Sofiane Zermani dans une série RTS: «J'aime me mettre en danger»

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InterviewSofiane Zermani dans une série RTS: «J’aime me mettre en danger»

L’acteur franco-algérien tient le rôle d’un policier dans «Hors Saison» diffusée jeudi 31 mars. Il nous parle du tournage en Suisse et d’un gros projet avec Netflix pour la fin de l’année.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna

«Hors Saison» est une série de six épisodes qui commence ce jeudi 31 mars à 21 h 10 sur la RTS Un.

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Sofiane Zermani est un peu le pote toujours tranquille de la bande. Il n’est pas stressé, prend son temps pour répondre aux questions et met toujours en lumière les autres avant de parler de lui. Cette humilité, nous l’avons ressentie tout au long de notre rencontre dans un hôtel genevois, la semaine dernière. À l’affiche de «Hors Saison», la nouvelle série de six épisodes produite par Akka Films et Gaumont Télévision avec la RTS et France Télévisions, le comédien de 35 ans ne tarit pas d’éloge concernant Marina Hands. Cette dernière, actrice de la comédie française, partage l’écran avec lui. «Elle est d’une classe et d’un professionnel incroyable», sourit-il.

Celui que l’on connaît aussi grâce à sa carrière de rappeur sous le nom de FianSo n’a pas à rougir de son parcours. Le Franco-algérien, qui a vendu des albums à plus de 150’000 exemplaires et a créé un label de musique, a joué dans la fiction «Les sauvages», dans les longs-métrages «Frères ennemis» et «Mauvaises herbes», au théâtre dans «Le Magnifique», «La Mort d’Achille» et «Pierre et le loup». «J’ai été chanceux. J’ai galéré au début de ma carrière musicale et aujourd’hui j’ai le luxe d’accepter ou non un projet dans la comédie.» Dans «Hors Saison», diffusée à partir du jeudi 31 mars à 21 h 10 sur RTS Un et Play Suisse, Sofiane Zermani campe le rôle de Lyes Bouaouni, un flic français qui vient en aide à la capitaine de la police suisse Sterenn Peiry (Marina Hands). Ensemble, ils tentent d’élucider une série de meurtres entre la région des Dents-du-Midi et la France voisine. Un bon polar psycho-dramatique au casting cinq étoiles.

Qu’est-ce qui vous a convaincu dans «Hors Saison»?

Le scénario m’intéressait et je kiffais l’idée de jouer avec Marina Hands et Jean-Hugues Anglade. J’ai découvert des comédiens super. Les rencontres avec l’équipe de production et surtout le réalisateur Pierre Monnard ont été très fortes et décisives. Il était évident que j’allais accepter ce projet. C’était un peu un rôle à contre-emploi. Il me fallait un petit danger. Là, je suis un flic, c’est pas mal comme challenge.

Marina Hands a étudié au Cours Florent et a une formation plus classique que la vôtre. Avez-vous appris de son expérience?

Bien sûr. Pour commencer, elle a beaucoup de classe. Elle a une concentration particulière en tant que comédienne. C’est quelqu’un qui porte ses responsabilités sur un plateau et tout le long d’un tournage. C’est une grande professionnelle qui est toujours au rendez-vous. Quand on roule avec des Rolls-Royce, on peut rêver un jour d’y ressembler. J’ai juste essayé d’être à la hauteur de cette grande Madame.

Comment vous êtes-vous préparé pour votre rôle de Lyes Bouaouni?

Vous ne vous préparez pas vraiment. Il n’y a pas de transformation physique. Il n’y a pas de dialecte particulier. Nous avons juste fait nos séances de travail. D’ailleurs, nous étions dans cet hôtel (ndlr.: l’Hôtel Royal à Genève où a lieu l’interview) et à la RTS pour travailler. Quelques semaines avant le tournage, nous nous sommes tous rencontrés et nous avons fait quelques séances. En tant que comédien, j’ai proposé des idées au réalisateur et ça a matché direct. Nous avons trouvé les caractéristiques de Lyes et les avons développées ensemble. Il y a eu un entraînement rapide aux armes et au protocole d’arrestation. Ainsi, on ne passera pas pour de gros mythos. Des petits mythos, ce n’est pas grave, mais des gros mythos, non.

Avez-vous éprouvé des difficultés lors du tournage?

Non, tout était superfluide. Le tournage a été d’un naturel impressionnant. Il y avait un vrai truc humain avec toute l’équipe ainsi qu’avec tous les habitants de Champéry (VS), d’Aigle (VD) et ailleurs où nous avons filmé. En règle générale – c’était déjà le cas avec la musique – , j’ai toujours été bien en Suisse. Ce qui n’est pas le cas de toutes les destinations. (Rires.) Quand j’arrive tout le monde est dans un bon mood. C’est cool.

