Élections fédérales 202310 enjeux pour suivre les résultats des élections dimanche
Poussée de l’UDC, reflux des écologistes, match Centre-PLR, proportion des femmes, duels cantonaux, le dimanche 22 octobre ne manquera pas de suspense.
- par
- Eric Felley
En ce jeudi 19 octobre, il est encore temps de voter par correspondance en courrier A, après quoi il faudra aller voter au bureau communal vendredi, ou dans les urnes ce week-end. Après des semaines de campagne, cette édition 2023 des élections fédérales est à bout touchant. Que faut-il en attendre dimanche? Où se niche le suspense? Dans quel canton? Voici une dizaine de pistes pour vivre un intense dimanche de résultats durant l’après-midi et probablement en soirée pour les grands cantons.
1. Quelle sera la tendance générale?
Un basculement à droite? Un glissement à droite ou le statu quo? Depuis le début de l’année, les sondages SSR et les sondages Tamedia pour les élections fédérales s’accordent à donner l’UDC en hausse et les Vert.e.s en baisse. Pendant ce temps, si l’UDC progresse, le PLR recule, ce qui pourrait au final ne pas changer grand-chose au bloc de droite. Tandis qu’à gauche le Parti socialiste en légère progression pourrait amortir les pertes éventuelles des écologistes.
Quoi qu’il en soit, il y a aura probablement un retour de balancier par rapport à 2019. Il y a quatre ans, au Conseil national, l’UDC avait perdu 12 sièges, tandis que les Vert.e.s en avaient gagné 17! Dans la foulée, les Vert’libéraux avaient progressé de 9 sièges. Face à cette vague écologiste, le PLR et le PS en avaient perdu chacun 4 et le PDC 2. On verra dimanche à qui profitera ce rééquilibrage attendu, qui ne devrait pas fondamentalement changer les rapports de force au Parlement.
2. Qui va remporter le match le Centre vs PLR?
Le Centre et le PLR sont au coude à coude pour occuper la troisième place du podium des partis en Suisse. Derrière l’UDC et le PS, le PLR pourrait perdre sa position. En 2019, le PLR faisait 15,1% et le PDC 13,8%. En juillet dernier, le PLR était crédité de 14,6% et le Centre de 14,3%. Mais le tout dernier baromètre de la SSR donnait 14,3% au Centre et 14,1% au PLR. Le dernier sondage Tamedia du 3 octobre donnait le PLR devant avec 13,8% et le Centre juste derrière à 13,6%. Alors, les pronostics sont plus ouverts que jamais.
Si le Centre devait passer devant, cela pourrait avoir une incidence sur la composition du Conseil fédéral, où le système de concordance accorde deux sièges aux trois partis les plus importants. Mais le président du PDC, Gerhard Pfister a fait savoir que son groupe n’attaquerait pas le siège d’un sortant, en l’occurrence celui d’Ignazio Cassis (PLR), s’il se représente au mois de décembre.
3. Le Conseil des États sera-t-il encore plus à droite?
Durant cette dernière législature, le Conseil des États s’est singularisé par une opposition quasi-systématique aux propositions qui ont passé la rampe du Conseil national. Les élus de la majorité de droite bourgeoise (Centre, PLR et UDC) ont consolidé leurs votes. Après le départ du socialiste Paul Rechsteiner (PS/SG) remplacé par Esther Friedli (UDC/SG), la droite détient 34 des 46 sièges et la gauche 11. Le Centre en compte 14, le PLR 12, l’UDC 8, le PS 6, les Vert.e.s 5 et 1 indépendant.
Le scrutin de dimanche pourrait encore accentuer le déséquilibre, car les sièges socialistes d’Hans Stöckli (PS/BE) et de Roberto Zanetti (PS/SO), tous les deux à la retraite, sont menacés. En Suisse romande, tous les regards sont tournés vers Genève, où le duo Carlo Sommaruga (PS/GE) et Lisa Mazzone (V/GE) est attaqué par l’alliance de droite. Dans le canton de Vaud, Pierre-Yves Maillard (PS/VD) devrait reprendre le siège d’Adèle Thorens Goumaz (V/VD). Enfin dans le Jura, la réélection de Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU) n’est pas acquise.
4. La proportion de femmes va-t-elle reculer?
Les femmes vont-elles continuer sur leur lancée de 2019? Il y a quatre ans, elles ont progressé d’environ 10% dans les deux chambres par rapport à 2015. Elles ont atteint la proportion record de 42% d’élues au Conseil national et 26% au Conseil des États. Cette année, elles représentent 41% des 5900 candidatures enregistrées dans tout le pays pour le Conseil national. Peu d’observateurs prédisent que la proportion de femmes augmente encore cette année.
