivka, et que les militaires ukrainiens se sont retirés de la ville de Popasna, désormais en ruines, pour occuper de «meilleures positions».

Le ministère russe de la Défense a par ailleurs revendiqué dimanche la destruction du «poste de commandement d’une brigade mécanisée» ukrainienne, dans la région de Kharkiv (nord-est), de même que du «centre de communication de l’aérodrome militaire de Chervonoglinskoye», dans le sud-ouest.

À Marioupol, port du sud-est ukrainien quasi entièrement sous contrôle russe, les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l’immense aciérie Azovstal ont exclu de se rendre. «Capituler n’est pas une option car notre vie n’intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne lui importe pas», a déclaré Ilya Samoïlenko, un officier du renseignement.

«Plus de civils dans l’aciérie»

À Zaporijjia (sud-est), 174 civils, certains avec de jeunes enfants, sont arrivés dimanche soir à bord de huit bus «depuis l’enfer de Marioupol», a écrit sur Twitter la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Ukraine, Osnat Lubrani. Une quarantaine d’évacués provenaient de l’aciérie Azovstal. Selon ses dernières informations, «il n’y a plus de civils» dans l’aciérie, a-t-elle indiqué à l’AFP, ajoutant cependant ne pas «être en mesure de le vérifier».

Des travailleurs humanitaires ont escorté des personnes âgées, y compris une vieille dame en fauteuil roulant, vers un centre d’accueil. «Nous espérions tous les jours une évacuation», a déclaré Vladymyr Babeush, 41 ans, un évacué d’Azovstal qui travaillait dans l’usine. «Et maintenant, nous avons fini d’attendre. Nous sommes tellement reconnaissants envers toutes les personnes impliquées». Un autre évacué, Dmytro, 17 ans, s’est dit «très fatigué» après dix-sept heures de bus. «Mais je suis heureux parce qu’il y a de l’air frais et que je suis en Ukraine», a-t-il ajouté.

Samedi déjà, Volodymyr Zelensky avait lancé: «Nous avons évacué les civils d’Azovstal», citant le chiffre de 300 personnes exfiltrées. «Nous préparons désormais la seconde phase (…) : les blessés et le personnel médical.

Selon Ievguenia Tytarenko, une infirmière militaire dont le mari, membre du régiment Azov, est toujours dans l’usine Azovstal, «de nombreux soldats sont dans un état grave. Ils sont blessés et n’ont pas de médicaments». «La nourriture et l’eau manquent aussi».

«Nos unités dans la zone de l’usine d’Azovstal continuent d’être bloquées», a relevé dimanche l’état-major ukrainien, évoquant des «opérations d’assaut russes» avec «le soutien de l’artillerie et des tirs de chars».

Sevrage du pétrole russe

Les puissances occidentales ont par ailleurs renouvelé leur soutien à l’Ukraine. Le Royaume-Uni a annoncé dimanche soir des interdictions d’exportation visant l’industrie russe et la hausse de tarifs douaniers, notamment sur le palladium et le platine.

Le G7, réuni virtuellement dimanche, a décidé un sevrage «progressif» du pétrole russe. «Le G7 tout entier s’est engagé aujourd’hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe», a annoncé la Maison-Blanche dans un communiqué. Cette décision «va porter un coup dur à la principale artère irriguant l’économie de Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre».

Au niveau de l’Union européenne, des négociations se poursuivront en début de semaine entre États membres pour lever les obstacles au projet d’embargo européen sur le pétrole russe, freiné par la Hongrie.

La Première dame des États-Unis Jill Biden a rencontré son homologue ukrainienne Olena Zelenska dans une école en Ukraine, tandis que le Premier ministre canadien Justin Trudeau faisait une visite surprise à Irpin, une localité de la banlieue de Kiev dévastée par les combats.

(AFP)

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