«J’ai un peu le symptôme des mecs qui pensent avoir perdu du temps dans leur jeunesse, car ils ont fait plein de conneries. Quand une porte s’ouvre, j’ai l’impression qu’il faut tout donner»

Sofiane Zermani, acteur et rappeur

Votre personnage place souvent son métier en première position. C’est un passionné, au point d’en oublier le reste. Êtes-vous pareil?

Malheureusement, oui. Je suis un peu comme Lyes. J’ai l’impression que si je ne réponds pas à mon téléphone pendant 24 heures, le monde va faire six tours et le plafond va s’écrouler. Je ne néglige pas forcément ce qu’il néglige. Mais c’est vrai que j’ai des périodes de gros boulot où je ne suis pas avec la famille, avec mes enfants ou à la maison. On fait le maximum. On essaie. Mais ouais, je suis un boulimique du taf. C’est un peu le symptôme des mecs qui pensent avoir perdu du temps dans leur jeunesse car ils ont fait plein de conneries. Quand une porte s’ouvre, j’ai l’impression qu’il faut tout donner. Tout de suite.

C’est pour cela qu’aujourd’hui vous vous donnez le luxe d’accepter ou non un projet dans la comédie?

Je suis bien entouré et les gens qui bossent avec moi connaissent bien ce milieu. Dans ma courte carrière de comédien, ça m’a plutôt préservé. Effectivement, si on me propose quelque chose, je l’accepte à l’envie. Je ne suis pas dans la nécessité ou dans l’urgence. Pour remettre les choses dans leur contexte: j’ai aussi galéré à mes débuts dans la musique. Je n’avais pas le luxe de refuser quoi que ce soit. Il est logique que les comédiens de métier n’ont pas toujours le choix. Ils doivent bouffer à la fin du mois. Je suis un peu plus chanceux. Je vais au coup par coup, au hasard des rencontres. Je ne vous cache pas que parfois il se passe des trucs de fou.

Par exemple?

Des premiers rôles pour des films internationaux. Et je leur dis: «Vous êtes sûrs que vous me voulez?» (Rires.) Je prends ça comme une énorme aubaine, comme un cadeau tombé du ciel. Et surtout, je kiffe!

Quel est votre rêve de comédien?

Jouer dans un énorme biopic ou partager l’écran avec des mecs que j’ai vraiment kiffés lorsque j’étais plus jeune. Cela m’est déjà arrivé avec Reda Kateb pour le film «Frères ennemis». Je l’admire depuis longtemps. Ce serait fou d’avoir un projet en commun avec Vincent Cassel, Vincent Elbaz ou encore Jean Dujardin. En revanche, Gérard Depardieu, je ne suis pas prêt… Mais un jour je le serai. D’ici là, je ne me prends pas trop la tête et j’essaie de profiter un maximum de cette chance.

Enfant, vous vous imaginiez acteur?

Tout le monde en rêve, mais personne ne s’imagine là-dedans. C’est rare de se dire: «Je vais être comédien et je vais tout niquer.»

«La prochaine étape sera un long-métrage pour Netflix international où je jouerai le rôle d’un champion d’apnée»

Sofiane Zermani, acteur et rappeur

Cela vous surprend de vous retrouver où vous êtes aujourd’hui?

Complètement. Ma vie c’est un peu Space Mountain, de véritables montagnes russes émotionnelles. (Rires.) Mais j’adore! Je suis tellement flatté que l’on me considère à la hauteur pour tel ou tel projet. Donc je travaille, je travaille et je travaille. Les plus jeunes comédiens ont leur crash test. Ils font quelques films qui ne sont pas bons et qui, peut-être, ne marcheront jamais et les ressortiront quelques années plus tard de leur tiroir. Pour moi, mes premiers essais sont publics. J’ai une autre pression. Si je rate, ça me suivra à vie. Par exemple, lorsque je fais «Gatsby le magnifique» au théâtre, je me mets en danger. Si je foire, je suis mort.

Vous avez l’air d’apprécier cette mise en danger…

Si je ne me mets pas en danger, c’est chiant. Et je ne veux pas m’ennuyer.

Quelle est la réaction de vos proches face à votre succès?

Ils sont fiers. Il y a un côté prestige dans l’image contrairement à la musique qui donne une facette saltimbanque. Surtout les rappeurs. Un film ou une série, ce n’est pas comme un album. Pour un disque, j’ai le volant. Je sais ce que je fais et je décide de tout. Devant la caméra, je suis tributaire du jeu des gens, du montage, de la réalisation. Cette manière de faire très confiance me laisse un peu bizarre.

Quels sont vos projets?

Je ne vais pas vous parler de tout ce qui arrive, mais la prochaine étape sera un long-métrage pour Netflix international où je jouerai le rôle d’un champion d’apnée. La diffusion est prévue pour la fin de l’année.

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