Mauvais traitements – Le géant français des maisons de retraite en pleine tempête

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Mauvais traitementsLe géant français des maisons de retraite en pleine tempête

Après la parution d’un ouvrage à charge, le principal groupe français gérant des EMS est dans la tourmente, accusé de maltraiter ses pensionnaires. Paris se penche sur son cas.

Le groupe Orpea gère également des EMS en Suisse.

Le groupe Orpea gère également des EMS en Suisse.

AFP

Au terme d’une semaine catastrophique, le groupe Orpea, accusé de mauvaises pratiques dans la gestion de ses EMS, a tenté d’allumer un contre-feu en limogeant, dimanche soir, son directeur général, avant la convocation, mardi, de ses dirigeants, par la ministre de l’Autonomie.

Le nouveau patron, lui, est chargé de «garantir que les meilleures pratiques soient appliquées dans toute l’entreprise et de faire toute la lumière sur les allégations» qui ébranlent depuis une semaine le géant français des maisons de retraite – 1156 établissements, plus de 116’000 lits dans 23 pays, dont la Suisse.

Repas rationnés

À l’origine de ces secousses, le livre-enquête «Les Fossoyeurs», du journaliste indépendant Victor Castanet, décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont «rationnés» pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Avant même la parution, mercredi dernier, la publication de plusieurs extraits dans «Le Monde», dès lundi, avait entraîné le décrochage de l’action Orpea, à la Bourse de Paris, et suscité de nombreuses réactions indignées de la part de responsables syndicaux et politiques.

Le gouvernement a donc convoqué le directeur d’Orpea France, ce mardi matin, dans le bureau de la ministre de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, qui souhaite «entendre les explications du groupe» et a déjà prévenu qu’elle ne saurait «tolérer de tels faits s’ils sont avérés». L’exécutif se garde encore la possibilité de déclencher une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales «sur tout ou partie des établissements» d’Orpea, dans l’Hexagone.

Le groupe se défend

Acculé, le groupe conteste en bloc les révélations, qu’il qualifie de «mensongères, outrageantes et préjudiciables», et a annoncé sa propre «mission indépendante d’évaluation», confiée à «deux cabinets de premier plan» – toujours «en cours de désignation». Toutefois, ce premier contre-feu n’a pas empêché le limogeage de son directeur général, même si «cette révocation ne présage en rien que les accusations sont fondées», selon une source proche du groupe.

Ce limogeage permet aussi de gagner du temps en attendant «les résultats de l’enquête interne et de celles faites par les cabinets extérieurs pour avoir la possibilité d’améliorer le système, s’il y a eu des dysfonctionnements», ajoute cette source.

Le titre Orpea a fondu de moitié en Bourse, la semaine dernière. Il gagnait 2%, lundi matin, à 42,77 euros, dans un marché en légère hausse.

«Problèmes connus depuis longtemps»

La parution des «Fossoyeurs» a causé une déflagration en France, et suscité quantité de réactions. Mais les acteurs de ce secteur le rappellent, à l’image de Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des associations de personnes âgées: «Les problèmes de prise en charge des résidents sont connus depuis longtemps. Ce qui est inadmissible, c’est qu’on ne mette pas les moyens pour améliorer la situation.»

(AFP)

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