5. Les Vaudois derrière le ticket Broulis-Maillard?
Depuis qu’ils ont annoncé leurs candidatures au Conseil des États pour remplacer Olivier Français (PLR/VD) et Adèle Thorens Goumaz (V/VD), les ex-conseillers d’État Pascal Broulis (PLR) et Pierre-Yves Maillard (PS) ont la cote des observateurs en terre vaudoise. Passeront-ils au premier tour? Pas certain. Le conseiller national Raphaël Mahaim (V/VD) voudrait bien troubler cette chronique d’une victoire annoncée. Quant à Michaël Buffat (UDC/VD), il ne devrait plus être vraiment dans la course après les accusations de violences conjugales portées contre lui.
6. Neuchâtel: Céline Vara résistera-t-elle à Baptiste Hurni?
À Neuchâtel, le combat se cristallise autour du siège détenu par la gauche à la Chambre des cantons. Longtemps occupé par un socialiste, (dernier en date Didier Berberat), le fauteuil a été ravi de manière spectaculaire en 2019 par l’écologiste Céline Vara (V/NE). Cette année, pour le récupérer, les socialistes ont lancé dans la course l’avocat Baptiste Hurni (PS/NE). Le PS s’est défendu d’une guerre fratricide en disant viser le siège de Philippe Bauer (PLR/NE). Mais cela paraît difficile pour la gauche d’avoir deux sièges dans une élection proportionnelle à un seul tour.
7. Genève: le duo Sommaruga-Mazzone va-t-il résister à l’alliance de droite?
C’est à Genève que beaucoup de regards seront tournés dimanche après-midi. Les deux sièges du canton sont tenus depuis 2019 par Carlo Sommaruga (PS/GE) et Lisa Mazzone (V/GE) et depuis quinze ans par l’alliance rose-verte. Après une première période au Conseil des États, les deux entendent bien continuer ensemble. La droite genevoise a décidé de frapper fort pour les arrêter. Comme pour l’élection au Conseil d’État, le PLR, l’UDC, le Centre et le MCG présentent quatre listes avec un candidat chacun au premier tour: Simone de Montmollin (PLR/GE), Céline Amaudruz (UDC/GE), Vincent Maitre (C/GE) et Mauro Poggia (MCG). Les résultats de dimanche départageront la ou les personnes qui participeront à un très probable second tour.
8. Jura: Jacques Gerber contre Charles Juillard?
Le Jura est représenté depuis 1995 par un élu du Centre, ex-PDC, et un socialiste. C’est le cas aujourd’hui avec Charles Juillard (C/JU) et Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU), qui a succédé en cours de route à Élisabeth Baume-Schneider. Cette année, deux ministres en fonction se sont mis dans la course. La socialiste Nathalie Barthoulot figure sur la liste de la sortante, tandis que le PLR Jacques Gerber tente sa chance avec le soutien de l’UDC et son candidat Thomas Stettler.
9. Valais: la dernière femme sera-t-elle sacrifiée?
En Valais, les regards sont tournés aussi vers l’élection au Conseil des États, où les deux sortants, Beat Rieder (C/VS) et Marianne Maret (C/VS) se représentent, perpétuant ainsi la double représentation du canton par le Centre, anciennement PDC. Mais cette année, le système de vote a changé. Les listes de parti ont disparu au profit d’une liste unique avec tous les candidats. Sera-ce l’occasion pour Philippe Nantermod (PLS/VS) de réussir là où il a échoué il y a quatre ans?
Si Marianne Maret devait échouer, la probabilité que le Valais ne soit plus représenté par aucune femme à Berne est réelle. Au Conseil national, les huit sortants, tous masculins, se représentent. Parmi eux, trois pourraient être menacés: Christophe Clivaz (V/VS) si les Vert.e.s perdent leur siège, Jean-Luc Addor (UDC/VS) s’il est devancé par son colistier et président du Grand Conseil Mathias Delaloye et Emmanuel Amoos (PS/VS) qui est challengé par la députée Sarah Constantin. Si cette dernière est élue, cela ferait, avec Marianne Maret, deux femmes sur les dix représentants valaisans à Berne. Ou zéro.
10. Les antivax entreront-ils au Conseil national?
Le mouvement de droite identitaire Mass Voll (en français «la coupe est pleine») a été créé au printemps 2021 dans les suites de la pandémie du Covid-19 pour dénoncer les mesures sanitaires prises à l’époque par la Confédération. Il est présidé par le Zurichois Nicolas A. Rimoldi, 28 ans, qui est candidat au Conseil national. Si en Suisse romande, le phénomène est quasi- inconnu, en Suisse alémanique Mass Voll présente 75 candidats dans 10 cantons: Zurich, Argovie, Bâle-Ville, Berne, Lucerne, Schaffhouse, Saint-Gall, Thurgovie, Schwytz et Soleure. Dans ces deux derniers cantons, elle est apparentée avec l’UDC.