Nouveau procès en France pour le meurtre d’une postière enceinte

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Catherine Burgod a été tuée de 28 coups de couteau en 2008. Accusé du crime, Mamadou Diallo a été acquitté en première instance et clame toujours son innocence. 

Le corps de Catherine Burgod, 41 ans, avait été découvert le 19 décembre 2008 dans l’arrière-boutique de la petite poste de Montréal-la-Cluse.

Le corps de Catherine Burgod, 41 ans, avait été découvert le 19 décembre 2008 dans l’arrière-boutique de la petite poste de Montréal-la-Cluse.

AFP

Mamadou Diallo, accusé du meurtre sanglant d’une postière en 2008, a de nouveau clamé son innocence jeudi à l’ouverture de son procès en appel à Lyon, un an et demi après avoir été acquitté «au bénéfice du doute».

«Comme je le dis depuis le début, je suis innocent et je n’ai pas tué cette pauvre femme», a déclaré d’une voix posée le brancardier de 34 ans au début de l’audience devant la Cour d’assises du Rhône. «J’ai reconnu que j’avais pris une liasse de billets» près du corps de Catherine Burgod avant de prendre la fuite, a-t-il toutefois concédé, fidèle à sa ligne de défense depuis sa mise en cause dans cette affaire qui a captivé les médias et le public.

«Ma plus grande peur, c’était qu’on m’accuse à tort»

La Cour s’est ensuite penchée sur la personnalité de l’accusé, qui comparaît libre et risque la réclusion à perpétuité. Amateur de football, il a décrit son «enfance normale», se disant proche de son frère et de ses sœurs. Marié religieusement, il ne vit plus avec son épouse mais entretient avec elle «de bonnes relations».

«J’ai toujours le sourire, j’aime bien m’occuper des personnes autour de moi», a-t-il répondu au président Eric Chalbos qui lui demandait de se définir, se disant aussi «râleur» ou «mauvais perdant». Le magistrat a ensuite lu les témoignages de proches univoques sur la «gentillesse» et la «douceur» de l’accusé décrit comme «attachant». «Je sais que je pourrai toujours compter sur lui», a témoigné à la barre l’un de ses amis.

A l’avocat général Eric Mazaud qui lui demande comment il a vécu le fait de cacher pendant plusieurs années la découverte du corps et le vol des billets, M. Diallo a répondu: «J’ai fait avec. Ma plus grande peur, c’était qu’on m’accuse à tort».

Une simple «coïncidence»

M. Diallo «croit en la justice», a assuré son avocate Sylvie Noachovitch lors d’une suspension d’audience. «Tout ce qu’il demande, c’est la confirmation de l’acquittement», a-t-elle ajouté, se disant convaincue de l’innocence de son client.

«On a la conviction que M. Diallo est l’auteur du crime», a affirmé au contraire Jean-François Barre, qui représente notamment les enfants de Catherine Burgod. «La coïncidence qui dit: «Je suis venu, j’ai vu, j’ai pris» on ne peut pas l’accepter». Le parquet général avait fait appel de l’acquittement de M. Diallo, prononcé en avril 2022 après une semaine d’audience haletante sur les circonstances du meurtre de Catherine Burgod.

L’agente communale de 41 ans, enceinte et mère de deux enfants, avait été retrouvée le 19 décembre 2008 lardée de 28 coups de couteau dans la petite agence postale qu’elle tenait à Montréal-la-Cluse dans le département de l’Ain. La piste d’un crime crapuleux, avec la disparition d’un butin de 2600 euros, avait rapidement été privilégiée.

L’enquête s’était d’abord tournée vers un acteur devenu marginal installé près de l’agence postale, Gérald Thomassin, césarisé «meilleur espoir» en 1991 pour son rôle dans «Le petit criminel» de Jacques Doillon. Le comportement de cet ancien toxicomane, qui avait livré des détails troublants sur la scène de crime et s’était accusé du meurtre, avait conduit à sa mise en examen et à son placement en détention.

Mais en 2017, le fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) avait montré que l’ADN prélevé sur un sac près du corps de la victime était celui de Mamadou Diallo, lycéen au moment des faits. Depuis son arrestation le jeune homme maintient la même version: il s’est rendu à l’agence postale, a découvert le corps et est reparti dans la panique en emportant une liasse de billets. Si son ADN a été retrouvé sur le sac, c’est parce qu’il s’est essuyé les mains dessus.

En août 2019, une confrontation est organisée entre Mamadou Diallo et Gérald Thomassin mais ce dernier disparaît avant le rendez-vous et reste depuis introuvable. Il a bénéficié d’un non-lieu mais son ombre devrait planer sur le procès. Me Barre ne veut pas que cela crée une diversion. «Le cas de M. Thomassin va être invoqué par la défense mais il y a un non-lieu. C’est le procès aujourd’hui de monsieur Diallo uniquement». Le verdict est attendu le 19 ou le 20 octobre.

(AFP)

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