Journée internationaleLa Suisse toujours un peu cancre pour défendre la biodiversité
À l’occasion de la Journée pour la diversité biologique, Pro Natura a illustré les conséquences en cascade de la disparition des espèces.
- par
- Eric Felley
À l’occasion de la Journée internationale de la diversité biologique, l’association Pro Natura a lancé un cri d’alarme ce lundi sur la place Fédérale en utilisant un jeu de dominos géants. Sur ceux-ci étaient imprimées des images d’espèces animales ou végétales que l’on trouve en Suisse, dont bon nombre menacées. La démonstration était simple: «La cascade des dominos, note l’association, symbolise le phénomène d’entraînement généré par la disparition des espèces, qui se termine par la bascule de la dernière pièce, qui représente l’être humain».
Suisse lanterne rouge
Pour Pro Natura, la biodiversité n’est pas suffisamment prise au sérieux en Suisse et reste un thème politique peu porteur: «Comparée aux autres pays de l’OCDE, constate-t-elle, la Suisse compte le plus grand nombre d’espèces menacées. Par ailleurs, seuls 6,6% de la surface du pays sont strictement protégés au niveau national. Dans ces domaines, nous sommes lanterne rouge. Pourtant, la biodiversité est la source de notre existence et de notre qualité de vie. Il est donc essentiel qu’elle devienne un thème central de la campagne des élections fédérales et dans les médias».
En danger ou vulnérable
À l’occasion de cette journée, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a diffusé les conclusions de deux rapports sur la question. Des chiffres d’abord: «17% de toutes les espèces sont «au bord de l’extinction» ou «en danger». En outre, 16% sont vulnérables: leurs populations ont reculé de 30% ces dix dernières années». Par ailleurs, «nombre de milieux précieux sur le plan écologique ont vu leur surface diminuer ou leur connectivité entravée».
Pro Natura décrit une situation plus grave: «Plus d’un tiers des espèces animales et végétales est menacé, 40% des oiseaux nicheurs sont en danger, 60% des insectes déclinent gravement. Les habitats des espèces indigènes s’amenuisent, tandis que leur qualité et leur interconnectivité se dégradent. Depuis 1900, la superficie des marais a diminué de 82%, et 95% des prairies et pâturages secs ont disparu».
La menace s’est accrue sur de nombreuses espèces de poissons, de reptiles et d’oiseaux, constate également l’OFEV, qui se réjouit tout de même de quelques bonnes nouvelles: grâce à des mesures de protection ciblée, la cigogne blanche a disparu de la liste rouge.
Initiative et contre-projet
En cette journée internationale, le Conseil fédéral annonce qu’il veut améliorer la qualité et la connexion des milieux et de la nature dans l’espace urbanisé grâce à un contre-projet indirect à l’initiative «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage»: «Concrètement, il s’agit d’aménager des zones proches de l’état naturel telles que des espaces verts, des espaces réservés aux eaux, des forêts urbaines, des plans d’eau ou des toits et des façades végétalisés. Des espaces proches de l’état naturel sont précieux tant pour la biodiversité que pour la population», note-t-il.