Football: Sur fond de combat de coqs, l’équipe de Suisse n’est pas plus avancée

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FootballSur fond de combat de coqs, l’équipe de Suisse n’est pas plus avancée

Après un rassemblement animé par le duel entre Murat Yakin et ses cadres, Granit Xhaka en tête, la victoire 3-0 contre Andorre ne règle aucune question. Mais elle en pose d’autres.

Valentin Schnorhk Sion
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Valentin Schnorhk Sion
Xherdan Shaqiri fête le 3-0, qu’il a inscrit sur penalty. Mais le reste de l’équipe n’a pas de raison de prolonger les célébrations.

Xherdan Shaqiri fête le 3-0, qu’il a inscrit sur penalty. Mais le reste de l’équipe n’a pas de raison de prolonger les célébrations.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

On peut souffler. L’équipe de Suisse a eu la décence de ne pas s’enliser contre Andorre, mardi à Sion. Cette victoire 3-0, surtout consolidée en fin de match, ne dit rien de plus que les trois points qu’elle offre. Pire, elle masque un peu certaines des limites montrées par l’équipe nationale dans cette rencontre plus que poussive.

Mais dans le même temps, elle interroge: après plusieurs jours intenses et qui ont mis en exergue la relation difficile entre Granit Xhaka et Murat Yakin, s’est-elle dirigée vers une nouvelle approche? Suspense. Heureusement, les prochains matches ne sont prévus que dans un mois (en Israël le 12 octobre, contre la Biélorussie le 15).


Les trois enseignements

  • Que restera-t-il de ce rassemblement de septembre? Autour de l’équipe de Suisse, il y a le sentiment que, plus que jamais, la relation entre Murat Yakin et ses cadres, Granit Xhaka en tête, ressemble plus à un combat de coqs qu’autre chose. La victoire 3-0 contre Andorre ne fait qu’illusion.

  • Ce succès contre une si faible sélection ne permet rien d’autre que de se satisfaire des trois points. Dans le jeu, la Suisse n’est pas plus avancée que lors de son match nul 2-2 au Kosovo: la prestation a parfois frisé l’indigence mardi, et les deux buts tombés en fin de match n’occultent rien.

  • Il est difficile de croire que, dimanche, Yakin et Xhaka n’ont parlé que du programme de la semaine, le sélectionneur l’a d’ailleurs reconnu. Cela ne peut pas être un hasard complet que de voir la Suisse changer de système et utiliser un 3-4-3 qui sied bien à son capitaine, notamment. Yakin a-t-il cédé?


Le meilleur Suisse: Granit Xhaka

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

«Quand on me provoque, j’aime pouvoir répondre sur le terrain», s’est plu à affirmer Granit Xhaka à la sortie de ce match contre Andorre. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a répondu présent. Le 3-4-3, système analogue à celui dans lequel il joue désormais au Bayer Leverkusen, est assurément pensé en partie pour lui, et peut-être même par lui.

Parfois, notamment en première période, il a surjoué, avec un certain nombre de passes manquées. Mais après la pause, quand Andorre faiblissait, lui a haussé le rythme et donné passablement d’impulsions. Il donne la passe décisive à Itten sur le 1-0, avant d’inscrire son 14e but sous le maillot suisse. Si tout se passe bien, le mois prochain, il devrait fêter sa 118e sélection en Israël, égalant Heinz Hermann, avant de devenir le joueur suisse le plus capé de l’histoire contre la Biélorussie à Saint-Gall.


Le moins bon Suisse: Zeki Amdouni

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Zeki Amdouni vit une première petite crise de confiance en équipe de Suisse. Après des débuts en fanfare (cinq buts en autant de sélections), il est resté muet ce mois-ci. Surtout, tout a semblé un petit peu moins naturel pour le Genevois: les prises de balle étaient moins décidées et il y avait moins d’insouciance dans ce jeu cette fois-ci, à l’image d’une situation contre Andorre où il préfère faire la passe plutôt que de tirer, juste avant la pause.

Inquiétant? Non. Il y a un transfert à Burnley à digérer, un nouveau football à assimiler. Mais il serait bon que d’ici au mois d’octobre, Amdouni retrouve un peu de confiance, lui qui n’a marqué qu’une seule fois depuis le début de saison. La Suisse dépend déjà pas mal de lui.


La décla’

«Les polémiques? Je les ai très bien vécues, je m’en amuse»

Granit Xhaka

Le fait tactique: le 3-4-3 suisse

La base de trois suisse, avec Akanji entouré de Rodriguez et Elvedi à la relance. Avec Xhaka et Freuler devant lui, ainsi que trois joueurs offensifs axiaux, la Suisse doit pouvoir combiner. Mais cela ne se décrète pas du jour au lendemain.

La base de trois suisse, avec Akanji entouré de Rodriguez et Elvedi à la relance. Avec Xhaka et Freuler devant lui, ainsi que trois joueurs offensifs axiaux, la Suisse doit pouvoir combiner. Mais cela ne se décrète pas du jour au lendemain.

L’équipe de Suisse version Murat Yakin a-t-elle ouvert une nouvelle page mardi à Sion? Pour la quatrième fois depuis que le sélectionneur est en poste, elle a en tout cas utilisé une défense à trois (après la Grèce pour les débuts de Yakin, le Ghana en amical avant le Mondial et le Portugal lors du 8e de finale), et ce n’est pas anodin sachant que le technicien avait commencé son mandat en disant se fier à une ligne de quatre.

Pourquoi est-il passé au 3-4-3 cette fois-ci? Est-ce vraiment du fait de la faiblesse d’Andorre, qu’il fallait mettre sous pression? Granit Xhaka a-t-il joué un rôle pour l’inciter à y venir? Cela va-t-il durer? On se réjouit de le constater peut-être en Israël le 12 octobre prochain.

En attendant, ce n’est pas parce que la Suisse a retrouvé un système qui fonctionnait bien sous Vladimir Petkovic que tout s’est mis en place en un claquement de doigts. Au contraire, l’équipe nationale a semblé très empruntée.

Sans doute que face à une équipe aussi repliée qu’Andorre, la base de trois n’était pas nécessaire pour repartir dans les meilleures conditions. Manuel Akanji s’est d’ailleurs régulièrement intégré au milieu de terrain en première période. «Nous avions plus de joueurs dans l’axe», a apprécié le défenseur de Manchester City.

Cela a toutefois manqué d’automatismes, notamment dans les relations entre les joueurs de soutien à Itten (Shaqiri et Amdouni) et le reste de l’équipe. Aussi, peut-être que Renato Steffen et Ruben Vargas, les deux évoluant sur leur bon pied (alors qu’ils sont habitués à jouer de l’autre côté) ne sont pas les meilleurs éléments au poste d’extérieur, du moins dans leur justesse technique face à des équipes regroupées.

Il ne s’agit donc pas de s’emballer. Au contraire. Mais on se dit que, de la sorte, la Suisse peut trouver un système qui convient à passablement de joueurs qui la composent.


La statistique

3, comme le nombre de tirs cadrés de la Suisse mardi, et donc le nombre de buts qu’elle a marqué. Cela dit un certain souci d’efficacité, malgré tout.


Une question pour penser l’avenir

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Murat Yakin compte-t-il utiliser à nouveau une défense à trois pour les matches d’octobre contre Israël et la Biélorussie?

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